On peut se fier au match de l'Impact à Philadelphie pour résumer la saison, avec ses flottements défensifs, son énième blessure en charnière centrale, sa meilleure deuxième mi-temps et, finalement, l'apport de la jeune garde offensive.

Et puis, il y a le côté gauche montréalais à l'origine de deux des trois buts.

Après ce match, l'entraîneur de l'Union, Jim Curtin, a d'ailleurs vanté ce flanc («sa plus grande force avec Ambroise Oyongo et Nacho Piatti») et souligné les ajustements que cela avait requis pour son équipe.

Bon, il ne faut pas posséder les connaissances encyclopédiques d'un Pep Guardiola pour comprendre que les entraîneurs adverses, dont Curtin, inscrivent en gros le nom de Piatti avant d'affronter le bleu-blanc-noir. Après ses 17 buts et ses 6 passes décisives de 2016, l'Argentin est impliqué dans la moitié des buts, cette saison.

«Pour moi, Nacho est le meilleur joueur de la ligue, a estimé l'entraîneur adjoint Jason Di Tullio, en réaction aux propos de Curtin. Avec Ambroise qui a l'intensité et le volume pour monter, c'est difficile de les arrêter pendant 90 minutes.»

«Quand tu as le meilleur joueur de la ligue qui joue sur un côté, c'est normal que ce soit à partir de là que tu attaques.»

On peut parfois pester contre la qualité des centres d'Oyongo, mais le latéral est celui qui touche le plus de ballons par match. Depuis le début de l'année, 13,3% des touches de l'Impact ont été faites par le Camerounais. En intégrant Piatti dans l'équation, c'est 21,8% des ballons qui passent par le flanc gauche contre 14,2% pour le tandem le plus utilisé à droite, soit Chris Duvall et Dominic Oduro. À Philadelphie, la tendance a été flagrante.

«On aime tous les deux avoir le ballon. Nacho et moi, on se comprend puisque c'est la troisième saison que l'on fait ensemble, a rappelé Oyongo. On essaie de pouvoir combiner comme ça à chaque fois. Si on a autant de ballons durant les prochains matchs, je pense qu'on fera mieux qu'à Philadelphie.»

Que faire à droite?

Parole d'Oyongo, le côté gauche montera encore en puissance et sera encore une valeur sûre d'ici quelques mois.

À y voir de plus près, il s'agit du seul secteur pour lequel on peut anticiper, sauf soucis physiques, une certaine constance. La défense change constamment de visages, le milieu de terrain accueillera bientôt Blerim Dzemaili et le poste de milieu droit est très, très loin d'être acquis à Oduro. Rappelons-nous les multiples essais de Mauro Biello, au milieu de la saison dernière, alors que la stabilité régnait à gauche.

«Il y a une dynamique différente à droite. On travaille tous les jours pour voir comment on peut débloquer ce côté-là en sachant qu'il y a Nacho qui peut faire la différence à gauche, comme à Philadelphie, samedi dernier», a déclaré Jason Di Tullio. 

Il est tout de même normal que le jeu d'une équipe penche d'un côté. Mais si Piatti a toujours des crochets spectaculaires et des petits miracles en banque, une petite aide ne serait pas superflue à l'occasion.

Au vu des derniers matchs, elle porte un nom: Ballou Jean-Yves Tabla. «Pour moi, c'est mieux que Ballou soit dans l'équipe et sur le terrain. Il me donne de la facilité à moi, mais aussi à toute l'équipe», a reconnu le joueur désigné argentin, au moment d'aborder l'apport du numéro 13.

«Il donne plus de possibilités et d'occasions de marquer à toute l'équipe. C'est un très grand joueur, il fait des choses magnifiques. Comme il est jeune, il faut qu'il entre tranquillement dans l'équipe, mais il est prêt.»

Hier après-midi, Biello a caché son jeu quant à l'utilisation de Ballou en vue de la visite des Whitecaps de Vancouver, demain. Pour le public, la perspective de le voir enfin titularisé avec Piatti est particulièrement alléchante. «On travaille sur plusieurs options», a répondu l'entraîneur montréalais. 

«On sait que Ballou a bien joué lorsqu'il a démarré les deux matchs et il a aussi bien fait en entrant en deuxième demie. Ça donne des options, mais on a vu l'efficacité de Nacho et de Ballou quand ils jouaient ensemble.»