Josée Bélanger rêvait de disputer une Coupe du monde, mais aurait-elle imaginé, un jour, la vivre dans la peau d'une arrière droite? Les circonstances, avec une cascade de blessures, ont poussé le sélectionneur John Herdman à l'aligner à ce poste durant la dernière ligne droite de la préparation. Détail d'importance: la joueuse de 29 ans arbore le numéro 9 et a bâti sa carrière en tant qu'attaquante, autant à l'université qu'en club ou en sélection. «Il a pris cette décision puisque, même en tant qu'attaquante, je fournissais un travail défensif généreux et je possédais beaucoup de vitesse. Je suis aussi solide dans les contacts», a-t-elle précisé lors d'une entrevue avec La Presse.

L'expérience a rapidement été concluante. En match amical contre l'Angleterre, l'un de ses centres a mené à un but spectaculaire de Sophie Schmidt. En fin de rencontre contre la Nouvelle-Zélande, une autre bonne montée suivie d'un centre aurait dû permettre à Christine Sinclair d'ouvrir la marque. Celle qui connaît le mouvement des attaquantes par coeur, grâce à son historique, apprécie les particularités de ce poste. «Ce qui est seulement différent par rapport à avant, c'est que je suis dans la dernière ligne et que je dois vraiment être concentrée et fournir un travail discipliné défensivement. Mais, d'un autre côté, je peux exprimer mes habiletés offensives car j'ai aussi beaucoup plus d'espace à exploiter devant moi. Je m'amuse beaucoup.»

D'un point de vue collectif, les émotions sont partagées, puisqu'elle et ses coéquipières n'ont pas engrangé les six points sur lesquels elles auraient pu tabler. Dans le contenu des matchs, elle a toutefois vu une progression par rapport à des adversaires qui n'ont pas adopté la même approche. «Contre la Chine, on a fait face à une équipe qui avait placé son bloc très bas pour nous empêcher d'exploiter l'espace derrière sa défense. Cela a fait en sorte qu'on a eu quelques difficultés à trouver des occasions. Jeudi [contre la Nouvelle-Zélande], on a provoqué davantage, mais on a manqué de calme devant le but.» Les Canadiennes ont notamment cadré six tirs, en plus de remporter la bataille de la possession du ballon.

Et les Pays-Bas, une équipe en pleine progression, qui découvre le Mondial après avoir disputé les deux derniers Championnats d'Europe? La différence d'expérience et de statut est favorable aux Canadiennes, mais ce Mondial a montré que l'écart s'est fortement rétréci entre les différents participants. «À la Coupe du monde, on ne peut sous-estimer personne. Chaque équipe arrive prête avec une stratégie et, pour nous, il s'agit de continuer notre préparation en ajustant certains détails», a précisé Bélanger.

Une fierté d'être à domicile

Disputer une compétition d'une telle ampleur à domicile est une chance que peu d'athlètes peuvent goûter au cours de leur carrière. Les 23 joueuses canadiennes apprécient surtout le soutien qu'elles ont reçu au cours de leur première semaine à Edmonton. Plus de 88 000 spectateurs ont assisté à leurs deux premiers matchs, au Commonwealth Stadium. «J'étais impressionnée qu'il y ait 53 000 personnes lors de notre match d'ouverture contre la Chine. C'était impressionnant de voir, d'entendre la foule et, plus généralement, de constater l'intérêt pour le soccer féminin maintenant», a énuméré la native de Coaticook. Elle a surtout rejeté l'argument de la pression qui peut accompagner le parcours d'une équipe qui évolue dans son propre pays. «Le mieux que l'on puisse faire, c'est de prendre le tournoi avec enthousiasme. On a la chance de disputer ce tournoi à la maison. Au lieu de se mettre de la pression, on pense beaucoup plus au fait de pouvoir le vivre avec notre pays et de le réunir devant cet événement.»

Dimanche après-midi, environ 40 000 billets avaient déjà trouvé preneur pour le match qu'elle et ses coéquipières disputeront au Stade olympique.