Mauro Biello, membre de l'Impact depuis le premier jour, se souvient «d'avoir sauté des clôtures pour commencer l'entraînement». Evan Bush, dans un passé pré-MLS pas si lointain, se rappelle du casse-tête logistique causé par les allers-retours entre les terrains de Saint-Léonard, de Mont-Royal, puis du complexe Claude-Robillard.

Ce quotidien de sans-domicile d'entraînement fixe a radicalement changé depuis que l'Impact a intégré la caserne Letourneux, désormais baptisé Centre Nutrilait, au printemps 2015. Le bâtiment, dont les rénovations et l'aménagement ont couté 16 millions, a été officiellement inauguré et présenté aux médias, hier matin. «Nous avons parcouru un sacré chemin par rapport à notre situation en 1994, a concédé Joey Saputo avant la visite. Quand on repense où on était à l'époque, comment ça a commencé et où se situe l'organisation, aujourd'hui...»

Par son architecture particulière, avec une tour qui servait au séchage des boyaux d'incendie, la caserne Letourneux ne passe pas inaperçue dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

À l'intérieur, l'Impact a modernisé et arrangé les lieux pour en faire un cadre de vie idéal. Au centre du bâtiment se trouvent une cuisine ainsi qu'une salle à manger qui surplombe une partie du gymnase. Les joueurs s'y échauffent, avant chaque séance, avant d'y revenir par la suite pour effectuer une période de récupération et d'étirements.

En quittant le gymnase vers la gauche, ils rejoignent un lounge, décoré aux couleurs de l'Impact, ainsi qu'une salle de physiothérapie. Au bout du couloir se trouve le luxueux vestiaire de l'équipe première. Des écrans tactiles permettent à chaque joueur de préciser son humeur au début et à la fin de la journée de travail.

À quelques pas de là, un petit escalier mène vers trois bains thérapeutiques, dont un avec un tapis roulant intégré. Voilà la pièce préférée de Bush, qui est également un assidu du gymnase. «Les vrais professionnels donnent ce qu'ils peuvent [peu importe les conditions d'entraînement], mais, maintenant, les gars n'ont plus d'excuse.»

«On voit qu'ils restent de plus en plus longtemps après les entraînements. Il y a maintenant 12-15 joueurs dans le gymnase alors qu'on était une poignée avant.»

Comme le gardien de l'Impact, chaque joueur ou membre du club possède son coin préféré du centre qui comprend quatre terrains d'entraînement. Mais, pour Saputo, c'est la proximité entre toutes les équipes du club qui fait le charme du projet.

«Chaque jour, on peut voir des joueurs de notre Académie qui interagissent avec notre équipe première ou avec le FC Montréal (USL). C'est important si on veut inspirer les plus jeunes joueurs. C'est le facteur le plus important pour moi. On a toutes nos structures au sein d'un même toit», a-t-il dit depuis l'auditorium de 60 places où ont lieu les séances collectives de vidéo.

Les vestiaires du FC Montréal, ainsi que des équipes des moins de 18 et de 16 ans se situent un étage en dessous de celui des pros. Sur les portes, le personnel d'entraîneurs a décidé d'inscrire le nombre de mètres qui séparent les jeunes joueurs du vestiaire de l'équipe première. Des photos d'anciens académiciens ayant fait le saut dans la MLS ornent également les murs du couloir.

«Ils ne sont pas exactement dans la même aile que nous, mais ça ne nous empêche pas de nous croiser quand on sort de l'entraînement et quand les jeunes arrivent, a précisé Wandrille Lefèvre. C'est très bien. Si je me mets à la place des jeunes joueurs qui voient les installations dont bénéficient les pros, ça peut aussi être un élément de motivation supplémentaire.»

Photo André Pichette, La Presse

Le gymnase est à la fine pointe de la technologie.

«Rien à envier »

Nacho Piatti a reconnu qu'il n'a jamais évolué dans de telles infrastructures. Les autres joueurs, passés par des clubs européens, n'avaient également que de bons mots pour leur domicile. «À Marseille, c'était du très haut niveau aussi, mais par rapport à Bastia, c'est incomparable. On est 10 fois mieux, ici. C'est quelque chose que les gens ne voient pas avec le recul, mais les installations qu'on a ici n'ont rien à envier à celles de Ligue 1», a jugé Hassoun Camara.

Les appels de clubs européens sont d'ailleurs la preuve que l'Impact a misé juste. Après Chelsea, l'an dernier, le Real Madrid posera ses valises dans l'enceinte de la rue Letourneux, le mois prochain. Le club turc de Galatasaray avait également contacté l'Impact. Il existe peu de meilleurs moyens d'ajouter des noms importants au sein de son carnet d'adresses et, par la même occasion, d'attirer des joueurs de renom.

«Quand [Jose] Mourinho a vu nos installations, c'était plus facile pour lui d'appeler Drogba et de dire: "Si tu penses venir dans la MLS et que tu as plusieurs clubs en tête, tu ne peux pas te tromper en regardant le centre d'entraînement, à Montréal"», a souligné Joey Saputo.

«Il faut comprendre que les joueurs sont plus souvent ici qu'au stade, a illustré Saputo. Ils sont là six heures par jour, voire plus.»

Ce centre d'entraînement est un arsenal de plus pour l'Impact dont le président a déjà d'autres projets en tête. Deux salles de classe ont déjà été installées pour les joueurs qui suivent le programme sport-études. Saputo s'imagine maintenant regrouper tous les jeunes au sein de sa propre école.

Photo André Pichette, La Presse

Le luxueux vestiaire de l'équipe première de l'Impact.