La «Vieille Dame» aime ses vieux grognards: la Juventus Turin a officialisé mardi le retour dans son effectif d'un vieux guerrier, Fabio Cannavaro, 35 ans, après avoir remplacé lundi Claudio Ranieri au poste d'entraîneur par un ancien défenseur du club, Ciro Ferrara.

Avec le retour dans ses rangs du capitaine de l'Italie championne du monde en 2006, la «Juve» cherche sans doute à retrouver un peu de la hargne qui lui a fait défaut cette saison. Alors que le «Scudetto» était jouable, le club turinois est tombé dans un trou d'air, sans victoire depuis début avril.

Le rugueux défenseur napolitain avait déjà posé ses valises à la Juventus durant deux saisons (2004-06). Il y avait remporté ses deux premiers scudetti... retirés à la Juve, club au coeur du scandale des matches truqués du Calcio qui avait éclaté au printemps 2006.

Le «bad boy» tatoué à l'éternel sourire n'avait d'ailleurs pas été épargné dans cette affaire: à la veille du Mondial, il fut le seul joueur entendu par la justice avec Buffon, gardien de la Juve.

Publiquement, il n'avait pas arrangé pas son cas en défendant le sulfureux Luciano Moggi, tête d'affiche dans ce scandale. La Fédération italienne lui avait tapé sur les doigts mais lui avait laissé le brassard national.

De toute façon, son image, le joueur n'en a cure: dans un reportage diffusé en 2005, on le voit, à la veille de la finale de la Coupe de l'UEFA en 1999, hilare, se faire injecter en intraveineuse un produit tonicardiaque certes non-inscrit sur la liste des produits dopants, mais assez peu utilisé de l'avis du corps médical.

Faire taire les sceptiques

Loin des tourments de la Juve, cet été-là en 2006, Cannavaro réalise d'ailleurs un Mondial plein dans la défense italienne et soulève la Coupe du monde en capitaine. Il rejoint ensuite le Real et empoche le Ballon d'Or 2006 et le titre de joueur Fifa 2006. Récompense rarissime pour un défenseur. Son passage en Espagne lui permet aussi d'enrichir son palmarès de deux titres de champion avec le Real.

Arrivé en fin de contrat, il quitte le club Merengue au moment où ce dernier va tourner une page et écrire sans doute un nouveau chapitre «galactique». Ses jambes de 35 ans (il aura 36 ans en septembre) n'auraient peut être plus trouvé de crampons à chausser dans une équipe rajeunie si tous les noms qui circulent actuellement dans la presse se confirment dans les semaines à venir à Madrid (Kaka, Cristiano Ronaldo, Ribéry...).

A la Juve, le défi de Cannavaro sera double: prouver qu'il a toujours sa place au haut niveau dans le Calcio et faire la paix avec ceux, parmi les fans turinois, qui ne lui ont jamais pardonné d'avoir quitté le navire quand le club allait mal en 2006, contrairement au fidèle Buffon, resté à la barre en Serie B.

«Je suis désolé que la colère de certains fans prennent le dessus sur les saisons glorieuses que nous avons vécues ensemble, a expliqué Cannavaro mardi. Je suis convaincu que je peux faire taire les plus sceptiques». La confiance est toujours là. Les performances le seront-elles?