Huit mois après qu'une vague d'attentats eut secoué les rues de Paris, l'équipe nationale de France se mesurera au Portugal en finale de l'Euro avec bien plus qu'un simple trophée en jeu.

Le stade qui accueillera la finale, dimanche, a été la première cible des attaques du 13 novembre, qui ont causé la mort de 130 personnes à Paris et ses environs. Trois kamikazes se sont fait exploser à l'extérieur du Stade de France, tuant un spectateur, pendant que la France disputait un match amical contre l'Allemagne.

La symbolique reste en tête de l'équipe de France, qui fait de son mieux pour procurer un peu de bonheur à un pays encore endeuillé.

«Évidemment, nous avons vécu des moments difficiles par rapport à cet événement dramatique, a exprimé le capitaine de la France, Hugo Lloris, samedi. Le fait que nous ayons réussi à répondre sur le terrain nous donne un peu plus de fierté. De sentir tous les Français derrière nous et de ressentir la joie partagée entre les joueurs et les partisans, ça renforce notre lien.»

Après un début de tournoi en dents de scie, la France a gagné en confiance, corrigeant l'Islande 5-2 en quart de finale avant de vaincre les champions de la dernière Coupe du monde, les Allemands, 2-0 en demi-finale.

La ferveur nationale a pris de l'ampleur au même moment que les Bleus retrouvaient leur forme. Maintenant, il y a un réel espoir parmi les partisans et les joueurs que la France puisse remporter un premier sacre depuis l'Euro 2000 et un quatrième titre majeur.

Et ça ne pouvait arriver à un meilleur moment.

«Les Français avaient besoin de s'évader par l'entremise de cette compétition, a indiqué Lloris. Le sport a cette capacité de rassembler les gens. Nous pouvons vraiment le constater, car nous le vivons ensemble. Il ne reste qu'un pas à faire, probablement le plus difficile, mais il vaut la peine de finir à genoux.»

«Grande aventure humaine»

Le capitaine de la France a qualifié cet Euro de «grande aventure humaine», où les partisans sont indéniablement retombés en amour avec l'équipe, ce qui semblait impossible il y a quelques années.

«Nous avons montré plusieurs de nos valeurs, notamment notre travail d'équipe. Maintenant, nous pouvons vraiment dire que nous sommes une équipe, a-t-il dit. Nous avons l'occasion de faire partie de l'histoire de la France et c'est une opportunité unique.»

Participant à un quatrième tournoi majeur consécutif, Lloris est un des seuls joueurs restants de la chaotique formation française de 2010, lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud.

À l'époque, les joueurs avaient ébranlé la nation en faisant une grève pendant un entraînement afin de protester contre le renvoi de l'attaquant Nicolas Anelka, qui avait insulté l'ancien sélectionneur de la France, Raymond Domenech.

Quand ils sont rentrés au pays, les retombées ont été immenses et les joueurs ont été détestés par le public français, qui les voyait comme des enfants gâtés égoïstes et irresponsables.

«Nous avons traversé une crise au football français, mais nous avons réussi à nous relever et à gravir la colline à nouveau», a conclu Lloris.