C'est un colosse de béton, un monument de l'histoire du ballon rond et une véritable cathédrale pour les millions de fidèles de la sélection mexicaine et de Club América. C'est aussi un nom, l'Azteca, qui a le don de raviver une tonne de souvenirs.

Car, à la manière d'un Wembley ou d'un Maracanã, le stade Azteca, inauguré en 1966, a forgé sa légende par ses matchs inoubliables et ses acteurs de premier plan. Quand on a été élevé avec des cassettes VHS sur le Brésil, comme Patrice Bernier, on se rappelle forcément de la belle Coupe du monde 1970 - dont le match du siècle entre l'Italie et l'Allemagne (4-3) en demi-finale - et des derniers exploits de Pelé avec le maillot auriverde.

Pour les Argentins Andrés Romero, Victor Cabrera ou Nacho Piatti, c'est plutôt une pensée pour le match de Diego Maradona du 22 juin 1986 qu'ils devraient avoir. C'est cette journée-là, devant 114 580 spectateurs, que le numéro 10 argentin a oscillé d'un extrême à l'autre en 5 minutes: la main de Dieu suivie par une chevauchée victorieuse initiée de son propre camp. Une inspiration géniale, en plein coeur d'un Mondial, qui lui a valu le titre de but du siècle et qui l'a, à tout jamais, associé au stade Azteca.

Mythique

Hier matin, l'enceinte, dont chaque recoin respire l'histoire, était loin de cette frénésie argentino-brésilienne. Les vestiaires relativement modestes attendaient leurs prochains pensionnaires d'América et de l'Impact. Situés directement sous une tribune, ils permettent aux joueurs d'entendre parfaitement les chants et les cris de milliers de socios. 

«On entend mieux le bruit dans le vestiaire de l'équipe visiteuse», précise, tout fier, un guide du stade. En quittant les vestiaires, les joueurs n'ont plus que quelques mètres à parcourir pour pénétrer sur la pelouse et découvrir le mastodonte de 105 000 places. Même si l'heure était aux dernières retouches, hier, un Azteca vide impressionne tout de même par sa taille gigantesque, sa multitude de symboles et son toit qui a la particularité d'emprisonner et d'amplifier le bruit.

Malgré l'Histoire et la passion populaire, ce n'est toutefois pas de la crainte que l'Azteca inspire aux joueurs de l'Impact, mais de la fierté teintée d'une sorte d'excitation. Si certains Montréalais ont assisté à un match d'América, en février, les autres le découvriront, ce soir, lors d'un ultime entraînement.

«C'est un stade qui regorge d'histoire. Je ne vais pas mentir, j'ai très hâte d'y jouer, a expliqué Dominic Oduro, qui compte utiliser l'ambiance comme un élément de motivation. Ce sera bruyant et électrique, mais ce ne sera que du plaisir.»

«C'est un symbole très fort, un endroit mythique qui fait partie intégrante de l'histoire du soccer, a ajouté Wandrille Lefèvre. Club América est à l'image de son stade: on parle d'une organisation mythique qui a déjà gagné cette épreuve.»

Un stade plein

Les partisans d'América s'arrachaient hier matin les derniers billets d'admission générale. Sous un soleil de plomb, une file de plus de 500 personnes s'était formée devant la porte principale du stade. Peu avant 10h, une première échauffourée a entraîné la fermeture temporaire des guichets, puis l'arrivée massive de la police. Finalement, après plus de deux heures d'attente, les fidèles pouvaient s'extirper de la foule avec le précieux sésame en main.

Un sésame qui, selon le douzième homme d'América, ouvrira les portes du Mondial des clubs, en décembre. C'est dire le peu de chances que l'on donne à l'Impact de sortir indemne d'une première expérience dans la cathédrale du soccer mexicain.

Photo archives AP

Diego Maradona soulève le trophée de la Coupe du monde de soccer après la victoire de l'Argentine, en 1986.