Quelques obscénités assorties d'un geste ambigu, adressés ce week-end par Steven Gerrard à un arbitre, illustrent le désarroi d'une équipe de Liverpool vulnérable avant d'affronter Lille jeudi en 8e de finale aller de l'Europa League.

En fin de match contre Wigan en championnat d'Angleterre lundi soir, Liverpool est mené 1 à 0 chez un adversaire modeste, Wigan. Avec ce résultat, Gerrard sait que les minces chances de qualification pour la prochaine Ligue des Champions s'amenuisent encore.

Quand il adresse un tacle très appuyé à un adversaire, Andre Marriner brandit le carton jaune logique. Mais Gerrard éructe en retour et fait un geste interprété par la presse britannique comme le «V sign», version «soft» du doigt d'honneur.

Gerrard est agacé. Par les résultats de son équipe, 6e alors qu'elle avait abordé la saison avec des ambitions de sacre, éliminée de la Ligue des Champions dès les phases de poules, de la Coupe d'Angleterre par un sans-grade de 2e division venu l'humilier à Anfield.

L'Europa League, dernière chance de titre des Reds, n'est pas un prix à la hauteur du standing d'un joueur de ce calibre.

Mais le milieu est sans doute aussi frustré par ses propres performances. Certes, à l'instar de son équipier Fernando Torres, les pépins physiques ont gêné sa saison. Mais ses statistiques sont très nettement en baisse.

Performances en baisse

L'an passé, à la même période, il avait inscrit 17 buts. Il n'en est qu'à dix en 34 matches, un seul en sept matches de championnat en 2010. Il lui faut plus de trois matches en moyenne pour faire trembler les filets. En 2008-2009, moins de deux rencontres suffisaient.

Quand Gerrard prend froid, Liverpool s'enrhume. Il reste un immense joueur, «plus complet que Kaka» selon son équipier brésilien Lucas, mais il ne vit pas la meilleure période de sa carrière, n'est plus aussi décisif.

Suffisant pour relancer les rumeurs sur un départ de l'enfant du pays de son club de toujours. La presse britannique évoque déjà Manchester City comme possible destination.

Le joueur aura 30 ans en mai et sait qu'il ne lui reste pas énormément d'années pour assouvir son rêve d'être enfin champion d'Angleterre. Les problèmes économiques du club ne plaident pas en faveur du recrutement de joueurs de premier plan nécessaires à un tel sacre.

Le président de Wigan, Dave Whelan, supporteur de Liverpool, a évoqué après le succès de son équipe, le «désarroi» des Reds cuvée 2009-2010: «Quand on est allé à Anfield cette saison, on ne sentait plus l'esprit, le coeur. Les supporteurs le ressentent et je pense que les joueurs commencent à le ressentir.»

Il n'est pas certain qu'une victoire sur Lille en Europa League suffira à ranimer la flamme.