Si Didier Drogba n'était pas au courant de l'intérêt qu'il suscitait à Montréal depuis une dizaine de jours, il est maintenant prévenu. Plusieurs centaines de partisans, très bruyants, s'étaient regroupés à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, mercredi après-midi, afin de lui souhaiter la bienvenue.

La foule, dans laquelle se côtoyaient drapeaux ivoiriens et étendards bleu-blanc-noir, a littéralement explosé de joie à la vue du célèbre attaquant, peu après 17h. En réaction, ce dernier, casquette à l'envers, a fièrement brandi une écharpe montréalaise avant de récupérer un bouquet de fleurs.

Quelques marches plus haut, Nick De Santis et Adam Braz arboraient un large sourire devant cet engouement jamais vu dans l'histoire du club. «Je pense qu'il s'attendait à voir du monde, mais pas vraiment à ce côté émotionnel, a estimé De Santis, en faisant référence aux nombreux chants qui ont accompagné l'arrivée de Drogba. Là, il a été surpris et, tout de suite, il a commencé à prendre des photos. Un joueur veut se sentir important, et il a commencé à sentir ce qu'il va représenter ici.»

«C'est incroyable, je suis très heureux de voir ça, avec des spectateurs en si grand nombre, a poursuivi Braz. Je suis aussi content de voir que ça l'a fait sourire et qu'il est content d'être ici à Montréal, avec l'Impact.»

Drogba ne s'est pas adressé au public, même s'il s'agissait du plan initial. Après avoir salué le public de la main et immortalisé le moment en vidéo, il s'est engouffré dans une voiture noire, provoquant au passage un important mouvement de foule. Il rencontrera officiellement les médias jeudi soir, à 18h, lors d'une conférence de presse au stade Saputo, à laquelle participera également Joey Saputo. Aucune date n'a encore été fixée pour sa participation à un premier entraînement avec ses nouveaux coéquipiers.

L'enthousiasme autour des premiers pas de Drogba en sol montréalais est sans commune mesure avec celui des autres belles prises montréalaises, comme Marco Di Vaio. Son vol en provenance de Londres a fait l'objet d'une intense surveillance sur les réseaux sociaux. La photo de son départ de la capitale anglaise, où on le voit à l'intérieur du cockpit, a également été largement relayée.

À l'aéroport Trudeau, des partisans attendaient leur idole plus de deux heures avant l'atterrissage. Tam-tams, danses et chants ont rapidement égayé la zone des arrivées. «Pour nous, c'est un événement. Il est l'icône de l'Afrique et pas seulement de la Côte d'Ivoire, a expliqué Félicien, d'origine ivoirienne, qui a fait le déplacement depuis la Rive-Sud. De le voir à Montréal, on n'a pas de mots pour l'exprimer. On a été suspendus aux nouvelles parce qu'on s'inquiétait qu'il aille aux États-Unis.»

Mais Drogba n'avait qu'une idée en tête: poursuivre sa carrière à Montréal et non avec le Fire de Chicago, qui détenait pourtant ses droits. La MLS aurait adoré le voir dans un gros marché comme Chicago, mais le joueur de 37 ans s'imaginait plutôt dans un milieu francophone et au sein d'une équipe mieux armée pour la victoire. 

Avec lui, l'Impact peut rêver des hauteurs du classement. «C'est la plus grosse signature de l'Impact. C'est une star internationale, un footballeur de renommée mondiale. C'est vraiment un joueur extraordinaire, mais la personne l'est également, a précisé Michel, qui portait déjà un chandail de Drogba. Il est francophone et, en fait, on ne pouvait pas avoir mieux.»

«Doubler la production»

Le regroupement de mercredi donne une bonne indication de l'effet Drogba en matière de notoriété. Il faut maintenant s'attendre à ce que les partisans de l'Ivoirien, qui ont majoritairement avoué ne pas s'intéresser à l'Impact jusqu'ici, investissent l'enceinte de la rue Sherbrooke. «Il faut que [les gens viennent au stade]. On amène un joueur international qui a joué au plus haut niveau. Maintenant, c'est à la foule et au public de réagir et de montrer qu'ils vont supporter ce club et ses joueurs», a espéré De Santis.

Un message qui n'a visiblement pas besoin d'être répété deux fois. «Dans le réseau africain, les tickets de l'Impact... il faut qu'ils doublent la production, parce que vous allez nous voir dans les tribunes», a prévenu Félicien.

Photo tirée de Twitter