L'Impact n'a pas encore disputé cinq matchs dans sa saison en MLS qu'il se présente déjà à un tournant. Après avoir tutoyé les sommets continentaux et rêvé du Mondial des clubs, comment les joueurs parviendront-ils à gérer l'après-Ligue des champions ? Oui, l'épisode a été beau sportivement, mais il a certainement apporté sa part d'usure émotive et physique.

Or, le mois de mai interdit tout relâchement en MLS, alors que le onze montréalais compte cinq matchs de retard sur certaines équipes. Entre les 9 et 23 mai, l'Impact aura l'avantage de recevoir des adversaires en trois occasions au stade Saputo. Le championnat canadien, l'avenue qualificative pour la Ligue des champions, démarre également le 6 mai contre le Toronto FC.

« Cette année, tout de suite après une finale de Ligue des champions, ce sera difficile pour les joueurs de se concentrer sur le championnat canadien », a admis le président Joey Saputo en entrevue à La Presse

« Il faut être réaliste. La réalité est de travailler fort pour faire les séries éliminatoires. »

Il suffit de côtoyer l'équipe pendant quelques heures pour saisir que l'ambiance y est différente par rapport à 2014. En des termes purement sportifs, les dernières semaines ont aussi montré que les joueurs, grâce à un remodelage hivernal, sont davantage taillés pour cette lutte aux séries. Malgré les deux points amassés en quatre rencontres, Saputo aime ce qu'il a vu jusqu'ici dans l'engagement et dans le style.

« Mis à part le match de Houston [défaite de 3-0] qui m'a rappelé la façon dont on jouait la saison passée, je dois dire que l'équipe est différente. On a eu plus de mordant, d'expérience et de leadership par rapport à l'an dernier. On a aussi vu que l'équipe avait la tête à la Ligue des champions dans certains matchs. Maintenant, je pense que ça ne prendra pas beaucoup de temps avant que l'on se reprenne en MLS. »

Renfort estival

Malgré les nombreuses arrivées, cet hiver, l'Impact n'a pas réglé tous ses problèmes. Si les milieux défensifs ont alterné le bon et le moins bon, le poste d'attaquant demeure la priorité montréalaise. Pour Saputo, le joueur désigné idéal n'est pas forcément un nom bien connu du grand public, mais quelqu'un qui va s'intégrer dans l'échiquier collectif.

« On avait des gros noms en (Alessandro) Nesta et (Marco) Di Vaio, mais est-ce qu'ils ont attiré les foules ? On attire les foules en jouant un soccer excitant et en sachant que l'on peut gagner. C'est ce que nos fans recherchent. Mais c'est aussi important que l'organisation soit responsable. On ne peut pas aller chercher un joueur de 8 millions et que cela devienne difficile de le payer parce qu'on n'a pas les assistances ou les commanditaires pour le faire », répond-il.

Dans les prochaines semaines, une liste de candidats va être établie. Se mélangeront alors des joueurs autonomes, mais aussi des éléments comme Joaquin Larrivey (Celta Vigo), rencontré il y a quelques semaines, qui ont encore un contrat avec leur club. Saputo serait-il tenté de payer des frais de transfert, cet été, pour dénicher le partenaire de jeu idéal de Nacho Piatti ?

« Il faut regarder les différentes possibilités. Je n'ai pas peur de payer pour un joueur, mais est-ce qu'il est en fin de carrière, âgé de 33 ou 34 ans, ou est-ce un jeune joueur qui a un bon potentiel de revente, distingue-t-il. Je le regarde comme un investissement, soit parce qu'il peut être revendu, soit parce qu'il va avoir des retombées économiques en termes de vente de billets de saison, d'assistances ou de commanditaires. »

Maintenir l'engouement

L'autre défi sera de maintenir l'engouement qui s'est créé au cours des dernières semaines. Du but de Cameron Porter, contre Pachuca, à la finale contre Club América, l'organisation a été au centre de l'attention comme jamais dans son histoire. Selon Hugues Léger, vice-président marketing de l'Impact, il y aura un « avant et un après 29 avril 2015 ».

« D'un point de vue marketing, ce moment est un accélérateur. C'est un tremplin fabuleux pour tout ce qui viendra après. À nous maintenant de savoir utiliser cet engouement pour le long terme car cela ne doit pas rester un élément spontané. [...] La MLS est notre pain et notre beurre. On va tout faire pour promouvoir cette saison qui a débuté sur un temps fort, ce qui est assez rare dans le sport. Déjà, il y a eu une forte présence promotionnelle pour la MLS lors de la finale retour. »

Sur le plan médiatique, les premiers matchs montréalais ont aussi connu une hausse chez les deux diffuseurs, TVA Sports et RDS. Selon Léger, le premier, détenteur des droits en Ligue des champions, a doublé son audience alors que le second a enregistré une hausse de 20 %. Les plateformes numériques et sociales, l'une des forces du club, ont connu la même trajectoire.

« Ce ne sera dorénavant plus acceptable que l'Impact soit traité, un soir de match, après les résultats du baseball dans les bulletins de nouvelles du sport, à Montréal », lance M. Léger.

« Dans la couverture, le ratio présenté de 60/1 par rapport au Canadien est compréhensible, mais ça révèle que l'on a encore un défi générationnel au niveau de notre intérêt envers le marché. »

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE-Montreal, Quebec : Finale de la Ligue des Champions de la CONCACAF Club America du Mexique vs Impact de Montréal frank klopas de l’Impact vs du Club America en 2ieme demie au Stade Olympique-29 AVRIL 2015-SPORTS-745731

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