Après avoir vécu au ralenti lors de la Semaine sainte, Alajuela retrouve une certaine animation. Autour du Parque Central, en plein coeur de cette ville de 50 000 personnes, de longues files d'attente se forment devant les banques. À quelques mètres de là, une belle cohue règne également dans les couloirs intérieurs du Marché central.

Dans ce ballet urbain, dominé par les activités du quotidien, il est cependant impossible de rater les couleurs d'Alajuelense, le rouge et le noir. Elles s'affichent dans les magasins, devant les stations d'essence et, évidemment, sur les partisans de «La Liga». Vêtu du chandail utilisé à domicile, Oswell illustre le positivisme qui règne dans cette ville située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, San José.

«Notre équipe est habituée de jouer avec de la pression et je crois à 100% que l'on va se qualifier», lance-t-il en préambule. Le jeune homme, qui se méfie des contre-attaques montréalaises, croit que le succès de son équipe passe à tout prix par un ou deux buts en première mi-temps. L'effet de surprise du match aller ne se fera également plus sentir ce soir. «On ne connaissait rien de l'Impact, mais c'est une équipe forte, unie, qui est plus physique que nous. Cela nous a beaucoup affectés sur les ballons aériens, mais je crois que nous sommes meilleurs techniquement et tactiquement.

«Avec le bon résultat d'Herediano contre America [dans l'autre demi-finale de la Ligue des champions], on s'attendait à ce que La Liga fasse la même chose. Mais l'Impact a montré un meilleur visage et prouvé que cela n'allait pas être aussi facile. On ne pensait pas qu'un pays comme le Canada vivait aussi intensément le football.»

L'apport de la foule

Comment ne pas mentionner l'apport de la foule, qui sera autrement plus bruyante qu'à Pachuca? Si le stade Alejandro Morera Soto, à 1 kilomètre seulement du Parque Central, ne contient que 18 000 places, il dispose de tous les ingrédients pour se transformer en véritable fournaise.

Tous les billets ont déjà été vendus, confirme Fabrizio, un revendeur qui fait le pied de grue devant l'enceinte. «Les fans costaricains sont joyeux et expérimentés. On a tendance à beaucoup imiter les partisans d'Amérique du Sud, que ce soit ceux d'Argentine ou du Brésil, précise celui qui loue Evan Bush et le reste de la défense montréalaise. Comme je suis d'ici, je vais dire qu'Alajuelense possède les meilleurs partisans du Costa Rica, même si ceux de Saprissa ou d'Herediano appuient leur club respectif en grand nombre.»

Ce trio est aussi celui qui règne quasiment sans partage sur le classement du championnat costaricain depuis de longues décennies. Derrière les 83 titres cumulés par ces 3 équipes, dont 29 pour Alajuelense, il existe un monde d'écart en matière d'infrastructures ou de budget. «De temps en temps, il y a une équipe cendrillon qui peut se rendre en demi-finale, mais ce n'est pas avec régularité, confirme Karol Mathieu, partisan québécois d'Alajuelense qui a élu domicile au Costa Rica il y a 15 ans. Il y a 12 équipes en première division, mais c'est vraiment une course à 3.»

La rivalité est d'autant plus forte que ces trois équipes sont toutes concentrées dans la région de la capitale. «C'est la deuxième religion du pays. C'est même plus fort que la religion catholique, dit en rigolant M. Mathieu, dont le fils a jeté son dévolu sur Saprissa, l'équipe la plus populaire. C'est la tradition et il y a aussi plus de monde à San José. Saprissa a aussi plus d'argent, en général, avec plus de publicité et de produits dérivés.»

La passion du soccer

Outre les tuniques d'Alajuelense, celles du Real Madrid, du FC Barcelone, mais aussi de la sélection costaricaine sont légion dans les rues à damier du Costa Rica. Cette nation de moins de 5 millions d'habitants avait été la bonne surprise du Mondial au Brésil, l'été dernier. Y a-t-il eu un effet Coupe du monde? «Ç'a motivé les jeunes à jouer, et les trois gros clubs sont bien organisés grâce à leur centre de développement, raconte M. Mathieu. Le pays vibre vraiment football et, depuis le Mondial, on voit plein de jeunes, dans la rue, qui se comparent à Keylor Navas ou Celso Borges plutôt qu'à Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo.»

La jeunesse d'Alajuela espère, quant à elle, se réveiller demain matin avec d'autres modèles à imiter...