Et si Raymond Domenech avait rendu service à Samir Nasri en ne le sélectionnant pas pour le Mondial sud-africain? C'est du moins l'opinion de l'entraîneur d'Arsenal, Arsène Wenger, qui estime que son milieu de terrain a gagné en maturité depuis ce coup dur.

Après deux premières saisons en demi-teinte chez les Gunners, le Français de 23 ans s'impose comme l'élément le plus régulier depuis le mois d'août. La pierre angulaire d'une équipe qui trône en tête de la Premier League devant Manchester United et Chelsea.

Depuis ses débuts sous les couleurs de l'Olympique de Marseille il y a cinq ans, Nasri est surtout considéré comme un bon dribbleur doté d'une excellente vision du jeu. Donc plus enclin à organiser qu'à faire trembler les filets. Son titre de meilleur passeur de la Ligue 1 au terme de la saison 2007-2008 en est une bonne preuve.

Cette année, Nasri a également gagné en confiance dans la surface adverse. Alors qu'il n'avait jamais marqué plus de sept buts dans une saison, il en compte déjà 11 en seulement 19 matchs. Presque autant que lors de ses deux premières années à Londres.

Le meilleur exemple de cette réussite a eu lieu samedi dans une victoire de 2-1 face à Fulham. En première mi-temps, Nasri a d'abord crocheté calmement deux défenseurs adverses avant de trouver le cadre d'une frappe puissante. Il a ensuite donné la victoire à Arsenal grâce à un slalom dans la surface ponctué par un tir en pivot d'un angle très fermé.

Ces deux éclairs de génie dans une rencontre relativement terne pour les Londoniens lui ont valu des notes frisant la perfection dans les médias anglais. Et d'autres louanges de son entraîneur qui estime que Nasri a aujourd'hui «davantage de variations dans son jeu» grâce à des progrès «autour et loin du ballon».

Polyvalence

Si le match de Fulham est une référence dans le cas de Nasri, c'est qu'il démontre aussi sa polyvalence. Après avoir débuté au poste de milieu droit, il a ensuite reculé d'un cran pour évoluer dans l'axe aux côtés d'Alex Song.

Ce débat sur le positionnement de Nasri le poursuit depuis ses débuts professionnels. Est-il un meneur de jeu? Un milieu relayeur? Un joueur de couloir capable de jouer à droite comme à gauche? Un peu de tout, finalement.

«Si vous le lui demandez, il vous dira qu'il veut jouer dans l'axe, a ainsi indiqué Wenger au Mirror il y a quelques semaines. Si vous me le demandez, en ce moment, je le vois davantage sur les flancs. Mais ce n'est pas comme si nos joueurs étaient prisonniers de la zone dans laquelle ils doivent jouer.»

Il faut dire que Nasri a un concurrent de taille dans l'axe. Si Tomas Rosicky évoluait au poste de meneur de jeu contre Fulham, ce rôle est habituellement occupé par Cesc Fabregas, actuellement blessé.

En raison justement des performances de Nasri, l'absence de l'Espagnol n'a pas empêché Arsenal d'enchaîner avec deux victoires depuis le 27 novembre. Déjà, certains voient le Français prendre le relais de Fabregas si un transfert à Barcelone se matérialisait l'été prochain.

Au cours des prochaines semaines et prochains mois, Nasri devra convaincre les autres sceptiques en reproduisant ce genre de performances tout en évitant les blessures qui ont miné son début de carrière.

Le patron chez les Bleus?

L'autre défi de Nasri est aussi de s'établir hors de tout doute en équipe de France. Après avoir été oublié par Domenech, il est déjà devenu l'un des visages de l'ère Laurent Blanc grâce à trois bons matchs contre la Roumanie, le Luxembourg et en Angleterre.

Lors de ce dernier match, il a aussi favorablement répondu à ceux qui se demandaient si Yoann Gourcuff et lui pouvaient évoluer ensemble sans se marcher sur les pieds. Avec Nasri légèrement plus offensif que le Lyonnais dans un milieu à trois éléments.

«Quand on en a l'occasion, il ne faut pas se priver de deux meneurs, a martelé Nasri dans la presse française. Xavi et Iniesta arrivent bien à cohabiter en Espagne, non?»