L'élimination mardi de Chelsea de la Ligue des Champions par l'Inter Milan et Jose Mourinho, a peut-être été écrite en septembre 2007, quand le club londonien a licencié le Portugais, la plus grande erreur de son propriétaire Roman Abramovitch.

C'est peut-être ce que réalisait le Russe en traversant le terrain après la rencontre, sous les chants ironiques des supporteurs interistes: «Jose Mourinho, Jose Mourinho».

Abramovitch venait de voir son équipe écrasée de la même manière qu'elle écrasait ses adversaires quand le Portugais était à Londres: en se fracassant sur un mur d'organisation, de discipline, d'engagement physique. Mais aussi parce qu'elle n'a pas su anticiper la stratégie d'Interistes venus avec une équipe plus offensive que celle prévue par son homologue Carlo Ancelotti.

«Je n'étais pas venu pour jouer le 0-0, mais pour contrôler le match», explique Mourinho. «En jouant comme ça, on les a fait douter. On l'a vu avec leurs latéraux Zhirkov et Ivanovic qui ne savaient pas quoi faire: attaquer ou pas? Du coup ils n'ont bien joué ni défensivement, ni offensivement.»

Le doute. Ce poison absent du Chelsea 2004-2007 de Mourinho mais qu'il a su instiller quand il est revenu comme adversaire. Cette élimination des Londoniens porte sa marque. Ancelotti ne dit pas autre chose quand il reconnaît que Chelsea n'a «pas été en mesure de jouer comme elle le voulait», n'a «jamais contrôlé le match».

«Chelsea décline»

Ni Ancelotti, ni Avram Grant, ni Luiz Felipe Scolari n'ont réussi à rendre Chelsea aussi impitoyable aussi implacable, qu'il pouvait l'être sous Mourinho. Seul le court passage de Guus Hiddink a fourni l'illusion que la page pouvait être tournée.

«Roman est intelligent. Il pensait peut-être en arrivant dans le football que ce serait facile. Mais c'est difficile. Maintenant il sait que ce n'est pas facile», ne peut s'empêcher de lâcher l'entraîneur milanais en riposte différée à son licenciement passionnel d'un club qu'il dit considérer encore comme sa «famille».

«Depuis mon départ, Chelsea décline. Ce n'est pas un hasard», avait lâché le Portugais avant la rencontre. Ce n'est pas tant son assurance qui agace les détracteurs de Mourinho que le fait qu'il a raison.

Depuis la séparation, «je continue de gagner des choses importantes, ils continuent de gagner quelque chose... La Coupe d'Angleterre», a ironisé le Portugais qui en trois saisons anglaises a apporté deux championnats à un club dont le seul sacre remontait à 1955.

Les sifflets d'une partie des supporteurs de Chelsea qui raccompagnent Mourinho sonnaient pathétiques. Ceux d'amoureux déçus qui ne rêvent que d'une chose, que le héros revienne. Mais mardi, Mourinho était «l'ennemi. Et l'ennemi a gagné. C'est la vie». Implacable, impitoyable. Comme Chelsea l'était entre 2004 et 2007.