Une tête providentielle de Gerard Piqué a permis à l'Espagne de terrasser la République tchèque (1-0) et de commencer par une victoire sa quête d'une troisième couronne consécutive à l'Euro-2016, rejoignant la Croatie en tête du groupe D. Jusqu'au bout, les Espagnols y ont cru au Stadium de Toulouse. Jusqu'au bout, ils ont poussé, sûrs de leur supériorité technique et de leur emblématique jeu de passes, et ils ont fini par trouver la faille grâce à Piqué (87e) monté à l'abordage et bien servi par l'étincelant Andres Iniesta.

«Il faut être patients jusqu'à ce que la balance penche de ton côté», a résumé Iniesta, élu joueur du match. «C'est notre style, notre manière de jouer et au final le but est arrivé comme cela.»

Ce but, oeuvre d'un défenseur, a bien résumé l'inefficacité offensive des attaquants espagnols, d'abord l'avant-centre Alvaro Morata, ensuite Aritz Aduriz, face à l'excellent gardien tchèque Petr Cech. À l'autre bout du terrain, le portier espagnol David de Gea, titularisé malgré le scandale sexuel qui l'a éclaboussé la semaine dernière, n'a pas démérité non plus en se montrant très concentré, notamment sur une parade cruciale dans le temps additionnel.

En tête de son groupe avec la Croatie (3 points) et opposée à la Turquie vendredi prochain, la «Roja» se retrouve idéalement lancée vers une reconquête, deux ans après l'humiliant premier match perdu au Mondial-2014 (5-1 contre les Pays-Bas) qui avait précipité son élimination précoce.

«Cette victoire sert à nous renforcer et à nous permettre de voir l'avenir avec plus d'optimisme», a souligné le sélectionneur Vicente del Bosque.

Le pied de nez de Piqué

C'est, au passage, un joli pied de nez de la part du Catalan Piqué, souvent sifflé ces derniers mois lorsqu'il portait le maillot de la sélection espagnole, en raison de ses prises de position volontiers indépendantistes.

Cette fois, le défenseur du FC Barcelone a fait le bonheur de tous les Espagnols présents à Toulouse, sous les yeux du Roi d'Espagne Felipe VI. Et il a évité à la «Roja» de revivre le scénario d'une domination stérile.

Dans l'ensemble, les Tchèques n'ont que rarement mis en difficulté la défense espagnole et De Gea a été vigilant lorsque c'était nécessaire (44e, 57e).

Le jeune gardien de Manchester United (25 ans) était sous le feu des projecteurs pour sa première apparition lors d'une phase finale avec la «Roja», quatre jours après avoir été mentionné dans une affaire de moeurs en Espagne.

Avec sa titularisation, une page s'est tournée en Espagne puisque Casillas (167 sélections), capitaine emblématique du triplé Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012, avait été systématiquement le gardien titulaire de la «Roja» depuis le Mondial-2002.

De Gea concentré, Casillas beau joueur

«Iker a eu un comportement phénoménal. Sur le banc, il s'est comporté comme n'importe quel autre joueur et il a soutenu l'équipe pendant tout le match», a relevé Del Bosque.

Pour sa part, souriant à l'échauffement, De Gea n'a laissé filtrer aucun trouble, aucune déconcentration. Et il n'a pas eu grand-chose à faire, tant son équipe a été ultradominatrice, avec 67% de possession de balle.

À l'inverse, à l'autre bout du terrain, Cech a dû s'employer. Par deux fois, l'expérimenté portier (34 ans) s'est interposé devant Morata (16e, 29e), attendu comme l'avenir espagnol au poste d'avant-centre, mais peut-être rattrapé par l'enjeu lundi. Le jeune attaquant a dû céder sa place à l'heure de jeu au vétéran Aritz Aduriz, pas plus verni.

Heureusement, Iniesta a créé le danger presque à chaque fois qu'il a pris le ballon (26e, 39e, 40e). Et au fil des minutes, la pression espagnole s'est accentuée, même si Cecs Fabregas a été contraint à un dégagement devant sa ligne (65e).

Dans une fin de rencontre étouffante, c'est l'inévitable Iniesta qui a fini par trouver son partenaire au Barça Gerard Piqué. À Toulouse, les Espagnols ont pu exulter: l'Espagne est de retour!