Tout le monde, Michel Platini, président de l'UEFA en tête, attendait une finale de l'Euro-2012 Espagne-Allemagne, mais c'est l'Italie qui va contester dimanche à Kiev la suprématie espagnole, espérant faire souffler un vent de changement sur la hiérarchie européenne.

Les cartes sont rebattues. La jeune Mannschaft de Joachim Löw (25 ans de moyenne d'âge au début du tournoi) n'a pas résisté aux vieilles artères italiennes. Gianluigi Buffon, capitaine et gardien de 34 ans, ne s'énerve jamais, continue à parler avec ses défenseurs même à deux secondes d'un corner adverse, et a toujours les mains aussi sûres. Il suffit de voir la rage qui habite «Gigi», quand, s'accrochant à ses filets, il exulte à chaque but marqué par les siens, pour comprendre qu'il n'est pas lassé, même avec une Coupe du monde (2006) ornant sa galerie à trophées.

Et que dire d'Andrea Pirlo, 33 ans, la plaque tournante du jeu italien, qui, même s'il joue très bas, arrive toujours autant à projeter son équipe vers l'avant, faisant basculer les blocs adverses d'un renversement de jeu ou d'une feinte.

Jeune loup couvé par de vieux renards de surface

Sur le premier but italien qui fait si mal aux Allemands jeudi soir à Varsovie (2-1 au final), c'est de Pirlo que l'action part, avant un centre de génie d'Antonio Cassano, autre joueur d'expérience de 29 ans, pour une tête imparable de «Super» Mario Balotelli, qui s'offrira un doublé.

Critiqué à son arrivée dans le tournoi pour sa maladresse et ses frasques, cible de cris de singe et d'une banane jetée sur la pelouse par des partisans de la Croatie lors de la phase de groupe, «Balo» s'est réveillé au meilleur moment.

Le jeune loup de 21 ans couvé par les vieux renards de surface italiens en est à 3 buts inscrits dans cet Euro ukraino-polonais et s'emballe déjà en promettant d'en marquer 4 dans la finale !

Mais le joueur de Manchester City aura en face de lui dans le Stade olympique de Kiev un sérieux client en la personne d'Iker Casillas dans les buts espagnols.

Comme Buffon, «San Iker», 31 ans, n'a rien perdu de sa superbe en dépit des années qui passent. En demi-finale face au Portugal (0-0 a.p.; 4 t.a.b à 2) le portier du Real Madrid a arrêté un tir au but. Ça ne vous rappelle rien ? Si, un quart de finale de l'Euro-2008 entre Espagne et Italie. Ce jour-là, Casillas avait arrêté deux tirs au but de la Nazionale, éliminée (0-0 a.p.; 4 t.a.b à 2).

Triplé Euro-Mondial-Euro

Le problème de la Roja ne se situe pas derrière, en défense, mais bien au milieu et devant dans cet Euro. Certes l'Espagne, championne d'Europe et du monde en titre, est bien parvenue en finale, avec pour objectif un triplé inédit Euro-Mondial-Euro.

Mais son jeu est beaucoup moins flamboyant qu'en 2008. Xavi et Iniesta, les «designers» du jeu du Barça et de la Roja, semblent piocher dans leurs réserves. Et le jeu espagnol à base de passes courtes répétées finit par lasser, et pas seulement leurs adversaires cette fois-ci.

Le vrai casse-tête pour le sélectionneur espagnol Vicente Del Bosque, c'est l'attaque. Villa, meilleur buteur de l'histoire de la sélection, n'a pas pu honorer le rendez-vous de l'Euro par la faute d'une grave blessure. Et les solutions pour le remplacer se succèdent- Fabregas en faux avant-centre, Torres, Negredo - sans vraiment convaincre.

L'Italie imposera-t-elle son rythme à Kiev alors que les montres du football mondial étaient réglées jusqu'ici à l'heure espagnole ?