Après des mois de silence, tout du moins en public, des commanditaires historiques américains de la FIFA, plongée dans un vaste scandale de corruption, ont demandé vendredi la tête de son président Sepp Blatter qui a aussitôt annoncé qu'il ne démissionnerait pas.

Coca-Cola, McDonald's, Visa et Budweiser: quatre des plus gros partenaires de la Fédération internationale de football ont lancé une offensive sans précédent.

Elle intervient une semaine jour pour jour après l'ouverture d'une procédure pénale en Suisse contre Blatter qui doit, normalement, abandonner son poste en février prochain.

Ce sont d'abord les poids lourds de l'économie américaine et mondiale Coca-Cola et McDonald's qui ont lancé une offensive, qui semble concertée, sous la forme de communiqués sans équivoque publiés simultanément.

«Pour le bien du football, la compagnie Coca-Cola demande au président de la FIFA, Joseph Blatter, de démissionner immédiatement, afin qu'une procédure de réforme crédible et viable puisse sérieusement commencer», a indiqué le géant des boissons non alcoolisées.

«La FIFA a besoin d'une réforme globale et urgente et ceci ne peut être accompli qu'à travers une véritable approche indépendante», poursuit Coca-Cola.

«Les événements des dernières semaines ont continué de ternir la réputation et diminué la confiance du public en son leadership», a déploré de son côté McDonald's.

30 millions de dollars par an

Visa et Budweiser, joints par l'AFP, ont enfoncé ensuite le clou.

«Nous ne croyons pas qu'une réforme profonde de la FIFA puisse avoir lieu avec la direction actuelle, et après les événements de la semaine dernière, il est clair qu'il est dans les meilleurs intérêts de la FIFA et du football que Sepp Blatter démissionne immédiatement».

Visa et Coca-Cola font partie des partenaires dits globaux de la FIFA: entre 2010 et 2014, ils ont déboursé chacun chaque année 30 millions de dollars (26,8 M d'euros) pour bénéficier de ce statut et pouvoir l'utiliser dans leurs publicités et stratégies marketing.

Le groupe Anheuser Busch InBev, maison-mère du brasseur Budweiser et commanditaire de la FIFA depuis 1986, a indiqué de son côté qu'il «serait bienvenu que M. Blatter quitte son poste».

«Nous croyons que sa présence est un obstacle au processus de réforme», a souligné le N.1 mondial de la bière.

La réponse de Blatter n'a pas tardé: par la voix de son avocat américain, il a indiqué qu'il resterait à son poste jusqu'en février prochain.

«Si Coca-Cola est un commanditaire apprécié de la FIFA, M. Blatter est, malgré tout son respect, en désaccord avec sa position et pense que quitter son poste maintenant ne serait pas dans le meilleur intérêt de la FIFA ni ne servirait le processus de réforme. C'est pourquoi il ne démissionnera pas», a expliqué son avocat, Richard Cullen.

Dyke: «Une bonne nouvelle»

Depuis le 27 mai et l'arrestation de plusieurs hauts responsables du football mondial dans un hôtel à Zurich (Suisse), sous l'impulsion de la justice américaine, sur fond de soupçons de corruption à grande échelle, la FIFA vit au rythme des révélations et des scandales.

M. Blatter, président démissionnaire, est visé personnellement depuis fin septembre par une procédure pénale suisse pour un versement présumé illégal de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) en faveur de Michel Platini, président de l'UEFA (Fédération européenne de football) et favori, jusqu'ici, à sa succession.

Le Suisse, président de la FIFA depuis 1998, a remis son mandat à disposition le 2 juin jusqu'à de nouvelles élections le 26 février.

Blatter est par ailleurs accusé par la justice d'avoir «signé un contrat défavorable» à la FIFA avec l'Union caribéenne de football (CONCACAF). Il aurait vendu très en dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des Mondiaux-2010 et 2014.

L'offensive des commanditaires a été saluée par le président de la Fédération anglaise (FA), Greg Dyke.

«Je pense que c'est quelque chose qui peut changer la donne. Peu importe ce que dit M. Blatter maintenant, si les gens qui financent la FIFA veulent un changement, ils l'auront», a-t-il estimé.

«Pour ceux d'entre nous qui veulent un changement radical, c'est une bonne nouvelle», a-t-il conclu.

Reste à savoir quelle sera l'attitude des trois autres partenaires globaux non américains de la Fifa Adidas, Gazprom et Hyundai.