L'UEFA a condamné mercredi les faits de hooliganisme en marge de Pologne-Russie (1-1) mais a souligné dans le même communiqué sa vision d'une «gestion policière discrète» dans les stades, qui tranche avec le déploiement policier massif dans l'enceinte mardi soir.

Sur le point des incidents causés par des hooligans en marge de ce match de l'Euro-2012 - une vingtaine de blessés légers dans les rues de Varsovie, interpellation de 184 hooligans - les points de vue de l'UEFA et des autorités polonaises se rejoignent.

L'UEFA a condamné «les incidents isolés», évoquant «quelques groupes de fauteurs de troubles connus qui ont jeté des projectiles et attaqué des supporteurs sans discernement de l'équipe que ces derniers encourageaient».

La ministre polonaise des Sports Joanna Mucha a, elle aussi, dénoncé «d'ordinaires hooligans qui n'ont rien à voir avec les vrais supporteurs».

Mais la suite du communiqué de l'UEFA laisse apparaître une divergence de vue sur la façon dont le maintien de l'ordre doit être envisagé dans une enceinte sportive, quand il n'y a pas d'incidents notables.

L'UEFA explique que sa «philosophie» est de «créer un environnement accueillant» pour les matches «avec une gestion policière discrète».

Selon une source proche du dossier, il faut y lire ici la surprise de l'UEFA à la vue de l'impressionnant déploiement de forces de l'ordre polonaises au coup de sifflet final mardi dans le Stade National de Varsovie.

Alors que fans russes et polonais s'étaient bien comportés - à l'exception d'un fumigène lancé, sans danger - plusieurs centaines de membres de force de l'ordre ont pénétré dans le stade à la fin de la rencontre, avec casques, matraques et boucliers, se postant au pied des tribunes des fans russes.

Tusk: risque d'envahissement du terrain

Ceux-ci avaient été priés par une annonce au micro d'attendre encore 20 minutes après le match, afin de sortir sans croiser les Polonais, qu'ils avaient pourtant côtoyés pendant 90 minutes sans être séparés par une seule barrière ou un seul stadier.

L'UEFA précise que sa vision de la sécurité dans les stades est de faire que la grande majorité «des vrais amateurs de foot profitent du spectacle» et que «le petit pourcentage de fauteurs de trouble soit isolé».

Une source proche du dossier a indiqué que l'UEFA n'aime pas voir ce genre de déploiement massif policier dans les stades et entendait faire passer le message aux autorités. Soit en substance: il faut évaluer les choses différemment quand 99,9% des supporteurs sont pacifiques.

Le premier ministre polonais Donald Tusk s'est, lui, défendu face à ces critiques entre les lignes: «Nos services nous ont signalé qu'il y avait un risque important que les supporteurs de l'équipe russe puissent envahir la pelouse après le match. D'où, la présence de la police dans le stade».

«Je sais que certains n'étaient pas contents, a ajouté M. Tusk. L'UEFA a ici un point de vue différent, mais c'est nous qui sommes responsables de la sécurité des gens dans notre pays et c'est pour cela que nous avons pris cette décision.»

Pour la défense des autorités polonaises, les images, tournant en boucle sur internet et télévisions, de hooligans russes frappant des stadiers à terre vendredi dernier à Wroclaw, ont sans doute incité à la démonstration dissuasive de mardi.

Les Russes, en tête du groupe A, pourraient revenir à Varsovie en quart de finale le 21 juin (contre le deuxième du groupe B dans ce cas là).