Et si les deux meilleurs buteurs de la Bundesliga en 2011-2012 entamaient l'Euro sur le banc? Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Néerlandais Klaas-Jan Huntelaar et l'Allemand Mario Gomez sont victimes de l'intense concurrence qui règne dans leur sélection respective. Pas étonnant alors que les Pays-Bas et l'Allemagne soient constamment cités parmi les favoris du tournoi lorsqu'ils croiseront d'abord le Portugal et le Danemark dans le groupe de la mort.

Avec les Espagnols, les Allemands sont ceux qui réunissent le plus de suffrages quand vient le temps de prédire le vainqueur. Comment pourrait-il en être autrement? Après ses échecs du début du siècle, le soccer allemand a fait sa révolution en s'ouvrant aux jeunes joueurs issus des communautés ethniques et en obligeant chaque club professionnel à posséder son propre centre de formation.

Le résultat est une équipe allemande technique et emballante qui joue à l'opposé de ses prédécesseurs. Troisième lors des deux derniers Mondiaux, finaliste de l'Euro 2008 et invaincue en qualifications, l'Allemagne a tous les atouts pour gravir la dernière marche.

Derrière l'homme des grandes occasions, Miroslav Klose, les cinq milieux de terrain devraient être les mêmes qu'en Afrique du Sud. Avec les Mesut Ozil ou Thomas Müller, la moyenne d'âge de ce secteur ne dépasse même pas les 25 ans. En cas d'imprévu, une nouvelle génération éclaboussant le championnat allemand de son talent est déjà prête: Toni Kroos, Mario Götze, Marco Reus, André Schürrle...

La seule petite interrogation concerne une défense centrale qui, sauf dans le cas de Per Mertesacker, n'a pas une énorme expérience des gros rendez-vous en sélection.

L'héritage néerlandais

La finale perdue par les Pays-Bas au Mondial 2010 s'est accompagnée de critiques extrêmement virulentes envers le sélectionneur Bert van Marwijk, dont l'une était d'avoir tourné le dos à un bel héritage néerlandais des 40 dernières années axé sur l'attaque et la possession. La réponse des «Oranje» a été sans appel avec 3,7 buts inscrits en moyenne par match et une impression de puissance lors des qualifications.

La lourde défaite devant l'Allemagne en amical (3-0), au mois de novembre, a cependant rappelé que le travail de Van Marwijk ne faisait que commencer. S'il va s'appuyer sur le même groupe qu'en 2010, à l'exception du retraité Giovanni van Bronckhorst, il devra néanmoins faire quelques choix déchirants.

La majorité concerne un secteur offensif trop profond et talentueux par rapport aux places disponibles. Encore une fois, Rafael van der Vaart pourrait être relégué au simple rang de remplaçant si Nigel de Jong lui est préféré dans l'entrejeu. Van Marwijk devra aussi décider qui de Robin van Persie, auteur de 30 buts avec Arsenal, ou de Huntelaar aligner en pointe. Le premier a aussi la possibilité de jouer sur le côté droit ou en soutien de l'attaquant.

Toute cette attention dirigée vers l'Allemagne et les Pays-Bas fera-t-elle l'affaire du Portugal? Si la force collective de la Seleção est moindre par rapport aux deux favoris du groupe, le facteur Cristiano Ronaldo n'est pas négligeable.

Buteur à 60 reprises avec le Real Madrid cette année, le natif de Funchal reste l'âme et le moteur d'une équipe qui a retrouvé le sourire sous le populaire Paulo Bento. En plus d'avoir joué avec Ronaldo au Sporting Portugal, il a entraîné plusieurs autres joueurs avant sa nomination, en septembre 2010.

Si Bento n'a pas révolutionné le jeu portugais, il a instillé des tactiques moins frileuses et moins dépendantes de Ronaldo comparativement à son prédécesseur. Longtemps à la recherche d'un véritable numéro 9, le Portugal misera sur Helder Postiga, dont le ratio de buts est plus important en sélection qu'en club.

Ironiquement, les Portugais ont obtenu leur qualification au terme des barrages après avoir été devancés par les Danois dans le groupe H. Ces mêmes Danois que les lusophones retrouveront le 13 juin.

Sans être les plus spectaculaires, les Scandinaves restent toujours une valeur sûre, alliant organisation et combativité. Nicklas Bendtner, à la finition, et le jeune génial Christian Eriksen, à la création, seront deux des joueurs à surveiller.

Même si les Danois auraient préféré tomber dans un groupe plus facile, leur histoire a déjà été estampillée du sceau de la surprise. Appelés à la dernière minute lors de l'Euro 1992 - à la place des Yougoslaves -, ils avaient fini par soulever le précieux trophée.

Prédiction:

1- Allemagne

2- Pays-Bas

3- Portugal

4- Danemark