Patrice Évra, de retour en équipe de France de football après cinq matchs de suspension purgés et neuf mois d'absence, a estimé mercredi avoir été puni pour son statut de capitaine et non pas pour un rôle de meneur lors de la mutinerie des Bleus à Knysna, lors du Mondial sud-africain l'été dernier.

Le joueur dit avoir désormais envie de tourner la page, «d'être une solution et pas un problème».

Après Knysna, «il fallait que quelqu'un prenne, c'est moi qui ai pris. C'est injuste dans la mesure où certaines personnes ont dit que j'étais un meneur, c'est totalement faux», a lancé le latéral gauche de Manchester United lors d'une conférence de presse à Clairefontaine.

«Dans le rapport de la commission de discipline, c'est en tant que capitaine et non pas de meneur que j'ai pris ces cinq matches de suspension», a-t-il précisé. Il avait fait appel de cette sanction, sans résultat.

Outre Évra, Franck Ribéry avait été sanctionné de trois matchs de suspension et Jérémy Toulalan suspendu une rencontre, après la grève de l'entraînement des joueurs à Knysna, déclenchée en soutien de Nicolas Anelka, exclu du groupe pour avoir insulté le sélectionneur, Raymond Domenech. Anelka a, lui, été condamné à 18 matchs de suspension. L'attaquant de Chelsea avait affirmé à la suite de son exclusion ne plus jamais vouloir jouer en équipe de France.

Évra, 29 ans et 32 sélections, retrouve les Bleus en ne revendiquant aucun statut particulier, mais seulement son envie de se fondre dans le collectif.

«C'est quoi d'avoir un statut? Je reviens en équipe de France pour être performant, pour gagner quelque chose avec mon pays, ce que je fais en club. Donc je reviens avec une envie, assure-t-il. Quand j'étais encore suspendu, je faisais mon métier à 50 pour cent, car pour moi jouer avec mon club et gagner des titres ne suffisait pas. Faire mon métier à 100 pour cent, c'est de jouer pour mon pays, ce que j'ai toujours fait et fait avec mon coeur.»

Le sélectionneur, Laurent Blanc, a eu une discussion en tête à tête avec Evra à Clairefontaine, la première entre les deux hommes.

«Laurent Blanc est quelqu'un de très franc, qui m'a dit certaines choses. Elles restent entre lui et moi. J'ai eu une belle discussion avec lui. Maintenant, c'est sur le terrain (que je dois m'exprimer).»

Évra «a l'air attaché à l'équipe de France. Mais le plus important va être ce qui va se passer dans les semaines, dans les mois à venir», a souligné Blanc. Le sélectionneur avait déclaré la veille qu'il pourrait se montrer radical dans son comportement si ceux de Ribéry et d'Évra ne s'avéreraient pas en adéquation avec sa philosophie.

«On a fait une erreur, on en est tous conscient. Je pense que je vais vivre avec cette cicatrice», a avoué Évra qui souhaite un grand pardon. Et d'ajouter: «J'ai envie de tourner la page, d'être une solution et pas un problème pour cette nouvelle génération». Le défenseur a toutefois rappelé avoir été le premier joueur à s'excuser juste après le match contre l'Afrique du Sud et à demander aux joueurs de renoncer à leurs primes.

Évra comme Ribéry pourraient être titulaires ou entrer en cours de jeu vendredi face au Luxembourg, à l'occasion des éliminatoires de l'Euro 2012, avant un match amical contre la Croatie mardi prochain au Stade de France.