L'Impact a demandé l'aide de la police, samedi dernier, pour que des partisans restent assis pendant le match contre les Rapids du Colorado. La présence des forces de l'ordre dans les gradins a laissé plusieurs partisans perplexes.

«Ça m'a vraiment insulté. Quand je vais voir des matchs à l'étranger, j'ai déjà vu des policiers pour contrôler des partisans adverses qui avaient un comportement hostile. Mais demander le renfort de la police pour contrôler ses propres fans, c'est vraiment bizarre», a déclaré Francis Leduc, qui possède un abonnement dans la section 131, exactement la zone où l'on demande aux partisans de demeurer assis pendant les matchs.

C'est que la section 131, qui était en admission générale, a changé de statut avant le début de la présente saison. Au lieu d'être un secteur «premier arrivé, premier servi» où la plupart des fans se tiennent debout durant les matchs, il s'agit maintenant d'une zone où les partisans doivent réserver leurs sièges et y rester assis.

L'Impact défend le changement de statut, affirmant que les places en admission générale ne se vendaient pas suffisamment.

«On a 1500 places debout dans le stade et elles sont à moitié vendues, explique Richard Legendre, vice-président exécutif de l'Impact. Depuis qu'on a changé le statut de la section 131, on a augmenté de 86% nos ventes... Ce n'est pas l'offre qui manque pour les partisans qui veulent être debout. L'offre est tellement là qu'on s'est aperçu qu'on en avait trop.»

M. Legendre soutient que plusieurs clients se sont plaints d'avoir la vue obstruée dans les rangées plus à l'arrière de la section. Un courriel a donc été envoyé à tous les détenteurs d'un abonnement dans la section 131 vendredi dernier, à la veille du match contre les Rapids du Colorado, pour leur rappeler qu'ils ne pouvaient plus se tenir debout.

Pendant le match, des employés du service à la clientèle et une dizaine d'agents de sécurité se sont promenés dans la zone 131 pour tenter de faire asseoir les partisans. «Les policiers, ils étaient peut-être deux, étaient là pour assurer la sécurité de tout le monde. Ce sont les agents qui sont intervenus», affirme M. Legendre.

Les partisans qui avaient acheté leur abonnement dans la section 131 avant que le changement de statut ne soit annoncé ont d'ailleurs eu deux options: ils ont pu sélectionner un siège ou se déplacer dans la section 132, qui est prise d'assaut par les Ultras, des partisans qui chantent des refrains et crient des encouragements pendant les 90 minutes de chaque match, sans jamais s'asseoir. Les places de cette section sont vendues en admission générale.

«On est là religieusement» 

Annie Bélanger dénonce le fait que l'Impact apporte des changements «au 131» sans consulter ses membres. En plein milieu de la saison dernière, cinq ou six rangées de sièges ont été enlevées de la section. «Leur discours change. Ils avaient enlevé des bancs en espérant que l'ambiance du 132 se propage dans notre section. Ça s'est fait sans qu'ils consultent les membres de la section», affirme celle qui assiste à chaque match depuis plus de cinq ans.

Francis Leduc aimerait pour sa part que l'Impact partage la même culture du soccer que les autres stades de la MLS et d'Europe, où les partisans bruyants demeurent debout derrière les buts.

«Ce que je trouve décevant, c'est que les gens qui se plaignent [d'avoir la vue bloquée], ils viennent une fois par saison ou moins. Nous, on est là beau temps, mauvais temps. On se pointe deux heures à l'avance, qu'il y ait de la pluie battante ou une canicule. Et même quand l'équipe a une saison décevante, on est là religieusement.»

M. Leduc se demande d'ailleurs s'il renouvellera son abonnement pour la saison 2019. «Je suis capable de regarder les matchs dans mon salon», dit-il sur un ton déçu, mais résolu.