Malgré la gravité de son geste, Sandro Grande aurait aimé qu'on lui accorde une autre chance. Mais aux yeux de Joey Saputo, la gravité du geste, justement, commandait une décision sans appel.

Le président de l'Impact de Montréal a décidé de libérer son milieu de terrain, lundi matin, après que Grande eut pris à la gorge son coéquipier Mauro Biello, le capitaine du onze montréalais, durant un match disputé samedi le 11 juillet au Minnesota contre le Thunder. Le vétéran de 31 ans avait été suspendu pour une période indéterminée, lundi dernier, en attendant que Saputo fasse connaître sa décision.

Saputo a indiqué lors d'un point de presse, lundi, que l'organisation étudiera la possibilité de résilier le contrat de Grande et de ne plus lui verser de salaire, estimant que son geste constituait «un bris de contrat». Il a aussi précisé que la décision était celle de l'admimistration du club, et non du personnel technique.

«A mes yeux, (Grande) ne fait plus partie de cette organisation, a résumé Saputo.

«J'ai pris connaissance des photos lundi dernier, mais comme je devais aller en dehors de la ville, je me suis dit qu'on attendrait quelques jours, question de se calmer, a expliqué le président de l'Impact. J'ai pris le temps d'analyser tout ça et j'ai rencontré Sandro ce matin (lundi).

«Il a commencé à m'expliquer ce qui s'était passé, mais je lui ai dit que je ne l'avais pas convoqué pour qu'il me donne sa version, seulement pour lui annoncer ma décision. A mes yeux, aucune autre décision n'était envisageable.»

Grande s'est dit déçu, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne, que l'incident ait réussi à effacer un dossier qui était pratiquement sans tache, estime-t-il. Sa première suspension de la saison, imposée après un échange verbal houleux avec l'ancien entraîneur John Limniatis, et l'incident avec Biello font figure d'exceptions, a-t-il dit.

«Je n'ai jamais été le genre de joueur à accumuler les cartons rouges, ils me connaissent, a dit Grande. Je suis très déçu. Je n'aurais jamais pensé que ça en vienne à ça. Malheureusement, c'est un autre joueur d'ici, de Montréal, qui écope.»

Grande a dit avoir l'impression que le club ne cherchait qu'une excuse pour se départir de lui, mais Saputo a réfuté cette affirmation.

«Sandro est un très bon joueur, il est un atout pour cette équipe sur le terrain, a dit le président. Son départ va-t-il affecter le rendement de l'équipe? Peut-être. Mais qu'il en soit ainsi.»

Tout était arrangé

Grande a aussi déploré que le club n'ait réagi qu'après la publication des photos de l'incident.

«Au lendemain du match, le dimanche, tout le monde s'est serré la main. Je me suis expliqué avec Mauro. L'entraîneur (Marc Dos Santos) a résumé l'incident en disant que c'était survenu entre deux joueurs qui voulaient voir l'équipe gagner. Même lundi matin à l'entraînement, tout était OK. Puis, les photos ont été publiées (lundi).

«Mauro et moi, nous sommes sur la même longueur d'ondes. Il m'a dit qu'il ne souhaitait aucune sanction. Il est le capitaine, et pourtant le fait qu'il ait passé l'éponge n'a eu aucune influence dans la décision de l'équipe», a également déploré Grande.

Saputo a toutefois expliqué que le geste de saisir un autre joueur au cou, qu'il soit le capitaine de l'équipe ou non, suffisait en soi. Le président de l'Impact a indiqué qu'aucun autre problème de comportement, ni même la première suspension de Grande cette saison, n'a été un facteur dans sa prise de décision.

«Le geste est le geste, a répété Saputo. Qu'un être humain fasse cela à un autre être humain est inacceptable. Peu importe si ç'avait été un premier, un deuxième ou un troisième incident avec le joueur, à cause de la gravité du geste, il fallait sévir de cette manière.»

Grande a expliqué qu'il a vivement réagi au commentaire de Biello à son endroit sur le terrain, au Minnesota, parce que son capitaine a été particulièrement virulent à son endroit.

«Il ne crie jamais à personne de la sorte sur le terrain. Ce qu'il a dit m'a blessé personnellement. Mais je ne dis pas que c'est un mauvais gars, au contraire», a affirmé Grande.

Sauf qu'aux yeux de Saputo, toute cette mise en contexte n'excusait rien. En laissant passer un tel geste, il aurait créé un précédent plus grave encore, estime-t-il.

«C'est un message à tout le personnel ainsi qu'aux joueurs, que ce genre de comportement ne sera pas toléré, peu importe l'identité du joueur, si c'est un joueur local ou non, si c'est un bon ou un mauvais joueur», a dit Saputo.

Pas la même chose

Dos Santos a été suspendu par la ligue pour un contact au cou impliquant un joueur des Rhinos, mercredi dernier à Rochester. Saputo a toutefois affirmé qu'il s'agissait là d'un geste d'une tout autre nature.

«Le propriétaire (des Rhinos) a même envoyé une lettre à la ligue pour dire que la nature du geste qu'a posé (Dos Santos) ne méritait pas de sanction plus sévère», a fait savoir Saputo.

Grande regardera maintenant du côté de l'Europe, où les camps d'entraînement viennent de se mettre en branle.

«J'ai un entraîneur en Italie, pour qui j'ai joué pendant quatre ans, qui s'est dit prêt à me reprendre n'importe quand, a indiqué Grande. Il m'a dit qu'il savait que ce n'était qu'un incident, que ce n'est pas moi.»