Le verdict pour Joseph Blatter, président démissionnaire de la FIFA et Michel Platini, candidat à sa succession, tous deux déjà suspendus provisoirement jusqu'au 5 janvier, est attendu «en décembre» a indiqué lundi la justice interne de la FIFA.

Il est reproché à Platini, président de l'UEFA, d'avoir reçu en 2011 un paiement suspect de 2 millions de francs suisses (environ 2,6 millions $ CAN) de la part de Blatter pour un travail de conseiller achevé 9 ans plus tôt. Blatter est également inquiété pour un contrat de droits de télédiffusion présumé déloyal envers la FIFA.

La chambre de jugement de la commission d'éthique «a ouvert sa procédure à l'encontre de Joseph Blatter et de Michel Platini sur la base des éléments transmis par la chambre d'instruction» et «prévoit de rendre son verdict dans les deux cas dans le courant du mois de décembre», selon un communiqué. Ce qui veut dire que le procès de la justice interne de la FIFA a commencé.

La commission d'éthique, qui avait suspendu le 8 octobre les deux personnages les plus puissants de la planète soccer pour une durée provisoire de 90 jours, va cette fois trancher sur le fond.

Sa chambre de jugement va se prononcer sur la base des réquisitions qui lui ont été transmises samedi matin par la chambre d'instruction. Mais avant le rendu du verdict, les avocats de MM. Blatter et Platini pourront «soumettre leur positions, notamment toute preuve en lien avec le rapport de la chambre d'investigation».

Les avocats de Blatter et Platini peuvent également demander «une audition».

Suspension entre 5 et 7 ans?

Selon des sources proches de la commission d'éthique, Platini comme Blatter risquent une suspension comprise entre 5 et 7 ans.

Platini, 60 ans, attend une décision rapide car il est encore officiellement en course pour l'élection à la présidence de la FIFA prévue le 26 février. Sa candidature est pour l'heure gelée le temps de sa suspension.

Les cinq autres candidats enregistrés sont le prince jordanien Ali, le cheikh Salman (Bahreïn), le numéro 2 de l'UEFA Gianni Infantino (juriste italo-suisse), le Sud-Africain Tokyo Sexwale et Jérôme Champagne, un Français ex-vice secrétaire général de la FIFA.

Par ailleurs, Platini avait saisi vendredi le tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, instance sportive indépendante suprême. L'annonce de la clôture de l'instruction et de sanctions requises - sans en préciser la nature - au sein de la justice interne de la FIFA, le lendemain, samedi, avait provoqué la colère de ses conseils. «Il n'y a plus aucune crédibilité à accorder à la FIFA», avait ainsi dénoncé auprès de l'AFP samedi l'avocat de Platini, Me Thibaud d'Alès.

Pour Blatter, 79 ans, l'actuelle suspension n'a pas les mêmes conséquences. La dernière ambition du Suisse était de rester en poste jusqu'au congrès électif du 26 février, date de la désignation de son successeur. Réélu pour un cinquième mandat le 29 mai, il avait renoncé dès le 2 juin, devant l'avalanche de scandales de corruption à grande échelle cernant son instance.