Environ 130 hooligans polonais et russes ont été interpellés et 10 personnes blessées légèrement lors d'accrochages mardi soir entre supporteurs des deux camps avant le début du match Pologne-Russie de l'Euro-2012, a annoncé la police de Varsovie tard dans la soirée.

Ce match a posé aux autorités de Varsovie «le plus important problème de sécurité de son histoire», a déclaré le ministre polonais de l'Intérieur Jaceki Cichocki.

Parmi les 10 blessés légers figurent sept Polonais, deux Russes et un Allemand, mais leurs jours ne sont pas en danger, selon un communiqué du centre médical.

La police a utilisé un canon à eau, des gaz lacrymogènes, des chiens, des balles en caoutchouc et des bombes à poivre pour disperser des hooligans polonais et séparer les supporteurs des deux camps, a constaté l'AFP.

Le résultat de la partie, qui a vu les deux équipes se séparer sur un match nul (1-1), préservant ainsi les chances de la Pologne de se qualifier pour les quarts de finale de la compétition a, semble-t-il, calmé les esprits, aucun incident majeur n'ayant été signalé après minuit.

Dans le stade, l'ambiance était pourtant festive lors du coup d'envoi, les Russes ayant brièvement déployé une banderole géante représentant un chevalier en armure avec bouclier et épée, au-dessus de l'inscripion en anglais: «This is Russia».

Les supporteurs polonais, majoritaires dans le stade, ont agité des petits drapeaux aux couleurs du pays.

Le match a commencé à 20h45 locales.

Les supporteurs russes, quadrillés par un important dispositif policier, sont arrivés au stade, en scandant «on est venu pour gagner» et «Russie, Russie». Quelques dizaines de Polonais leur ont lancé un pétard avec des cris hostiles et les fans russes ont réagi en lançant des bouteilles.

«Aucune motivation politique»

«Nous sommes prêts à en découdre. Nous gagnerons 3 à 1», avait déclaré à l'AFP avant l'ouverture du match Iouri Kharlamov, de Moscou.

«Le résultat, on le verra bien, mais personne ne souhaite que l'équipe du pays hôte soit éliminée dès la phase de poules», avait poursuivi son ami Andreï Iasterov.

Svetoslav Sorokine, 33 ans, informaticien de Ioshkar-Ola, à 800 km à l'est de Moscou, avait souligné que «le match serait difficile.» L'équipe polonaise est bonne, elle a de bons joueurs, surtout ceux qui jouent en Bundesliga. On espère gagner, bien sûr».

«La Pologne coorganise l'Euro et ça peut influencer les arbitres. On l'a vu lors du premier match contre la Grèce. Les Grecs ont été lésés», a-t-il dit à l'AFP.

«De notre côté, il n'y aura aucune provocation. Nos supporteurs viennent dans un état d'esprit pacifique. On vient pour soutenir notre équipe et non pour faire de la politique», avait-il assuré.

Pour Ilia Koulikov, les supporteurs russes n'ont «aucune motivation politique». «Je pense que ce sont les médias qui jettent de l'huile sur le feu. Les gens sont venus pour voir du football.»

12 000 Russes

Dans un geste de bonne volonté, les supporteurs des deux pays ont disputé un match amical dans un camping installé dans le nord de Varsovie.

Photo: Reuters

Un hooligan russe, protégé par des policiers antiémeute, envoie promener des fans polonais.

«Nous voulons montrer que les supporteurs de différents pays peuvent rivaliser de façon amicale, même si l'Histoire les divise comme les Polonais et les Russes», a déclaré à l'AFP Jacek Kaminski, l'un des organisateurs du match, remporté par les Russes aux tirs au but (8-7).

Les patrouilles de police et les contrôles avaient été renforcés à Varsovie, quelque 6000 policiers ayant été prévus pour le maintien de l'ordre pendant la durée du tournoi.

Il s'agissait de repérer les personnes frappées d'interdiction de stade, qui ne devaient «pas séjourner à Varsovie» le jour du match, a expliqué le ministre de l'Intérieur Jacek Cichocki.

Il a rappelé que la police avait identifié «la majorité» des supporteurs russes qui avaient attaqué à coups de poing et de pieds les bénévoles du service d'ordre dans le stade de Wroclaw, vendredi dernier, après le match Russie-République Tchèque.

Il a également annoncé des contrôles plus stricts à l'entrée du stade, destinés à prévenir l'introduction de fusées ou fumigènes, comme cela a été constaté sur quelques matches depuis le début de l'Euro-2012.

Environ 12 000 supporteurs russes, selon les autorités polonaises, se trouvaient mardi dans le stade et dans des zones de supporteurs en ville.

Photo: AFP

De nombreux affrontements violents entre supporters des deux camps ont eu lieu à Varsovie avant le match.