L'Impact est passé par toute la palette des émotions, dimanche, sur le terrain du Crew de Columbus, mais la tristesse et la déception ressortent du lot au terme d'un match complètement fou. En s'inclinant par la marque de 3-1, au terme des prolongations (4-3 sur l'ensemble des deux matchs), le onze montréalais a donc vu sa longue saison 2015 s'achever.

À l'intérieur du vestiaire, l'ambiance tranchait évidemment avec celle des dernières semaines. Les Montréalais ont le sentiment d'être passés à côté de la qualification alors qu'ils la tenaient pendant une bonne partie de la deuxième mi-temps et qu'ils formaient l'équipe solide de l'automne.

> Charles Dubé: La fin du parcours 

Même les petits signes, comme un penalty arrêté par Evan Bush, donnaient l'impression que l'Impact pourrait valider son billet pour la finale d'association contre les Red Bulls de New York. Mais Ethan Finlay (77e) - avec une position de hors-jeu sur l'action - et Kei Kamara (111e) ont surgi pour enterrer les rêves de Patrice Bernier et compagnie.

Le sommaire du match

«C'est quand même une pilule difficile à avaler, a témoigné un capitaine émotif. On avait les chances pour égaliser et aller en tirs de barrage. Mais c'est difficile, c'est comme si on ne réalisait pas que la saison est terminée.»

Début de match compliqué

C'est pourtant bel et bien le dénouement d'une saison démarrée dans l'altitude de Pachuca et qui a ensuite été fertile en rebondissements. Le dernier acte, dimanche soir, est d'ailleurs un résumé parfait de cette année folle.

Ainsi, l'Impact est revenu de loin en ne sortant pas trop amoché d'un début de match très compliqué. À la quatrième minute, Kamara a trompé Bush d'un puissant coup de tête. Un peu plus tard, l'attaquant - impérial dans les airs - a aussi heurté la transversale tandis que Drogba était étendu au sol (12e). La grande différence par rapport au match aller est la façon dont l'Impact a géré les services à l'endroit de Kamara.

«Il nous a causé pas mal de problèmes par sa taille, a convenu Hassoun Camara. S'il a mis autant de buts cette année, c'est qu'il a des qualités. Ç'a été difficile de le contenir, mais malgré tout, on a pu ressortir le ballon et les mettre en difficulté aussi.»

Il a tout de même fallu à l'Impact plus d'une demi-heure avant d'entrer dans son match contre un adversaire qui avait décidé d'écarter rapidement le jeu. La révolte est venue par des tirs lointains de Nacho Piatti, Bernier ou Marco Donadel, tandis que Drogba n'était pas ménagé par la défense du Crew.

«En première demie, avec la foule qui poussait, ça donnait l'impression qu'ils en ont fait beaucoup plus, a jugé Mauro Biello. Mais on a eu des occasions avec Nacho, et leur gardien a fait deux ou trois bons arrêts.» Steve Clark n'a cependant rien pu faire sur une égalisation de Dilly Duka, en position de hors-jeu (40e).

À ce moment précis du match, l'Impact avait non seulement repris l'avantage cumulatif, mais il paraissait le mieux outillé pour marquer le deuxième but en contre-attaque. Au coeur d'une deuxième mi-temps emballante, le vent a de nouveau soufflé en faveur des locaux. Les rebondissements et tournants du match n'ont pas manqué, comme sur un penalty sifflé pour une faute peu évidente de Laurent Ciman sur Finlay (68e).

«Il n'y avait jamais de penalty, il faut arrêter. Des cartons ont été sortis un peu bizarrement», a pesté le défenseur belge. La décision arbitrale n'a finalement pas eu de conséquences, puisque Bush, un habitué de l'exercice, a stoppé la tentative de Kamara.

«C'était un bel arrêt. À ce moment, on pense que, peut-être, le momentum va tourner en notre faveur, mais Columbus est une bonne équipe. Ils ont affiché leurs qualités en fin de match», a commenté Biello.

De la fierté

Après la déception et les regrets, la fierté a aussi pointé le bout de son nez dans le discours des Montréalais. Il y a une dizaine de matchs, l'Impact était encore une équipe qui, malgré un beau potentiel sur papier, cherchait encore à lancer sa saison. Dans la dernière ligne droite, y compris le match de dimanche, elle a quasiment toujours montré qu'elle pouvait se remettre des situations les plus délicates.

«Je suis fier de la réaction des joueurs et la façon dont ils se sont unis comme groupe. On a démontré ça jusqu'à la toute fin. On était une équipe qui a voulu pousser jusqu'à la mort, a expliqué Biello. On a gagné cinq matchs d'affilée avant [dimanche] soir et on était en bonne forme avant les séries. C'est dommage la façon dont ça s'est terminé, mais on a montré du caractère et un esprit combatif. C'est quelque chose d'important pour le futur.»

Justement, l'Impact amorcera la prochaine saison avec le même noyau qu'en 2015. Biello, l'un des grands artisans du bel automne, n'a pas souhaité commenter sa situation personnelle. «Il n'y a pas eu d'offre. On va prendre le temps de discuter après la saison.»

___________________________________

Ils ont dit

> Hassoun Camara: «C'est cruel parce qu'on a manqué un peu de réalisme offensivement et défensivement. Mais, à la fin, on a tout donné. Il y avait pas mal de fatigue, mais on a donné le maximum. Ça n'a pas suffi, mais personne n'a triché. On va essayer de tourner la page et essayer de revenir plus haut.»

> Laurent Ciman: «On a tout donné, on a même poussé dans nos réserves. En prolongation, ça se joue sur des détails. On a eu des occasions, mais on n'a pas marqué. Ils en ont eu aussi, mais ils ont réussi à les mettre au fond. Quand on voit la physionomie du match, on peut être frustré car on pouvait aller jusqu'aux tirs au but.»

> Mauro Biello: «Il y a eu des moments difficiles, mais aussi des bons moments. On s'attendait à voir une équipe très forte en possession. On a grandi en première demie avec des occasions d'égaliser. On a bien commencé la deuxième mi-temps, mais ils ont pris l'avance. On a tenu le coup jusqu'à la fin, mais ils ont réussi à marquer.»

> Donny Toia: «On a montré, [dimanche] soir, en séries et tout au long de la deuxième moitié de saison, qu'on était capables de tout. On est capables de gagner la MLS Cup [en 2016], cela va prendre plus d'entraînements ensemble.»

> Calum Mallace: «Columbus est une bonne équipe. On venait ici avec un bon résultat à domicile, mais on ne voulait pas s'appuyer seulement là-dessus. On voulait aussi développer notre jeu.»

> Patrice Bernier: «On a commencé difficilement, mais on s'est remis dans le match. L'équipe a travaillé et démontré le même caractère qu'au cours de la saison. C'est fini, il va falloir vivre avec.»