Le département des sports et de la santé de l'Université britannique d'Exeter a mis en place une expérience d'entraînement des yeux (quiet-eye training) pour tenter d'ameliorer la réussite aux tirs au but, exercice maudit et encore fatal à l'Angleterre, éliminée de l'Euro-2012.

Alors que la plupart des entraîneurs disent que s'exercer aux tirs au but ne sert à rien, que c'est une question d'instinct ou de fraîcheur, Greg Wood, du département des sports et de la santé de l'Université britannique d'Exeter avance une autre piste.

Pour lui l'entraînement, source de concentration et de résistance à la pression psychologique, est la base. Et de mettre en place une expérience d'entraînement des yeux (quiet-eye training) en compagnie de son collègue Mark Wilson.

Le duo a obligé des joueurs de leur université à regarder systématiquement, pendant plusieurs semaines, les coins droit et gauche de la lucarne des buts avant chaque tentative de tir.

Résultat: leurs élèves ont eu 50 % de tirs arrêtés de moins que ceux non soumis à ce régime. L'entraînement a, en effet, permis aux étudiants, selon Wood, de devenir plus précis dans leurs tirs tout en parvenant à effacer leur anxiété et leur peur de perdre.

Pour Wood, le recours ultime du gardien lors de ce face-à-face où il n'a rien à perdre (s'il arrête le ballon, il devient un héros, sinon, c'est dans la logique des choses) est de capter au maximum l'attention du tireur afin de le déstabiliser.

Limites du raisonnement scientifique

«Tout ce qu'un gardien peut faire pour capter l'attention du tireur (tenue et gants de couleurs vives, soulever le ballon et le poser légèrement hors du point réglementaire, etc.) pour qu'il le regarde et devenir la cible lui est favorable. Parce qu'il existe une corrélation étroite entre ce que nous regardons et ce que nous faisons», explique encore Wood.

«Par exemple, quand on est en voiture et qu'on regarde quelque chose sur sa gauche, on a aussi tendance à tourner le volant dans la même direction. C'est incroyable le nombre de penalties tirés au centre, sur le gardien donc, parce que celui-ci a réussi son opération de déstabilisation», a ajouté l'universitaire.

Si le tireur de penalty doit s'isoler dans sa bulle, sa concentration ne lui assure pas de marquer à tous les coups, il doit aussi tenir compte d'autres facteurs comme la vitesse de tir.

Selon des mathématiciens de l'Université John Moore de Liverpool, le penalty parfait doit être tiré à une vitesse comprise entre 90 et 104 km/h. Plus rapide, le ballon manquera de précision, mais plus lent, il donnera le temps au gardien de s'en saisir.

C'est là où les raisonnements scientifiques trouvent leurs limites. D'abord sur les gesticulations du gardien. C'est ce que fait Joe Hart, gardien de l'Angleterre, qui tire la langue, cherche à capter le regard du tireur ou offre un visage grimaçant pour tenter de l'intimider. Mais dimanche soir, le gardien italien Gianluigi Buffon a juste misé sur son expérience pour arrêter un tir décisif. Sans en rajouter.

Et le «cinéma» de Hart n'a servi qu'à motiver le milieu italien Andrea Pirlo qui l'a humilié d'une jolie «Panenka», jolie feuille morte, balle très lente par excellence loin des 100 km/h requis par les scientifiques. Et l'Italie de se qualifier 4 tirs au but à 2 (0-0 après prolongation) contre l'Angleterre.