Arsenal avait l'habitude de jouer le titre de champion d'Angleterre lors de ses duels face à Manchester United, mais samedi, c'est sa réputation et son image qu'il lui faudra défendre à l'Emirates Stadium lors de la 12e journée.

Après trois matches sans victoire (Tottenham, Stoke, Fenerbahçe), les doutes jusqu'alors sous-jacents sont exprimés publiquement. Actuellement 4e, Arsenal «manque de moelle», selon un adversaire récent, Stoke.

«Qui sera le 14e entraîneur (ndlr: professionnel anglais) viré cette saison ?», demande à ses lecteurs à côté d'une photo d'Arsène Wenger, le Daily Mail qui s'interroge encore: «Peut-il gagner quelque chose avec des gamins ?».

«Est-il temps que Wenger s'en aille ?», s'enquiert également le Times qui répond en donnant déjà le nom de ses successeurs potentiels, Frank Rijkaard, Marco Van Basten, Slaven Bilic... Les bookmakers ont même ouvert les paris sur la présence de l'Alsacien à Londres la saison prochaine.

Pour l'heure, Wenger, 59 ans, est à l'abri, protégé par ses douze ans au club, ses trois titres de champion, son aura, et son incontestable apport au football anglais.

Mais les critiques sont de plus en plus ouvertes, à l'image de celles de l'ex-attaquant irlandais Tony Cascarino selon qui Arsenal «ne gagnera pas de nouveau titre sous Arsène Wenger». A l'en croire, les Gunners seraient victimes de l'«obsession de la jeunesse et du potentiel» de l'entraîneur, de son «entêtement» qui l'ont conduit «à refuser la valeur de l'expérience» et à acheter des stars.

Les Gunners ne font plus peur

La défaite contre Fulham en août pouvait être mise sur le compte d'un loupé de début de saison, celle face à Stoke considérée comme un accident. Mais, comme semble en avoir conscience Wenger à en juger par la virulence de son attaque contre les «lâches» joueurs du promu, le revers de la semaine passée à Stoke est plus grave.

Il a montré qu'Arsenal ne faisait plus peur, que ses adversaires envisageaient de dominer et de gagner. Arsenal ne dispose plus de joueurs «intimidants», comme Patrick Vieira ou même Gilberto, dont Wenger a choisi de se séparer.

Le respect des supporteurs pour l'équipe ne semble plus acquis, comme l'ont montré les sifflets de l'Emirates visant son attaquant Nicklas Bendtner contre Fenerbahçe.

Face à une équipe qui a remporté cinq de ses six derniers matches de Championnat, qui a marqué dans cette compétition lors de ses 34 dernières rencontres, la tâche sera titanesque pour Arsenal et sa défense si friable, encore privée de William Gallas. Malgré un nez fracturé, Mikaël Silvestre devrait jouer.

Devant, ce n'est pas plus brillant: les Gunners seront privés de leurs attaquants Emmanuel Adebayor, Theo Walcott (blessés) et Robin Van Persie (suspendu).

Que reste-t-il aux Gunners ? Gallas, capitaine contesté, demande à ses troupes «de se battre en soldats». Certains y verront de la fierté. D'autres le ton martial employé en dernier recours, quand il ne reste plus que l'énergie du désespoir. En cas de défaite samedi, Arsenal perdra bien plus que le titre.