Après le rachat de Chelsea par le pétrole russe, voici que c'est au tour des barils d'Abou Dabi de donner des rêves de grandeur à l'équipe de Manchester City.

Les partisans de Manchester City auraient découvert un gisement de pétrole sous les gradins de leur stade qu'ils n'auraient pas été plus heureux. Le rachat de leur équipe par le Abu Dhabi United Group (ADUG) signifie que «City» possède désormais le propriétaire le plus riche de la ligue de soccer anglaise.

 

Convaincus que richesse égale succès, la plupart des partisans des «Bleus» flottent sur un nuage rose depuis l'annonce de la vente pour un peu plus de 400 millions de dollars. Il faut dire que le groupe des Émirats arabes unis n'a pas tardé à préciser ses intentions. Dans les heures qui ont suivi l'entente le 31 août dernier, l'ADUG a signé un autre chèque de 65 millions de dollars pour acquérir l'avant-centre brésilien Robinho. Il s'agit du transfert le plus coûteux de l'histoire du soccer anglais.

Pour célébrer la nouvelle, certains supporteurs se sont précipités devant leur stade favori en arborant des keffiehs arabes. «C'est comme si quelqu'un avait pris la petite Volkswagen de City et lui avait installé un moteur de fusée spatiale de la NASA», s'est enthousiasmé l'un d'eux.

Même le plus grincheux des partisans de Manchester City, Noel Gallagher, du groupe Oasis, s'est réjoui de l'annonce. «Nous devons tous nous prosterner devant la nouvelle Mecque du soccer britannique!» a-t-il déclaré avec humour.

La plupart des supporteurs sont d'autant plus extatiques que Sulaiman Al Fahim, un des dirigeants de l'ADUG, a promis de mettre fin à la domination du «Big Four» anglais (Manchester United, Chelsea, Liverpool et Arsenal). Il souhaite faire de Manchester City «le plus gros club au monde, plus gros que le Real Madrid et Manchester United».

Celui qui est surnommé le «Donald Trump d'Abou Dabi» a également dit vouloir mettre la main sur la crème des joueurs mondiaux: Cristiano Ronaldo, Fernando Torres, Cesc Fabregas, Gianluigi Buffon...

«L'argent n'est pas un souci pour mon conseil d'administration», a-t-il trompeté. Le groupe appartient en effet à la famille royale d'Abou Dabi dont la fortune est estimée à un trillion de dollars (mille milliards de dollars!).

Les déclarations tapageuses (et présomptueuses) de Sulaiman Al Fahim n'ont toutefois pas enchanté tous les partisans de Manchester City. S'il se réjouit du départ de l'ancien propriétaire - le Thaïlandais Thaksin Shinawatra, accusé de corruption - le chroniqueur sportif et grand supporteur de City, Simon Hattenstone avoue être exaspéré par les déclarations du nouveau propriétaire.

«Il est clair qu'il ne connaît absolument rien au soccer», déplore-t-il. Le chroniqueur s'inquiète notamment de l'obsession d'Al Fahim pour les avants-centres superstars. «Je ne suis pas sûr qu'il fasse la différence entre les stars du soccer et d'Hollywood. Il va sans doute bientôt proposer un rôle de milieu de terrain à Brad Pitt», rigole-t-il.

S'il comprend l'enthousiasme de ses amis supporteurs de Manchester City, il craint que ces derniers ne déchantent rapidement. «Manchester City va peut-être pouvoir atteindre le sommet du palmarès, mais il faudrait que le propriétaire reste avec un bon manager. Le danger, c'est qu'[Al Fahim] considère que l'entraîneur n'est pas suffisamment connu et qu'il se mette à en changer constamment», craint-il.

Cette inquiétude est largement partagée en Angleterre où de plus en plus de richissimes propriétaires étrangers entretiennent des relations tendues avec leurs entraîneurs. La semaine dernière, les managers des équipes de West Ham et de Newcastle ont ainsi démissionné coup sur coup, exaspérés que leurs propriétaires interfèrent dans leurs stratégies en achetant et vendant des joueurs sans même les consulter.