Le Portugal a promis de jouer son jeu et de ne pas faire de complexe à l'occasion de sa demi-finale de l'Euro 2012 qui l'opposera, mercredi, à Donetsk, à l'Espagne, tenante des titres européen et mondial et grande favorite de la compétition.

«On doit être nous-mêmes et ne pas changer dans notre façon de jouer simplement parce qu'on fait face au champion du monde et d'Europe, a assuré le défenseur portugais Joao Pereira. On va jouer notre jeu.»

Depuis le début du tournoi, les adversaires de l'Espagne s'interrogent sur la meilleure manière de contrer le jeu de cette dernière, qui repose sur la confiscation du ballon.

Au premier tour, l'Italie puis la Croatie ont proposé chacune une version un peu différente. Plus audacieuse, la Squadra Azzurra a été récompensée par un match nul 1-1. Plus défensive, la Croatie s'est également procurée des occasions, mais s'est inclinée 1-0 en toute fin de match.

En quart de finale, la France s'était présentée dans une configuration défensive au détriment de ses ambitions offensives et a perdu 2-0 sans rien montrer.

La France a surtout manqué d'un leader capable de changer le cours du match comme peut l'être la vedette portugaise Cristiano Ronaldo. Le Madrilène a été décisif en marquant les buts de son équipe dans le match face aux Pays-Bas au premier tour (2-1), puis en quart contre la République tchèque (1-0).

Avec Ronaldo mais aussi l'ailier Nani, le Portugal arrive à se projeter rapidement vers l'avant. Et de la manière dont ces deux éléments pourront affoler la défense espagnole dépendent en partie les chances du Portugal de faire un pas de plus vers son premier titre majeur.

«Nos armes ne sont pas un secret, a estimé le milieu de terrain Custodio. Est-ce que ce sera l'année du Portugal? Je l'espère.»

Le Portugal a, pour rêver, le souvenir relativement frais de son succès 4-0 sur l'Espagne en match amical en novembre 2010, la plus lourde défaite de la «Roja» depuis son succès au Mondial sud-africain.

Pour autant, quelques mois auparavant, l'Espagne avait éliminé son voisin ibérique au deuxième tour de la Coupe du monde (1-0) en parvenant à museler Ronaldo. Avec quatre coéquipiers de Ronaldo au Real de Madrid dans leurs rangs, dont le gardien Iker Casillas et les défenseurs Sergio Ramos et Alvaro Arbeloa, les Espagnols ne doutent pas de leur capacité à le refaire.

Surtout, les champions d'Europe entendent priver les Portugais de ballon. Leur domination territoriale et en terme de possession de balle ne se traduit pas forcément par une moisson d'occasions, mais c'est aussi une manière de défendre.

«Face à l'Espagne, quand on a que 30 ou 40% de possession de ballon, il faut être très efficace», a analysé Laurent Blanc, le sélectionneur tricolore en commentant la défaite de son équipe en quart de finale.

La Roja n'a encaissé qu'un but en quatre matchs et que ce soit par calcul ou parce qu'ils sont actuellement limités, les hommes de Vicente Del Bosque s'en tiennent à leur dispositif et ne se soucient guère de faire le spectacle que beaucoup espèrent.

«On est confiant dans notre style de jeu et on ne va pas en changer», a confié Xabi Alonso, auteur des deux buts contre la France. L'entraîneur «nous laisse beaucoup de liberté, il a foi en nous. Aussi, on va continuer comme cela.»

Paulo Bento, l'entraîneur portugais, s'est reposé sur le même onze au coup d'envoi de chaque match, mais il devra déroger à son dogme pour cette rencontre car son attaquant de pointe Helder Postiga souffre d'une lésion à la cuisse.

Son homologue Del Bosque entretient les mêmes habitudes. Il a titularisé seulement 12 joueurs depuis le début de la compétition et ses seuls changements portent sur le poste d'avant-centre qu'il a alternativement confié à Cesc Fabregas et à Fernando Torres. Gageons que s'il prenait à Del Bosque la lubie de changer, il dispose d'un banc beaucoup plus riche que celui du Portugal.

Dans ce contexte de faible rotation et de fin de tournoi, le Portugal pourrait tirer avantage du fait d'avoir bénéficié de deux jours supplémentaires de récupération.

«Il faut faire avec, a assuré Alonso, philosophe. Ça ne peut pas être une excuse.»

L'autre demi-finale opposera, jeudi soir à Varsovie, l'Allemagne à l'Italie.