Alors qu'il entame à près de 36 ans sa 17e saison avec son club de toujours, Paul Scholes reste l'un des atouts majeurs de Manchester United dans sa tentative de reconquête de la Ligue des champions, qui commence mardi par un match délicat à domicile contre les Glasgow Rangers.

Brillant dès le Community Shield, traditionnel match d'ouverture gagné face à Chelsea (3-1), le petit (1,68 m) milieu de terrain rouquin a été le roc auquel le club s'est accroché pour limiter les dégâts lors d'un début de saison mitigé. Après quatre matches et déjà deux nuls, les Red Devils accusent un retard de quatre points sur l'impeccable leader Chelsea.

Auteur d'un but, son 150e en club toutes compétitions confondues, contre Fulham, Scholes a excellé à chaque sortie dans son rôle de chef d'orchestre. Devant Newcastle (3-0), il a réussi pas moins de 104 passes et samedi encore, face à Everton (3-3), c'est lui qui a donné le troisième but à Berbatov d'une très longue ouverture depuis la ligne médiane, une de ses spécialités.

L'homme de Salford, dans la banlieue de Manchester, a été élu «joueur du mois» et des voix n'ont pas tardé à s'élever pour réclamer son retour en équipe d'Angleterre, six ans après sa 66e et dernière cape en quart de finale de l'Euro-2004.

Cette énième tentative n'a pas plus abouti que celle menée avant la Coupe du monde par Fabio Capello. Ayant peu apprécié d'être contacté par l'adjoint de l'Italien et non pas par le sélectionneur lui-même, il l'avait poliment repoussée.

«Côté sombre»

Le joueur, qui a tout gagné en club, notamment 9 Championnats et 2 Ligues des champions, mais rien en équipe nationale, a depuis avoué qu'il regrettait cette décision. L'Angleterre aussi, au vu de la désastreuse performance des Trois Lions en Afrique du Sud.

Elle lui a au moins permis de se reposer pour attaquer à fond une saison 2010-2011 présentée par lui-même au printemps comme sa dernière, peut-être un peu précipitamment.

Car Alex Ferguson, contraint de batailler l'année dernière pour le convaincre de ne pas raccrocher, le voit maintenant jouer jusqu'à 40 ans, comme son compère du milieu de terrain Ryan Giggs, d'un an plus âgé.

«A Noël, je ne me voyais pas continuer», a avoué cet homme discret en dehors du terrain, qui a commencé à passer ses diplômes d'entraîneur, au cas où.

Le manager historique de Manchester United n'a pas assez de mots pour louer son fidèle protégé. «Il est dans sa meilleure forme depuis des années. Quand on pense qu'il évolue au milieu de terrain, là où le jeu est le plus intense, c'est éblouissant», dit-il.

Ferguson n'est pas le seul admirateur de renom de l'inusable Scholes. Zinedine Zidane lui-même l'a récemment classé parmi les tout meilleurs, avouant qu'un des regrets de sa carrière était de ne pas avoir pu jouer dans la même équipe que lui.

La seule note discordante dans ce concert de louanges est venue d'Arsène Wenger, le rival de tant de matches au sommet. Selon le manager d'Arsenal, Scholes aurait aussi son «côté sombre», celui des tacles pas toujours maîtrisés qui lui ont valu une abondante récolte de cartons (81 jaunes, 4 rouges) collant mal avec le label d'artiste.