À quelques heures du coup d'envoi de l'Euro de soccer, les autorités françaises, déjà sous pression pour assurer la sécurité, étaient engagées vendredi dans une course contre la montre pour limiter les conséquences des grèves dans le ramassage des ordures et les transports.

À trois heures du coup d'envoi de la compétition, des milliers de fans rigolards se rassemblaient dans une ambiance bon enfant aux alentours de l'imposant stade de France - quadrillé par les forces de l'ordre -, en périphérie nord de Paris.

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Venus en métro - qui fonctionne normalement - ou en autobus, les supporteurs, perruques bleu-blanc-rouge, maillots aux couleurs roumaines ou verre de bière à la main, se soumettaient bien volontiers aux nombreux contrôles de sécurité.

Les abords du stade donnaient enfin l'image d'une habituelle rencontre de soccer, après des jours d'une ambiance pesante dans le pays, plombé par la contestation sociale et les craintes d'attentat jihadiste.

Les conducteurs des trains de banlieue desservant le stade de France avaient prévenu qu'ils feraient massivement grève vendredi, faisant craindre une vaste pagaille. En fin d'après-midi, le leader du syndicat CGT, à la pointe de la fronde sociale, a finalement fait état d'une «consigne» de son organisation «pour que tous les supporteurs» accèdent au stade.

«Il n'y a aucune consigne pour que les actions aux stades soient perturbées, ni que les matchs soient perturbés», a affirmé Philippe Martinez.

De leur côté, les autorités ont promis de tout faire pour limiter les perturbations. Le gouvernement a notamment évoqué la possibilité de recourir aux réquisitions de cheminots pour contourner leur grève. Des navettes spéciales entre Paris et le Stade de France ont aussi été mis en place.

François Hollande avait déjà assuré jeudi que l'État prendrait «toutes les mesures nécessaires» pour assurer le succès de l'Euro 2016.

Les hooligans en embuscade?

Depuis plus de trois mois, la France est en proie à une vive contestation sociale d'opposants à une réforme du droit du travail voulue par le gouvernement socialiste.

«Ce n'est pas encore l'ambiance foot», regrettait une supportrice venue du sud de la France.

De l'aveu même du président du comité d'organisation de l'Euro 2016, la fête est «déjà gâchée» par les mouvements sociaux. «L'image qui est donnée n'est pas celle que nous voulions», a regretté Jacques Lambert.

Quelque huit millions de spectateurs, dont deux millions d'étrangers, sont attendus en France durant la compétition qui s'achèvera le 10 juillet.

Grèves à répétition dans les transports ferroviaires, ordures qui s'amoncellent dans les rues de Paris... «Pour l'image à l'international, c'est pas terrible», déplorait vendredi la responsable d'un Hard Rock Café sur une grande artère de la capitale.

La mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a promis vendredi que toutes les ordures seraient ramassées dans la capitale en dépit d'une grève cette semaine des éboueurs, reconnaissant néanmoins qu'il faudrait «quelques jours» pour revenir à une situation normale.

Des agents, qui bloquent le plus important centre de traitement d'ordures ménagères du pays, ont prévu de reconduire leur grève jusqu'à mardi, journée de manifestation nationale contre la réforme du droit du travail.

Dans les transports, les pilotes d'Air France sont appelés à une grève à partir de samedi. Selon la direction, 80% des vols devraient être assurés samedi.

Après avoir menacé fin mai de mettre à sec une partie des stations-essence du pays, la grève dans le secteur de l'énergie s'essouflait, le groupe pétrolier Total faisant état vendredi d'une amélioration dans ses cinq raffineries.

Sur le front de la sécurité, le gouvernement, sous la hantise d'un nouvel attentat jihadiste après les sanglantes attaques de janvier et novembre 2015 (147 morts), a mobilisé près de 90 000 policiers, gendarmes et agents de sécurité privé.

Des bagarres impliquant des supporteurs anglais dans la nuit de jeudi à vendredi à Marseille sont venues rappeler que les hooligans pourraient également sérieusement perturber l'Euro, alors que deux des cinq matchs classés à risques auront lieu ce week-end.

De nouveaux incidents y ont opposé supporteurs et policiers vendredi soir.