Au lendemain de la lettre ouverte du président de l'Impact Joey Saputo à l'égard des Ultras, le groupe de partisans montréalais a également réagi par l'intermédiaire d'une lettre destinée à Nick De Santis et Saputo. La voici dans son intégralité:

Messieurs De Santis et Saputo,

Nous voudrions répondre à vos commentaires émis à propos des Ultras Montréal les 5 et 6 août derniers sur les ondes de CKAC Sports et de Radio-Canada, respectivement.

Tout d'abord, bien que nous ne ressentions pas outre mesure le besoin de défendre le caractère authentique de notre passion envers l'Impact de Montréal FC, il nous apparaît important, pour le bénéfice du public montréalais, québécois et canadien, de vous soumettre par la présente quelques chiffres qui illustrent, selon nous, la valeur de notre appui envers le club :

9, c'est le nombre d'années d'existence des Ultras Montréal, pendant lesquelles nous n'avons manqué aucun match à domicile.

Québec, Sherbrooke, Syracuse, Toronto, Rochester, Cary, Cleveland, Torreon, Vancouver et Baltimore, ce sont 10 villes où nous étions présents pour supporter l'Impact de Montréal, parfois même à plusieurs reprises.

600$, c'est le montant que nous avons déboursé pour confectionner le tifo dévoilé pendant quelques minutes lors de la finale 2009, et dont vous avez utilisé l'image dans les billets de saison 2010. 50 heures, c'est le temps que nous avons passé à le fabriquer. Il ne s'agit là que d'un exemple parmi tant d'autres.

60, c'est le nombre de personnes que nous avons amenées avec nous à Toronto, lors du sacre de 2008 en Coupe des Voyageurs, mais aussi en 2009 et 2010.

180$, c'est le prix de notre billet de saison. Ce chiffre passera à 250$ en 2012.

3, c'est le nombre de matchs que votre équipe a gagné cette année.

Ensuite, M. Saputo, vous défendez M. De Santis en disant que personne n'aime plus l'Impact que lui. Nous estimons l'aimer tout autant que lui et nous ne remettrons jamais son dévouement en question. C'est au niveau footballistique que nous avons un différend (recrutement inefficace, congédiements douteux, rendement décroissant de l'équipe au classement depuis 2006, etc) avec M. De Santis. Si nous prenons les Canadiens de Montréal en exemple, Réjean Houle et Mario Tremblay avaient le « CH tatoué sur le coeur », mais les résultats du club ont été moins qu'honorables durant leurs termes. Dévouement n'est pas synonyme de compétence.

Par ailleurs, M. Saputo, nous vous sommes gré de nous donner des leçons sur la manière dont nous devrions supporter notre équipe. Cependant, nous nous questionnons sur un aspect particulier de votre argumentation. Selon ce que vous avancez, il est acceptable de critiquer l'équipe, mais pas une personne en particulier. Ainsi, nous voudrions vous rappeler amicalement que lors de votre sortie publique du 16 août 2010, vous aviez commenté, « en tant que fan », sur l'apport de divers joueurs. Ainsi, vous aviez notamment mentionné que la nomination de Nevio Pizzolitto comme capitaine était « peut-être une erreur », qu'Ali Gerba n'avait « pas obtenu de point » en six matchs, que Rocco Placentino ne montrait pas « l'engagement approprié envers l'équipe, les partisans et l'organisation » et que Stephen Deroux avait « une mauvaise attitude ». Ainsi, nous nous demandons si vous vouliez en fait nous dire que le réel problème n'était pas de critiquer une personne en particulier, mais simplement de critiquer M. De Santis.

Quant à vous, M. De Santis, nous trouvons étrange que vous ayez mentionné sur les ondes de CKAC que vous ne prêtiez pas attention aux Ultras tout en affirmant du même souffle que nous ne sommes pas de vrais supporters. Est-ce là un don d'être en mesure de juger ce à quoi on ne porte pas attention? Mais soit. Vos commentaires, nous le reconnaissons, nous ont blessés. C'est pourquoi nous avons décidé de quitter le match du 6 août après le coup d'envoi et de ne pas assister à la première mi-temps. Nous aurions pu répondre de bien des façons, mais nous avons opté pour un geste pacifique et respectueux, alors qu'il aurait été facile de sombrer dans une guerre d'insultes à la suite de la première salve que vous avez tirée. Au lieu de répondre par la bouche de nos canons, nous avons plutôt décidé de faire preuve de retenue et de classe. Hélas, nous sommes désolés de constater que M. Saputo n'a pas accepté notre geste et, qui plus est, qu'il a préféré jeter de l'huile sur le feu en réitérant les insultes proférées à notre égard la veille, mais cette fois à la télé nationale.

Pour terminer, permettez-nous, Messieurs, de vous rappeler qu'un club appartient d'abord et avant tout à ses supporters. Les joueurs, entraîneurs et dirigeants passent, en laissant des souvenirs parfois bons, parfois moins bons, mais les supporters, eux, restent; ce sont eux qui font vivre le club.

En vous souhaitant une bonne fin de saison 2011, sachez que les faux supporters que nous sommes seront, comme toujours, présents jusqu'au bout, quel que soit le résultat, qu'il fasse soleil ou qu'il pleuve, qu'il fasse chaud ou froid.

Amicalement,

Ultras Montréal 2002

Toujours fidèles, malgré tout