Après s'être débarrassée de ses complexes sur la scène internationale, l'Espagne règne sans partage sur la planète depuis 2008. Champions d'Europe et du monde, les Ibériques sont arrivés en Pologne auréolés d'un logique statut de favori. Mais l'armure d'invincibilité des compagnons de l'Italie, la Croatie et la République d'Irlande, dans le groupe C, s'est-elle quelque peu fissurée?

Invaincus dans leur faible groupe de qualifications, les Espagnols ne font plus aussi peur que dans un passé pas si lointain. Face aux défenses adverses majoritairement positionnées très bas, ils ont parfois peiné lors de récents matchs amicaux. Ils se sont ainsi inclinés devant le Portugal, l'Italie et l'Angleterre depuis le mois de novembre 2011. L'usure du temps fait-elle son oeuvre?

L'effectif est cependant toujours aussi impressionnant avec, à quelques exceptions près, la même armada de joueurs qu'en 2008 et 2010. Il s'articule toujours autour des délégations du FC Barcelone et du Real Madrid, qui ont cristallisé l'attention populaire et médiatique depuis deux saisons.

En plus de l'apparition de tensions entre les deux camps, cette dualité poussée à l'extrême peut aussi expliquer l'accumulation de fatigue. Xavi a, par exemple, disputé l'Euro, la Coupe des confédérations et le Mondial entre les étés 2008 et 2010. À cela s'ajoutent les longues saisons européennes constituées des tournées estivales, du championnat, des coupes nationales, de la Ligue des champions et du Mondial des clubs. D'ailleurs, l'Espagne sera privée de deux piliers, blessés, en Carles Puyol et David Villa, meilleur buteur en 2008 et à égalité au sommet en 2010.

Si la continuité prédomine en Espagne, l'Italie a plutôt vécu une rupture depuis 2010. Cesare Prandelli a eu la mission de rajeunir un effectif arrivé en fin de course sous Marcelo Lippi. Malgré quelques anicroches en amical, il s'en est plutôt bien sorti avant de voir sa préparation être sapée par une cascade de problèmes.

C'est d'abord son attaque qui a été la source de maux de tête. Giuseppe Rossi? Forfait. Antonio Cassano? Victime d'ennuis cardiaques avant de revenir au jeu en mai. Mario Balotelli? Fidèle à lui-même avec des frasques en tout genre.

Puis, Prandelli a navigué dans les remous causés par le Calcioscommesse, ce scandale de paris truqués qui a impliqué directement ou indirectement Domenico Criscito, Leonardo Bonucci et même le légendaire gardien Gianluigi Buffon. «Si, pour le bien du football, la Nazionale devait ne pas aller à l'Euro 2012, ce ne serait pas un problème», a même lancé le sélectionneur italien. L'Italie sera évidemment bien présente avec de belles cartes en main dont l'ossature défensive de la Juventus de Turin.

La surprise croate?

Depuis sa troisième place au Mondial de 1998, la Croatie est constamment étiquetée comme l'équipe surprise de chaque tournoi. L'optimisme est cependant moins évident cette année au sein du public ou des médias nationaux, qui lui prédisent la troisième place du groupe. Sa défense est jugée trop lente et son animation offensive, essentiellement basée sur la contre-attaque, trop dépendante des coups de patte de Luka Modric. Meilleur buteur de son équipe en qualifications, l'attaquant Ivica Olic sera finalement absent de ce tournoi qui se veut la dernière mission du sélectionneur Slaven Bilic après six années de bons et loyaux services. Cet Euro constitue également le dernier tournoi international pour plusieurs joueurs croates, ce qui pourrait décupler leur motivation.

Dix ans après son dernier tournoi majeur, la République d'Irlande en est-elle réduite à un rôle de trouble-fête? Limités en terme de talent, les hommes de Giovanni Trapattoni compensent par une volonté de fer et une organisation défensive efficace, mais fortement critiquée. Pour voir du spectacle, l'Italien avait plutôt conseillé à ses détracteurs d'aller au Madison Square Garden ou à la Scala.

La fantaisie ne sera donc pas au programme chez des Irlandais davantage tournés vers le pragmatisme et aussi vers Robbie Keane, auteur de la moitié des buts en qualifications. Voilà un style qui peut contrecarrer le jeu de possession espagnol et nuire à l'Italie qui n'a jamais battu l'Irlande de «Trap».

Prédiction:

1- Espagne

2- Italie

3- Croatie

4- République d'Irlande