Derrière chaque carrière d'athlète se cache un moment déterminant. Un instant durant lequel un simple rêve d'enfant devient un objectif motivé par une passion inébranlable.

Dans le cas du milieu de terrain de l'Impact Patrick Leduc, qui a confirmé sa retraite, hier, la piqûre a frappé à l'âge de 5 ans. Et de la plus belle des façons.

«C'était le sport populaire sur la Rive-Sud, alors je me suis joint à une équipe. Je me souviens d'avoir marqué le but qui avait fait gagner mon équipe. C'était un moment magique pour moi. J'ai eu une véritable piqûre à ce moment-là et le soccer est mon sport favori depuis», explique l'athlète aujourd'hui âgé de 33 ans.

Des exemples? Â l'âge de 9 ans, il suit déjà la Coupe du monde du Mexique, à laquelle participe le Canada. Aussi, toutes les occasions sont bonnes pour taquiner le ballon. Que ce soit lors de matchs sur la Rive-Sud de Montréal ou à l'occasion de stages à l'étranger.

En 1994, la finale de la A-League que l'Impact dispute au Complexe sportif Claude-Robillard confirme encore davantage ses aspirations. Cette passion de toujours, Leduc veut en faire un métier.

«Quand j'ai vu les Diotte, De Santis, Doliscat, Limniatis et Biello remporter le premier championnat de l'histoire de l'Impact, j'ai réalisé que, non seulement je voulais devenir professionnel, mais que je tenais à jouer pour cette équipe montréalaise.»

Bien qu'ardent, ce désir ne lui enlève toutefois pas la volonté de parfaire ses connaissances sur un autre terrain. Avec l'aide d'une bourse, il quitte le Québec pour disputer quatre saisons avec l'Université Fairleigh Dickinson, au New Jersey. Il fait également des études en science politique.

«Je voyais des jeunes de mon âge qui atteignaient l'Impact alors que moi, je n'y étais pas. J'ai mis l'accent sur les études sans être certain que j'allais pouvoir jouer avec l'Impact. Quand on m'a offert cette chance en 2000, j'étais très fier même si c'était un creux dans l'histoire du club.»

Premier buteur officieux

À cette époque, l'organisation est placée sous tutelle par la Ligue et joue devant de modestes foules. Les joueurs consentent alors à des baisses de salaire. Mais deux ans plus tard, l'Impact vit un nouveau départ. Leduc aussi.

«Quand le club a ressuscité en 2002, c'était une bonne opportunité. Ça nous a pris deux ans pour devenir une équipe championne. Pour moi, c'était le point culminant de ma jeune carrière avec l'Impact.»

L'autre fait marquant de sa carrière reste le déménagement au stade Saputo. Si les livres indiquent que Rocco Placentino en est le premier marqueur montréalais, le numéro 15 a en fait été le premier à déjouer un gardien adverse. Mais ce soir-là, aucun arbitre n'a vu le ballon franchir la ligne de but. L'anecdote fait d'ailleurs sourire le principal intéressé.

«On avait un début de saison laborieux et on n'arrivait pas à marquer. J'avais fait du mieux que j'ai pu. Avec l'écran géant derrière le but, j'avais vu moi-même que le ballon était entré.

«Quant à l'inauguration du stade Saputo, c'est le moment où l'on s'est rendu compte que Montréal était une ville de soccer. Qu'il y avait vraiment un intérêt, un engouement pour ce sport chez nous. On avait enfin un domicile qui était à nous.»

Au total, Leduc a disputé 222 matchs en saison régulière, ce qui le place au troisième rang de l'histoire du club. Il a aussi dépassé le plateau des 15 000 minutes l'an dernier. Ces chiffres pourraient être encore plus impressionnants sans une fracture de stress au pied droit qui a perturbé ses saisons 2008 et 2009. Avec le temps et toutes ces épreuves, il sentait le coup de sifflet final approcher. Il a retenti en octobre dernier quand l'Impact a décidé de ne pas lui offrir un nouveau contrat.

«Je sentais que mon rôle changeait avec le temps. Je me repositionnais davantage au poste d'arrière central. C'est un rôle qui commençait à me plaire et je pensais que je pouvais encore apporter quelque chose. C'est certain que j'aurais aimé continuer à jouer, mais je savais que ça allait être difficile. Je le voyais venir.»