La défaite chez son rival honni de Tottenham mercredi (2-1) a quasiment condamné Arsenal à se résigner à une cinquième saison sans titre, série inédite depuis les années 1980.

Si les Gunners ont été brillants par épisode, contre Porto en Ligue des champions ou à Liverpool en championnat, ils sont apparus fébriles dans les grands matches.

Cette saison blanche qui s'annonce est considérée comme un échec par l'entraîneur Arsène Wenger qui croit contre vents et marées à sa nouvelle génération, patiemment bâtie après le départ des «légendes», Dennis Bergkamp, Robert Pires, Patrick Vieira ou Thierry Henry.

L'asphyxie des cimes

Les saisons précédentes, Arsenal avait laissé filer des points contre les «petits». Ce fut moins le cas cette saison. Mais les Gunners n'ont pas existé au sommet. Ils ont perdu leurs quatre matches contre leurs rivaux, Manchester United et Chelsea. Ils n'ont gagné qu'une de leurs sept rencontres entre clubs du «Top Five» (contre Tottenham), pour six défaites, 16 buts encaissés et 8 marqués.

Le scénario est similaire en Ligue des champions. Arsenal a brillé contre les seconds couteaux. Confronté au haut du panier européen, Barcelone, il s'est écroulé (nul heureux 2-2, déroute 4-1 en Espagne). Les Gunners sont une très bonne équipe. Mais chez eux comme en Europe, ils peinent à s'affirmer comme un grand.

Les blessés

Le club londonien n'a pas été gâté. Il a perdu très tôt dans la saison son meilleur atout offensif, Robin Van Persie, entré en jeu mercredi pour la première fois depuis début novembre. L'ordonnateur du jeu Gunner, Cesc Fabregas, a également été victime de pépins physiques, le milieu Samir Nasri a raté le début de saison et Aaron Ramsay s'est fracturé la jambe au moment où il semblait sur le point d'exploser. Derrière, William Gallas (mollet) n'a pas joué en championnat depuis février. Jusqu'à la fin de saison, l'axe de la défense sera privé de l'autre titulaire, Thomas Vermaelen.

La politique Wenger en question

Contraint par l'endettement né de la construction de l'Emirates et par la politique du club de ne pas vivre au-dessus de ses moyens, Arsène Wenger se repose sur une équipe jeune. Mais l'expérience d'un Vieira ou d'un Henry ne se bâtit pas en un jour. Et Arsenal manque de cadres. Une des rares recrues de poids de Wenger, Andreï Arshavin, a réclamé l'arrivée de joueurs de premier plan. Pour l'heure, il n'a pas été entendu.

L'avenir incertain

Il reste à démontrer que les «stars» ne vont pas se lasser, notamment Robin Van Persie et Cesc Fabregas. L'Espagnol a pu mesurer l'écart entre Arsenal et son club formateur de Barcelone, lors du quart de finale de Ligue des champions. Annoncé partant à de nombreuses reprises, il a toujours démenti. Mais il demandera peut-être plus d'ambition sur le marché des transferts. Si lui ou Van Persie devaient partir, toute l'équipe s'en trouverait fragilisée.

L'autre incertitude concerne Wenger, désormais âgé de 60 ans. Son contrat expire en juin 2011. Le Français doit engager des négociations pour une prolongation en septembre et a affirmé qu'il ne partirait pas «tant que cette jeune génération n'aura rien gagné». Son départ serait un séisme pour un club qu'il a bâti à son image.