Portugal-pays de Galles, c'est le Real Madrid qui se déchire. L'icône portugaise Cristiano Ronaldo va tenter de se rapprocher de son premier titre international, mercredi en demi-finale de l'Euro, mais trouve sur sa route son coéquipier en club, la star galloise Gareth Bale.

«Ce n'est pas seulement entre deux joueurs. C'est entre deux nations», a déclaré le Gallois pour tenter de déminer le duel attendu entre les deux stars les plus chères du foot mondial, qui ont remporté ensemble la Ligue des champions à la fin mai.

Mais au Portugal, pays fou de football, le destin sportif de la nation se confond avec celui de Ronaldo.

En 2004, pour son premier tournoi majeur, CR7 avait atteint la finale de l'Euro, avec une chance en or d'offrir au Portugal son premier titre international, qui plus est sur son sol puisque c'était le pays organisateur.

À la surprise générale, c'était la Grèce et son football minimaliste - un but en contre puis défendre, défendre et défendre encore - qui s'était imposée à Lisbonne (1-0). Laissant le tout jeune Ronaldo, 19 ans, en larmes sur la pelouse et tout un pays dans le désespoir.

Depuis, le Portugal a toujours été placé mais jamais finaliste à l'Euro: quart de finaliste en 2008, demi-finaliste en 2012 (ainsi qu'à la Coupe du monde 2006). À Lyon mercredi, Cristiano Ronaldo et ses compatriotes peuvent se rattraper.

Manque d'ambition

Pour ça, tous les moyens sont bons. Car le Portugal est sévèrement critiqué pour le manque d'ambition de son jeu. En cinq rencontres, il n'a jamais gagné lors des 90 minutes du temps réglementaire, avec trois nuls en phase de groupe (contre l'Islande, l'Autriche, la Hongrie), une victoire en prolongation contre la Croatie en huitièmes de finale, puis une qualification aux tirs au but contre la Pologne en quarts.

«Nous aimerions jouer un jeu spectaculaire mais ce n'est pas toujours de cette manière qu'on gagne des compétitions», a répliqué le sélectionneur Fernando Santos.

Il dispose pourtant d'une formation de top niveau, avec une défense centrale emmenée par autre joueur du Real, Pepe, et surtout une impressionnante armada offensive: Ronaldo bien sûr, mais aussi Nani, Ricardo Quaresma et la révélation Renato Sanches, futur joueur du Bayern Munich.

CR7 a également un défi personnel à relever: battre le record de buts inscrits à l'Euro. Le Français Michel Platini en a mis 9 (rien qu'à l'Euro 84), lui en est à 8, mais en quatre éditions.

Les Portugais partent donc largement favoris contre le pays de Galles, surprenant demi-finaliste puisqu'il n'avait encore jamais participé à l'Euro. Sa meilleure performance internationale était jusque-là le quart de finale du Mondial 58 perdu contre le Brésil de Pelé.

Sans Ramsey

Vu du terrain, cette présence est beaucoup moins étonnante tant l'équipe mise en place par le sélectionneur Chris Coleman fait preuve de maîtrise collective et d'efficacité. La Belgique en sait quelque chose, elle qui a été éliminée 3-1 en quarts.

Surtout, les Dragons gallois ont avec Bale leur propre star de classe mondiale.

Sur le plan personnel, son Euro est pour l'instant plus réussi que celui de Ronaldo L'ailier de 26 ans a inscrit trois buts et joué un grand rôle dans le parcours historique de son équipe, grâce à sa vitesse et sa puissance balle au pied.

«J'ai toujours cru qu'on pouvait faire quelque chose à l'Euro, il n'y a qu'à se souvenir des contes de fées de la Grèce (en 2004) et du Danemark (vainqueur surprise en 1992, ndlr)», assure-t-il.

La preuve? «Je n'ai réservé mes vacances qu'à partir du 11 juillet (lendemain de la finale, ndlr)».

Bale rêve de retrouver en finale un autre joueur du Real, l'Allemand Toni Kroos, opposé à la France jeudi dans la deuxième demie. «Il avait dit que nous ne jouerions que les trois matchs de poule. Donc ce serait sympa de le retrouver en finale», sourit le Gallois.

Son équipe sera cependant privée de son autre feu follet offensif, Aaron Ramsey, suspendu, et du latéral Ben Davies. Deux absences importantes pour une formation dont le onze de départ a très peu évolué depuis le début de la compétition.