Pour éviter de «remuer le couteau dans la plaie», de «faire dans la polémique» et «d'envenimer la situation» à un moment décisif de la saison, Didier Drogba n'a pas élaboré sur son refus de s'asseoir sur le banc des remplaçants, le 16 octobre, face au Toronto FC. Mardi, l'attaquant ivoirien a plutôt martelé avoir les yeux rivés vers le deuxième acte de la demi-finale d'Association contre les Red Bulls de New York, dimanche.

Y sera-t-il? Il a fait un grand pas en participant à sa première séance en plus de deux semaines, mardi après-midi. Pendant une heure environ, il s'est entraîné normalement en compagnie des joueurs qui ne faisaient pas partie du onze partant contre les Taureaux, dimanche, au stade Saputo.

«Je ne suis pas rétabli, mais il y a du mieux. Ça fait du bien de bouger un peu sur le terrain, mais il y a encore des douleurs qui m'empêchent de m'entraîner en toute liberté, a raconté celui qui a ressenti des maux de dos après une poussée. [...] Vous demandez si je veux être sur le terrain [dimanche]? Vous pensez que j'ai travaillé depuis le mois de janvier pour refuser d'être sur le terrain? Ce serait quand même dommage de faire toute une saison avec les coéquipiers et ne pas vouloir voyager avec eux. Si je n'y suis pas, c'est qu'il y a une raison médicale ou un choix de l'entraîneur.»

Biello a joué la carte de la prudence quant à la participation et au rôle de Drogba au match retour. Les prochains entraînements, avec des contenus plus lourds, donneront une meilleure idée de la condition du joueur de 38 ans.

De toute façon, l'entraîneur montréalais ne peut guère se priver d'une formule gagnante, autant dans le choix des hommes que dans son schéma tactique. Si Drogba foule la pelouse du Red Bull Arena, ce sera dans le rôle de remplaçant de luxe. Mardi, en tout cas, ce scénario ne semblait pas rebuter le principal intéressé.

«J'ai déjà fait ça au cours de ma carrière, même en Ligue des champions avec Chelsea. J'ai commencé ma carrière comme remplaçant. Je ne vois pas pourquoi ce serait difficile pour moi d'être sur le banc.»

Par ailleurs, les deux hommes ont confirmé, par leurs gestes et leurs propos, que la communication n'était pas brisée même si les divergences sont palpables. «On parle, on discute. C'est sûr, qu'avec son malaise au dos, on discute souvent de comment il va. On travaille ensemble, on veut tous les deux la même chose: gagner. On avance», a situé Biello.

«Des choses ont été dites, mais je ne suis pas un gars qui a de la rancune et qui remet les choses sur le tapis. Il faut aller de l'avant et j'aimerais que vous (les médias) le fassiez également», a prolongé Drogba, guère content du traitement médiatique des dernières semaines.

Fier de ses coéquipiers

L'Impact, en misant sur un bloc défensif hermétique et les contre-attaques, a bien fini la saison avant de remporter deux victoires, en séries, face à des adversaires en grande forme. Drogba a regretté que sa saga ait, à un certain moment, fait de l'ombre aux résultats de l'équipe. Par contre, la réaction de ses coéquipiers est un énorme motif de satisfaction. 

«Dans la semaine (avant le match à Washington), je parlais à quelques joueurs et ils me disaient: "Oui, mais t'es pas là". J'ai répondu: "Si vous n'êtes pas capables de gagner deux matchs sans moi, c'est que vous n'avez rien appris de mon passage ici et vous me rendez vraiment triste". Ils ont compris qu'ils étaient capables de le faire. Dans une carrière, on ne peut pas être forcément au top, surtout à 38 ans, mais l'important est de transmettre quelque chose. Je suis fier quand je vois les gars jouer avec assurance, calme, rigueur et efficacité.»

Absent lors des cinq derniers matchs - trois victoires, un match nul et une défaite - , Drogba s'est mué en premier partisan de l'Impact. Alors que Biello avait annoncé qu'il ne ferait pas le voyage dans la capitale américaine, le joueur désigné est apparu dans les tribunes du RFK Stadium, jeudi dernier, aux côtés de son agent. Qu'il joue ou pas, ce dimanche, il effectuera également le déplacement au Red Bull Arena.

«Je n'ai jamais été en dehors de l'équipe, a-t-il tenu à rectifier. Vous avez eu l'occasion de parler à mes coéquipiers et ils ont dit la stricte vérité. J'étais à Washington parce que vous aviez encore parlé, qu'il y avait rumeur sur rumeur, et ce sont les séries. J'ai toujours dit que j'étais là pour gagner et mon discours n'a pas changé. Il y a de l'adversité, mais je n'ai pas perdu mon objectif de vue.»

Et après? Chaque athlète rêve d'une sortie par la grande porte, mais un titre le 10 décembre prochain, ne signifiera pas la fin d'une longue et grande carrière. Car, oui, Drogba a encore la motivation et la condition physique pour continuer un peu.

«J'ai encore du jus dans les jambes et j'ai encore envie de jouer. Mais avant de penser à ce que je ferais l'année prochaine et où je serais, je veux me focaliser sur ce challenge-là. Tout est permis, on peut rêver et surtout travailler pour y arriver.»