Tottenham a changé de dimension en se qualifiant pour la première fois de son histoire pour les quarts de finale de la Ligue des champions, mercredi aux dépens de l'AC Milan.

L'Europe n'est certes pas une découverte pour le club londonien, qui compte une Coupe des coupes (1963) et deux Coupes de l'UEFA (1972, 1984) à son palmarès. Mais ces faits d'armes, dont le souvenir commençait à s'effacer de la la mémoire des supporteurs, avaient toujours eu pour théâtre la deuxième division continentale. Tottenham ne s'était invité dans la vraie élite qu'une seule fois, en 1962.

C'est ce qui a permis à l'entraîneur Harry Redknapp de jouer au Petit Poucet mercredi après la qualification, arrachée de haute lutte face au sextuple champion d'Europe grâce à un match nul sans but à domicile.

«Les supporteurs sont en plein rêve. Nous avons réussi l'impossible. Personne ne le voyait venir», a dit le manager, dont l'équipe s'était imposée 1 à 0 en Italie.

En réalité, cette ascension peut difficilement être présentée comme un conte de fées, ne serait-ce qu'au regard des moyens financiers dont dispose ce très vieux club, fondé en 1887 sous le nom de Hotspur (tête brûlée) et professionnel depuis... 116 ans.

Selon la dernière étude du cabinet Deloitte, Tottenham est la 12e équipe la plus riche du monde avec plus de 170 millions d'euros de revenus la saison passée et pourrait faire son entrée dans le Top 10 l'année prochaine grâce à sa belle campagne en Ligue des champions.

Pied-de-nez à Arsenal

Ces ressources abondantes et l'indéniable perspicacité de dirigeants à la recherche de bonnes affaires plus que de gros coups sur le marché des transferts - le Gallois Gareth Bale en 2007, à l'âge de 18 ans, le Croate Luka Modric en 2008 ou le Néerlandais Rafael Van de Vaart l'été dernier, pour «seulement» 8 millions de livres - ont permis aux Londoniens de construire un des plus beaux effectifs d'Angleterre et d'Europe.

Puissamment armée en attaque - Redknapp, qui avait choisi d'aligner Peter Crouch contre Milan, disposait de Jermaine Defoe et Roman Pavlyuchenko sur le banc - l'équipe a aussi montré qu'elle pouvait s'appuyer sur l'expérience de joueurs comme William Gallas pour défendre «à l'italienne» si nécessaire.

Le but est désormais de s'installer dans les clubs qui comptent sur la scène européenne, ce qui passe par une qualification pour la prochaine Ligue des champions. Trop irréguliers en Championnat, les «Spurs» sont pour le moment juste en-dessous de l'objectif, à la cinquième place, mais Chelsea et Manchester City restent à portée de fusil.

Pour les années à venir, il s'agira de devenir encore plus riche pour damer le pion à la concurrence, féroce en Premier League. C'est pourquoi Tottenham veut changer de stade pour passer d'une capacité de 35.000 jugée insuffisante à environ 60.000 places.

Après l'attribution du stade olympique à West Ham pour l'après-2012, on se dirige vers la construction d'une nouvelle enceinte sur le site historique de White Hart Lane, que le club occupe depuis 1899.

Tottenham serait ainsi équipé d'un outil comparable à l'Emirates Stadium du voisin Arsenal, honni depuis leur premier affrontement en 1887 et à qui les «Spurs» ont adressé un joli pied de nez au lendemain de l'élimination des «Gunners» à Barcelone.