On en connaît qui auraient traîné les pieds au moment de joindre une équipe de dernière place pénalisée, selon Joey Saputo, par le climat, la langue et le régime fiscal. Dès qu'il a su que l'Impact l'avait choisi lors du repêchage des joueurs disponibles, Bakary Soumare a plutôt partagé sa grande joie sur les réseaux sociaux.

S'il aime la ville, la passion de son nouveau président et s'il connaît très bien Frank Klopas, c'est le projet exposé par la direction qui l'a séduit. En réfléchissant à la situation et en signant une nouvelle entente, il dit avoir décelé une organisation qui se dirigeait dans la bonne direction.

«C'est vrai que la dernière saison n'a pas été très bonne, mais ils ont bien fini sur les 10-12 derniers matchs, rappelle le défenseur en entrevue téléphonique. C'est un projet, une saison de reconstruction. On va utiliser les pièces actuelles et, avec l'apport de nouveaux joueurs, je pense que cela peut être une bonne équipe.»

A-t-il reçu quelques garanties et été mis au parfum du plan de recrutement que l'Impact comptait suivre d'ici le quart de finale de la Ligue des champions face à Pachuca? «Il y a tellement de paramètres que c'est dur dans le monde du [soccer] de donner des garanties. Mais je sais que le désir de renforcer l'effectif est là et que, tout doucement, on est en train de construire quelque chose de bien.»

Soumare a été acquis après une saison 2014 très pénible sur le plan défensif. Avec 58 buts encaissés, les Montréalais étaient davantage dans la catégorie du défunt Chivas USA que des équipes aspirant aux séries. Le plan de match du Fire de Chicago, l'ex-équipe de Soumare, était, par exemple, de «jouer direct face à une charnière âgée qui n'était pas aussi rapide». Avec le Malien d'origine, et en attendant la suite du recrutement, l'heure est à la fois au rajeunissement et à la recherche d'attributs différents des profils de Matteo Ferrari ou de Heath Pearce. Soumare, 29 ans, promet déjà d'apporter une belle présence physique.

«Non seulement je joue avec beaucoup de rigueur, mais je m'entraîne avec beaucoup de rigueur. Je ne suis pas là pour casser des jambes ou mettre des coups de coude, mais je suis très physique et j'aime que les attaquants me sentent, nuance-t-il. Cela dit, je peux jouer au ballon et je possède les atouts techniques qui me permettent d'amorcer le jeu de l'arrière.»

Des retrouvailles

Le leadership, grand thème du dernier bilan de saison, est aussi un aspect qui tient à coeur à Soumare. Il se considère comme un guide auprès des plus jeunes et comme un futur meneur au sein d'un groupe qui peut aussi compter sur les joueurs expérimentés Nigel Reo-Coker et Marco Donadel.

«C'est facile pour un joueur d'entrer sur le terrain et de crier sur tout le monde. Mais le plus important est de montrer par l'exemple et de montrer aux jeunes ce qu'est le professionnalisme au quotidien. Le fait d'être bilingue va aussi beaucoup m'aider.»

Les contours de l'Impact ne sont pas totalement inconnus à Soumare qui, dans un vestiaire, a déjà côtoyé Justin Mapp, Dilly Duka et Jack McInerney.

Et il y a bien entendu Klopas, qui a déjà été son directeur technique et entraîneur à Chicago. «Je l'apprécie énormément en tant qu'être humain et en tant qu'entraîneur, souligne le défenseur. J'ai fait beaucoup de clubs, mais je n'ai pas eu d'autre entraîneur qui bossait aussi dur que lui. Il arrive très tôt, il mange et il respire football. C'est un gagneur et, tactiquement, j'aime bien la manière dont il voit le foot.»

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Une vie sur trois continents

Parce que son père voyageait beaucoup, Bakary Soumare a passé les premières années de sa vie entre le Mali, pays où il est né, et l'Europe. Ce n'est qu'en débarquant à New York, à 13 ans, que son chemin footballistique a pris une trajectoire plus traditionnelle.

«Quand vous venez d'un pays pauvre, il faut trouver votre chemin, et souvent, cela passe par un voyage, indique-t-il. Mon père est parti très jeune en France pour bosser et avoir une vie meilleure. Moi, il y a une famille américaine que l'on connaissait et qui m'a adopté. J'ai vécu chez ce couple et j'ai grandi aux côtés de ses enfants.»

Étudiant à l'Université de Virginie, il a été repêché au deuxième rang du repêchage 2007 par le Fire de Chicago. Il y réside toujours.

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L'idole de jeunesse de Soumare? Zinedine Zidane, répond-il sans hésiter («C'était un régal, il m'a fait rêver»). Dans un profil plus semblable au sien, il cite également le milieu défensif français Patrick Vieira. D'ailleurs, le nouveau défenseur de l'Impact a longtemps évolué à ce poste avant l'université et même lors de son année recrue chez le Fire, en 2007.

«On jouait en 3-5-2 et j'étais milieu défensif avant que l'on ne me fasse reculer pour de bon, l'année suivante. Au milieu, vous êtes tenté d'aller de l'avant, mais on m'a vite fait comprendre que c'était fini.»

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Soumare a fait une infidélité à la MLS de 2009 à 2012. Il a d'abord rejoint l'élite française en s'engageant avec le club de l'US Boulogne. Malgré les moyens modestes de l'équipe nordiste, il soutient avoir énormément appris.

«Sur le plan technique, cela m'a vraiment aidé, puisque je suis arrivé dans un club où l'entraîneur [Laurent Guyot] voulait vraiment jouer un ballon. Il m'a dit: "Cela va prendre du temps pour toi, mais mon système est très technique." Il n'y avait pas de dégagement, tout sortait de l'arrière très proprement.»

Ensuite prêté à Karlsruhe, en deuxième division allemande, il dit avoir été impressionné par le professionnalisme germanique. «Tout est organisé, tout est carré. C'est franchement impressionnant et on peut en voir les résultats.»