Déterminé: le Prince Ali, qui a le rang de général dans l'armée jordanienne, se lance à 39 ans pour la deuxième fois dans la bataille pour la présidentielle FIFA, rompant avec son ancien allié Michel Platini, grand favori.

Sitôt la candidature du président de l'UEFA connue le 29 juillet, le demi-frère du roi Abdallah II a surpris tout le monde en lançant: «Platini n'est pas bon pour la FIFA. La culture des arrangements en coulisses, en sous-main, doit prendre fin».

Platini l'avait pourtant soutenu en mai dernier aux précédentes élections de la FIFA, où le Jordanien avait poussé Sepp Blatter, démissionnaire depuis, à un deuxième tour, avant de se retirer. Les ponts sont aujourd'hui coupés, et le prince s'est jeté dans l'arène, annonçant sa candidature dans l'amphithéâtre romain à Amman.

Marié depuis 2004 à l'ex-journaliste algérienne Rym Brahimi, le Prince Ali, père d'une fille et d'un garçon, sait qu'il a brouillé son image dans une partie des milieux sportifs internationaux en critiquant Platini, qui avait porté sa précédente candidature à bout de bras. Avec cette tactique, Ali bin Al Hussein joue le tout pour le tout pour faire passer son message: rompre avec les «pratiques du passé».

Bien que celui qui dirige également depuis 1999 la Fédération jordanienne de football ait fait partie lui aussi du système, en tant que vice-président de la FIFA de 2011 à mai 2015...

Transparence

Le Jordanien, qui a rasé récemment sa barbe naissante, reprend le même credo de sa première campagne -«je veux finir ce que nous avons commencé»-  en insistant sur l'intégrité, après les nombreux soupçons de corruption qui pèsent sur les années Blatter, président démissionnaire.

«J'étais candidat parce que j'avais la conviction que la FIFA avait besoin de changement. Et j'ai eu le courage de me battre pour le changement quand les autres avaient peur», a-t-il insisté mercredi.

«D'autres se servaient de moi pour faire de la place à eux-mêmes. Ils n'ont pas eu le courage de se porter candidats, mais moi je l'ai fait».

«Nous devons être plus ouverts, plus transparents dans la façon avec laquelle nous faisons les choses. Il n'y a rien à cacher à mon avis et il ne faut pas qu'il y en ait», plaide-t-il sans cesse.

Celui qui enchaînait les pauses cigarette pendant les travaux du comité exécutif à la FIFA (dont il ne fait plus partie, la Confédération asiatique ne l'ayant pas reconduit à son poste en mai dernier), a beaucoup oeuvré depuis 2012 pour le football des jeunes et des filles.

- Soccer féminin -

Celui qui est né d'un troisième mariage, fils de la reine Alia, une Jordanienne d'origine palestinienne tuée dans un accident d'hélicoptère en 1977 deux ans après sa naissance, se présente d'ailleurs toujours comme «un fervent partisan du football féminin». «Je suis déterminé à aborder toutes les questions pertinentes afin de veiller à ce que toutes les filles et les femmes puissent jouer ce beau jeu à travers le continent (asiatique)», déclarait-il dès 2011.

Il est le grand artisan de la campagne qui a abouti à lever l'interdiction faite aux femmes voilées de jouer. À son actif également, la proposition -acceptée- d'augmenter le nombre de pays participant à la Ligue des champions d'Asie.

Son cursus est riche d'études aux États-Unis, où il a obtenu en 1993 un diplôme de la Salisbury School, au Connecticut, avant, comme la plupart des membres de la famille royale, de rejoint l'Académie militaire de Sandhurst en Grande-Bretagne, dont il est sorti en 1994.

Lui qui a servi comme chef de la sécurité spéciale du roi, de 1999 à 2008, a grandi au sein d'une famille qui baigne dans le milieu sportif. Sa soeur, la Princesse Haya, a brigué deux mandats à la Fédération équestre internationale (FEI). Son demi-frère, le Prince Faiçal bin Al Hussein, est quant à lui membre du Comité international olympique. Le Prince Ali rêve lui d'atteindre le sommet dans le soccer.