Tranquillement, l'idée que cet Impact soit destiné à quelque chose de grand, en 2016, fait son petit bonhomme de chemin. Dimanche, au domicile des Red Bulls de New York - un bastion qu'il n'avait jamais conquis auparavant -, le onze montréalais l'a emporté 2-1 (3-1 sur l'ensemble des deux matchs) et pris rendez-vous avec le Toronto FC en finale d'association.

En difficulté à la fin de l'été, l'Impact a éliminé, coup sur coup, les deux équipes les plus en forme des dernières semaines de la saison. «Les sensations sont très fortes actuellement parce que c'est un obstacle qu'on n'avait pas pu franchir l'année passée, s'est félicité Patrice Bernier. On est euphoriques, mais [aujourd'hui], il va falloir retourner au travail. Ce n'est pas fini.»

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Au risque de se répéter, il y avait encore une bonne touche de Ligue des champions dans ce succès obtenu au Red Bull Arena. Il fallait forcément un collectif fort, uni, et un brin de chance pour écarter les Taureaux particulièrement motivés après la défaite du match aller. On lui promettait même l'enfer dans le premier quart d'heure avec le fameux pressing tout-terrain des New-Yorkais. Mais, assez vite, les petits signes, qui foisonnent en sport, ont vite favorisé l'Impact.

Le meilleur exemple? Une perte de balle de Victor Cabrera a conduit, quelques secondes plus tard, Evan Bush à faucher Gonzalo Veron dans la surface (20e). Puis, comme face à Chris Wondolowski au mois de septembre, le gardien montréalais s'est imposé face à Sacha Kljestan.

«Sacha tire de tous les côtés, mais, la plupart du temps, il choisit à la gauche des gardiens. Face à moi, il a déjà tiré au milieu du but. Je suis allé à droite et [...] j'aimerais remercier Eric Kronberg pour ça, a expliqué Bush. On en a parlé beaucoup et ça montre quel genre d'équipe nous avons. Les joueurs qui ne sont pas sur le terrain contribuent de différentes façons.»

L'arrêt de Bush est dans la lignée de sa fin de saison, émaillée de sauvetages opportuns et spectaculaires. À l'autre bout du terrain, Nacho Piatti a encore fait ce qu'il a fait lors de la grande majorité des matchs: une efficacité incroyable en un contre un et deux frappes qui ont surpris le gardien Luis Robles. Mentions bien spéciales à Dominic Oduro et... Didier Drogba pour les deux passes décisives.

«Nacho, c'est l'homme magique, cette année. Pour moi, il est dans le top 3 et numéro 1 dans la ligue après un match comme ça, a distingué Bernier. Mais le plus important est la Coupe. Il n'y a qu'en la gagnant qu'il va prouver qu'il méritait d'être finaliste [au titre de joueur par excellence de l'année].»

À la 77e minute, Bradley Wright-Phillips a été le seul à tromper Bush malgré plusieurs situations chaudes devant le but montréalais, en fin de match.

Un groupe confiant

Malgré une forte équipe, sur papier, l'Impact est quasiment entré en séries éliminatoires sur la pointe des pieds. Sa victoire à Washington a changé bien des perspectives, le match aller contre les Red Bulls a ensuite servi de confirmation quant au potentiel automnal de l'équipe. Depuis dimanche, l'Impact ne peut plus se cacher. Il n'est pas arrivé là par hasard et peut espérer prolonger sa saison jusqu'au 10 décembre même si le TFC, large vainqueur contre New York City FC, dimanche, est un adversaire redoutable. En trois mots, comment qualifier cet Impact des séries?

«Solidité, humilité et talent, a d'abord répliqué Hassoun Camara. Dans le groupe, on est humbles, solidaires et on montre le talent qu'on a sur le terrain. Après, si l'environnement change, ce ne sera que de la spéculation des commentateurs et des observateurs.»

La notion de groupe résonnait d'ailleurs aux quatre coins du vestiaire. C'est même devenu le thème préféré de Mauro Biello depuis quelques semaines. En écartant toute idée de victoire personnelle, il a vite rendu hommage à ses hommes.

«J'ai 18 guerriers qui ont fait le travail. Didier est entré et il a fait la différence, aussi, avec une passe décisive. Je pense à [Johan] Venegas, [Calum] Mallace et tous les gars qui n'ont pas fait le voyage mais qui, dans la semaine, travaillent fort pour pousser ces joueurs-là. J'ai dit, avant que ça commence, que si on y arrivait, c'était tous ensemble. [...] C'est un groupe qui a commencé à croire qu'il pouvait aller loin. Je suis fier de ça.»

Le match aller de la finale d'association aura lieu le mardi 22 novembre au Stade olympique, alors que le duel retour est programmé le mercredi 30 novembre à Toronto. Certains doivent presque regretter que la pause internationale brise l'élan que s'est donné l'Impact depuis un bon mois. Biello a modéré: «Il s'agit de se reposer, de récupérer, de faire en sorte que les gars soient à 100%, ce qui n'était pas le cas [dimanche], puis d'augmenter la charge de travail afin d'être prêts pour le prochain match.»

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Ils ont dit

Nacho Piatti: «Pour moi, ça veut dire beaucoup. Mais c'est à toute l'équipe que je veux dire merci. On est une équipe très forte quand on joue comme ça, mais ce n'est pas fini. Les deux [Bradley Wright-Phillips et Sacha Kljestan] sont en vacances et moi, je continue. C'est la MLS qui décide, mais je suis content d'être à Montréal et de marquer des buts.»

Hassoun Camara: «On était bien et cohérents en début de match, puis il y a eu cette erreur d'attention qui a failli nous coûter cher. Bush a répondu présent et a montré qu'il était l'un des meilleurs gardiens de la ligue. Il a aidé l'équipe à rester à flot.»

Mauro Biello: «Défensivement, on a été très bien. Oui, ils ont eu beaucoup plus de possession, mais ce n'était pas vraiment - surtout en première demie - des occasions claires. À la fin, c'est un autre gros match de Nacho et d'Evan Bush.»