On a rarement célébré un héros plus inattendu. Alors que l'Impact se dirigeait vers une cruelle élimination face à Pachuca, l'attaquant Cameron Porter, acquis lors du repêchage supplémentaire de 2014, a inscrit le but égalisateur durant les arrêts de jeu (1 à 1), mardi au Stade olympique.

Quelques minutes plus tard, au coup de sifflet final, Porter et ses coéquipiers se sont longuement enlacés avant de partager leur joie avec un public montréalais en délire.

Cette joie, c'est celle d'avoir été au bord du précipice et d'avoir su contrer un adversaire qui était pourtant largement donné favori avant le début du premier duel. «Je suis extrêmement fier de l'équipe, de son état d'esprit, de son énergie, de son engament, a résumé Frank Klopas, en conférence de presse. C'est une victoire d'équipe et c'est une grande soirée.»

«C'est un match important pour le club, les joueurs et la ville. Je ne pense pas que les spectateurs présents au Stade vont oublier cette soirée», a ajouté Evan Bush.

Cette qualification pour les demi-finales de la Ligue des champions (qui se solde 3 à 3, l'Impact profitant de la règle du but à l'extérieur) est un exploit immense, quand on se rappelle le mauvais parcours des équipes de la MLS face à leurs homologues du Mexique. À plus forte raison quand on considère d'où est parti l'Impact, l'an dernier, et du peu de temps dont a disposé Klopas pour préparer adéquatement ses hommes.

Le scénario de la rencontre, avec une égalisation dans les derniers instants - grâce à un joueur de 21 ans encore peu connu -, ajoute une couche historique supplémentaire au succès montréalais. Quelles ont été les pensées de Porter après son but? «J'ai marqué et je ne savais même pas comment célébrer. Je me suis tout simplement mis à courir, a admis celui qui peinait à mesurer l'importance de son but. J'ai été nerveux au moment d'entrer sur le terrain, mais c'était plus de l'excitation.»

Il était dit que les 90 minutes allaient être faites de petites et grandes crispations. L'angoisse a atteint son paroxysme 10 minutes avant le terme du match, quand l'arbitre costaricain, Henry Bejarano, a désigné le point de penalty après une faute de Laurent Ciman contre German Cano.

Inefficace depuis le début du match, cette fois, l'attaquant n'a pas raté sa tentative, et a bien cru marquer le but décisif de ce duel aller-retour. «[La] décision [de Bejarano] était décevante, car l'issue du match doit être décidée par les joueurs, pas par les arbitres, a regretté Klopas, qui a d'ailleurs été expulsé de la rencontre. Mais comme je l'ai dit à mes joueurs: "Dieu ne dort jamais", et ç'a été un bon dénouement pour nous.»

Avant les sifflets accompagnant le penalty de Cano, ce sont les petits silences qui ont régné à chaque attaque et chaque centre des Mexicains. L'occasion la plus franche est survenue, à la 72e minute, lorsque la déviation à bout portant de Cano a été miraculeusement repoussée par Bush. C'est à ce moment du match que l'Impact s'est procuré ses occasions les plus franches, quand les espaces, dans la défense adverse, se sont ouverts. Par maladresse ou parce que le gardien Óscar Pérez s'est interposé, ni Nacho Piatti, ni Dilly Duka ou Justin Mapp n'ont pu ouvrir la marque.

38 104 spectateurs

Une marée bleue de 38 104 spectateurs, à laquelle, il est vrai, se mêlaient quelques légères touches de vert mexicain, a donc envahi le Stade olympique, mardi soir. D'entrée, les spectateurs n'ont pas été dépaysés par ce nouveau onze montréalais 2015, qui était inchangé par rapport au match aller. C'est plutôt Pachuca qui a modifié sa recette en intégrant, par exemple, l'attaquant Ariel Nahuelpán et en optant pour un schéma en 4-4-2.

Rapidement, le match a adopté une physionomie semblable au premier duel. Alors que l'Impact usait de contre-attaques, cependant moins tranchantes qu'il y a une semaine, Pachuca recourait à ses armes habituelles: coups de pied arrêtés, tempo rapide et recherche des ailiers. La présence du costaud Nahuelpán a, toutefois, incité Pachuca à lancer un plus grand nombre de ballons aériens.

Au fil des minutes, le jeu mexicain s'est mis à pencher à gauche, où Hirving Lozano a été l'auteur du premier grand frisson de la soirée. Lancé dans la profondeur, il a cependant manqué le cadre de peu. Toujours en première mi-temps, Lozano s'est, cette fois, mué en centreur pour Cano, qui a totalement raté sa déviation. «À part le but, on peut être plus efficace en possession, a indiqué Klopas. Mais je pense que cela vient du fait qu'il s'agissait de notre deuxième match et qu'ils nous ont bien pressés. Je sais que cet aspect du jeu va s'améliorer au fil des matchs.»

Avec du coeur et profitant d'un brin de maladresse de la part des attaquants mexicains, l'Impact poursuit donc sa route. Prochain arrêt: Alajuelense ou DC United dans deux semaines au Stade olympique. Un Stade qui espère bien revivre une soirée du 3 mars désormais entrée dans la légende de l'Impact.