L'Espagne est entrée de plain-pied dans la légende en remportant un troisième trophée majeur d'affilée après son écrasante victoire en finale de l'Euro-2012 face à l'Italie (4-0), dimanche à Kiev, confirmant son insolente hégémonie sur la planète football.

C'est un moment d'Histoire qui s'est joué sur la pelouse du stade olympique de la capitale ukrainienne. Après ses succès à l'Euro-2008 et au Mondial-2010, la Roja a confirmé qu'elle restait la référence absolue en terme de jeu, de technique et de maîtrise collective, supplantant dans les annales la RFA, qui avait échoué dans sa quête de ce fabuleux triplé en 1976.

Critiquée tout au long du tournoi pour son jeu soi-disant ennuyeux et peu spectaculaire, l'Espagne a donné une leçon aux malheureux Italiens et remis les pendules à l'heure avec ce 3e titre européen après ceux de 1964 et 2008.

«Il y aura toujours des critiques parce que nous avons placé la barre très haute, analysait dès après le match Iker Casillas, le gardien et capitaine de la Roja. Nous avons rendu facile ce qui est difficile. Certains peuvent penser qu'un 4 à 0 c'est facile contre l'Italie, parce que le match a donné l'impression d'être facile, mais nous sommes vraiment allés en progressant dans ce tournoi.»

La différence de classe et de niveau entre les Espagnols et les Italiens s'est très rapidement traduite au tableau d'affichage, les troupes de Vicente del Bosque tuant tout suspense au bout de 14 minutes, le temps pour Silva de conclure de la tête une magnifique combinaison initiée par Iniesta, en relais avec Fabregas.

Correction

Le 2e but inscrit par Jordi Alba (41e), après une ouverture en profondeur lumineuse de Xavi, n'a fait qu'enfoncer un peu plus la Nazionale et rendu inéluctable le nouveau triomphe de l'Espagne avant une 3e réalisation signée Torres (84e), déjà buteur en finale de l'Euro-2008, sur une nouvelle passe du petit meneur du Barça.

Ce large succès s'est ensuite transformé en une véritable correction à la suite du 4e but inscrit par Mata (88e).

Depuis l'avènement de cette génération exceptionnelle, emmenée notamment par les artistes du Barça (Xavi, Iniesta, Fabregas, Piqué) et du Real Madrid (Casillas, Xabi Alonso, Ramos), personne n'arrive à contester la domination de l'Espagne.

Les Azzurri comptaient secrètement sur la loi des séries. Frappée de plein fouet par le scandale des paris truqués, le Calcioscommesse, l'Italie voulait refaire les deux coups réussis lors de ses sacres mondiaux de 1982 (Totonero) et 2006 (Calciopoli) quand les «affaires» avaient décuplé la motivation de ses joueurs.

Mais comme bien d'autres avant elle, l'Italie n'a fait que se casser les dents sur la formidable machine rouge, d'une redoutable efficacité.

Car si la victoire de l'Espagne couronne une nouvelle fois la primauté de la technique et de l'attaque, les Espagnols savent également s'appuyer sur une défense de fer, qui a su museler le puissant Balotelli, héros italien en demi-finale (doublé contre l'Allemagne), et un gardien intouchable.

Casillas déterminant

Iker Casillas, qui a enchaîné un 10e match à élimination directe sans encaisser le moindre but, a ainsi gagné son duel à distance avec le légendaire Gigi Buffon, impuissant sur les quatre buts.

Le portier du Real a sorti plusieurs arrêts déterminants notamment sur des tentatives de Cassano (28e, 32e), l'Italien le plus dangereux, et de Di Natale (47e, 52e).

Comme tous les adversaires de l'Espagne depuis 4 ans, l'Italie a globalement passé son temps à courir derrière le ballon, confisqué par les techniciens espagnols. La supériorité technique de la Roja est telle que Del Bosque s'est encore payé le luxe de se passer d'un avant-centre de métier, laissant Torres sur le banc et faisant confiance à Fabregas.

L'Italie misait sur un exploit de plus de sa nouvelle coqueluche Balotelli. Mais la paire Piqué-Ramos n'a laissé aucun espace ni aucune chance à Super Mario. La sortie sur blessure de Thiago Motta peu après l'heure de jeu alors que Cesare Prandelli avait déjà effectué ses trois changements, n'a fait que rajouter au désarroi de la Nazionale, contrainte de terminer la finale à 10.

Difficile dans ces conditions de rivaliser avec une équipe au sommet de son art et désireuse de ne pas manquer son rendez-vous avec l'Histoire.