En début de saison, le Liverpool FC visait au minimum une qualification pour les compétitions européennes. Vingt-deux matchs plus tard, l'objectif est maintenant de terminer devant des équipes au budget modeste telles Stoke ou Blackpool.

Pour décoller de la 13e place et s'éloigner de la zone de relégation, les nouveaux propriétaires américains des Reds, Fenway Sports Group, ont donné les clés de l'équipe à Kenny Dalglish.

Véritable légende du club, l'ancien attaquant devenu entraîneur en 1985 a remporté trois titres européens et sept autres au niveau national. Plus qu'un simple remplaçant à Roy Hodgson, congédié la semaine dernière, Dalglish porte désormais l'étiquette du messie. Il est celui qui a déjà réalisé des miracles en des temps plus glorieux et vers qui on se tourne pour sauver une saison de misère.

Ses trois premiers matchs n'ont pourtant pas donné de grands résultats. Après avoir été éliminé de la FA Cup par Manchester United, il a cédé devant Blackpool et obtenu le point du match nul contre le voisin Everton.

Évidemment, il est délicat de juger l'évolution de Liverpool après seulement 270 minutes de jeu. L'histoire a cependant prouvé qu'un changement d'entraîneur a le plus souvent un effet bénéfique, mais est loin de régler tous les problèmes.

Lors des trois dernières saisons, excluant 2010-2011, 15 changements d'entraîneurs sont survenus en raison de mauvais résultats entre le 1er octobre et le 1er avril. Malgré une progression dans 10 de ces cas, le nombre de places grappillées au classement ne s'élève en moyenne qu'à 2,2.

Sans surprise, 85% de ces clubs se trouvaient en deuxième moitié de tableau au moment de faire appel à un nouvel entraîneur.

Si la plupart ont tendance à vivoter en Premier League ou à faire l'ascenseur avec l'échelon inférieur en raison d'un budget limité, Tottenham se veut la grande exception. Après une hausse de sept places sous Juande Ramos en 2007-2008, les Spurs d'Harry Redknapp ont fait encore mieux l'année suivante en passant du 20e au huitième rang. De quoi inspirer Liverpool.

Ramos et Redknapp ont par contre eu deux mois et demi de plus pour sauver la saison du club londonien. En arrivant à la mi-janvier, Dalglish n'a plus de temps à perdre. Il doit non seulement se donner de l'air très rapidement, mais il a également la tâche de résoudre un problème qui a débuté sous Rafael Benitez et qui a été aggravé par Hodgson.

Depuis 18 mois, Liverpool a entamé un déclin qui a été, à maintes reprises, masqué par les bonnes performances de Fernando Torres et de Steven Gerrard. Souvent blessés au cours des derniers mois, les deux hommes ne pèsent plus comme avant dans le jeu des Reds. Alors qu'il avait marqué 18 buts en 22 matchs l'an dernier, l'Espagnol n'en revendique que sept en 21 parties cette saison.

Peu importe les multiples raisons - tactique, physique ou mentale - de cette diminution, il apparaît évident que personne ne peut prendre le relais en attaque et en milieu de terrain. Si Benitez a souvent été malheureux dans son recrutement, Hodgson n'a guère fait mieux avec Joe Cole, Christian Poulsen ou Paul Konchesky.

Une remontée de Liverpool ne peut donc pas uniquement se faire en changeant d'entraîneur, mais doit également être le fruit d'un recrutement immédiat. Dalglish souhaite la venue de quatre joueurs, dont un nouvel attaquant. Si les fonds nécessaires sont débloqués par FSG, comme ce fut le cas pour Tottenham en janvier 2009, Luis Suarez pourrait très vite venir au secours de Torres.

Éviter la relégation

Malgré les critiques, l'effectif du club de la Mersey devrait le placer entre la sixième et la huitième place de la Premier League. Liverpool a beau regarder vers le bas du classement anxieusement, cet objectif est toujours réalisable.

Avec 26 points au classement et un match de plus à jouer, Liverpool ne compte que huit points de retard sur Sunderland, actuel sixième. Il est par contre impossible d'espérer un top 5, qualificatif pour les compétitions européennes, tant Manchester United, Manchester City, Arsenal, Chelsea et Tottenham sont supérieurs.

Également éliminés des deux coupes nationales, les hommes de Dalglish n'ont plus que la Ligue Europa pour obtenir un ticket européen en vue de la prochaine saison. En l'état actuel, manquer un an de compétitions européennes est sans doute un moindre mal. Et avec de la bonne volonté et un brin de vision de la part des nouveaux propriétaires, voilà sans doute l'occasion de repartir sur de nouvelles bases pour les prochaines saisons.