Ragaillardi par son élection à la tête de la FIFA, Joseph Blatter rejette l'idée que l'enquête des Américains sur la corruption dans le soccer pourrait aboutir jusqu'à lui.

Blatter dit qu'il n'a rien à craindre en lien à l'enquête fédérale sur des pots-de-vin qui atteindraient 150 millions de dollars à l'échelle mondiale. Plusieurs individus ont déjà été arrêtés, mais il affirme qu'il ne sera certainement pas dans les prochains à être ciblés.

«Me faire arrêter pour quelle raison? Prochaine question» a été sa réponse aux médias internationaux, samedi, dans ses premiers commentaires depuis le début des enquêtes suisses et américaines qui ont frappé Zurich, où est basée la FIFA.

Blatter, qui a obtenu un cinquième mandat de quatre ans, n'a guère été plus jasant sur d'autres questions entourant les enquêtes.

Était-il le «haut gradé», mentionné dans l'acte d'accusation du département de la Justice, qui a envoyé 10 millions de dollars pour soudoyer les officiels nord-américains qui ont voté en faveur d'un Mondial sud-africain, qui s'est tenu en 2010?

«Assurément pas, a dit Blatter, 79 ans. Je n'ai pas ces 10 millions.»

Mercredi, la secrétaire à la Justice, Loretta Lynch, a dit que les officiels accusés ont corrompu les affaires du soccer mondial pour servir leurs propres intérêts et s'enrichir.

Deux vice-présidents de la FIFA et un membre de son comité exécutif sont parmi les sept hommes détenus et accusés de fraude et de blanchiment d'argent, en lien à des pots-de-vin qui mèneraient aux droits de télé en Amérique du Nord et du Sud.

Ils sont emprisonnés à Zurich et luttent contre les efforts de Washington pour les extrader. Ils sont passibles de 20 ans de prison.

Blatter a laissé entendre que la justice américaine est allée trop loin dans ses actions qui ont sévèrement terni l'image de la FIFA, qu'il dirige depuis 17 ans.

Il a aussi réitéré qu'il n'a pas de soucis de voir la piste des enquêteurs se rendre jusqu'à sa porte.

«Je n'ai aucune inquiétude quant à ma personne», a-t-il dit aux médias.

Vendredi, les fédérations de la FIFA ont élu le Suisse Blatter au compte de 133-73, au détriment du prince Prince Ali bin al-Hussein, de la Jordanie.

Lynch a dit que l'enquête ne fait que commencer, car il y a sept autres accusés, dont quatre déposant des plaidoyers de culpabilité, incluant l'Américain Chuck Blazer, un ancien membre de longue date du comité exécutif de la FIFA.

Le prince William presse la FIFA de se réformer

Le prince William, second en ligne pour devenir Roi d'Angleterre et président d'honneur de la Fédération, a à son tour demandé à la FIFA d'accélérer ses réformes, samedi au lendemain de la réélection de son président Joseph Blatter.

«Ceux qui soutiennent la FIFA, comme les commanditaires ou les fédérations continentales, doivent faire en sorte d'accélérer ces réformes», a déclaré le Duc de Cambridge, en marge de la finale de la Coupe d'Angleterre à Wembley. «Je n'ai aucun doute que lorsque la FIFA se sera réformée, sa mission de distribuer les bénéfices à plus de gens, en particulier vers les pays en voie de développement, ne s'en trouvera qu'améliorée».

«Il semble y avoir un grand fossé entre le sens du franc-jeu qui guide ceux qui jouent et supportent ce sport et les accusations de corruption qui persistent autour de ceux qui dirigent ce sport au niveau international. Les événements de Zurich cette semaine représentent le Salt Lake City (en référence aux JO-2002, NDLR) de la FIFA, lorsque le CIO a connu une période similaire de graves accusations. La FIFA, comme le CIO, doit montrer maintenant qu'elle peut défendre les intérêts du franc-jeu et rendre la priorité au sport», a poursuivi l'héritier de 32 ans».

Soucieux de ne pas critiquer ouvertement le Suisse de 79 ans, réélu pour un 5e mandat, trois jours après l'arrestation de plusieurs dirigeants du football mondial dans le cadre d'une vaste enquête sur des faits présumés de corruption, le président d'honneur de la Fédération anglaise (FA) a néanmoins soutenu la décision de son vice-président David Gill, qui avait souhaité ne pas siéger au comité exécutif de la FIFA dans ces conditions.

«Si je puis me permettre, je rejoins tous ceux qui ont félicité David Gill pour sa décision de se tenir à l'écart du comité exécutif, et de donner l'exemple en agissant ainsi», a-t-il ainsi conclu.

Pas de changement de répartition des places par continent

Le nombre de pays qualifiés pour les Coupes du monde 2018 et 2022 restera à 32 avec la même répartition par continent, a annoncé samedi Joseph Blatter, le président de la FIFA, à l'issue d'une réunion du comité exécutif.

L'Europe garde ainsi ses 13 places pour le Mondial-2018 plus la Russie, pays organisateur.