Parce qu'il a encore l'énergie nécessaire pour prolonger sa carrière et qu'il juge que sa mission avec l'Impact n'est pas terminée, Patrice Bernier trouverait «difficile» de porter un chandail différent la saison prochaine.

Sans contrat en vue de 2015, le capitaine verra sa situation éclaircie au cours des prochaines semaines. Le club, fidèle à ses habitudes, n'a négocié avec aucun de ses joueurs durant la saison.

«Je suis revenu à Montréal pour une raison: faire partie du projet dans la MLS, y contribuer en tant que joueur local, puis finir ma carrière ici, rappelle Bernier, 35 ans, en entrevue avec La Presse. Je ne pense pas que je puisse finir comme ça. Je comprends pour Marco (Di Vaio) parce qu'il a joué pendant 20 ans et qu'il ne vit pas ici. Mais moi, j'ai encore de l'énergie et je veux m'assurer que ce club soit sur les bons rails quand j'aurai fini.

«Dans ma tête, je ne me vois pas ailleurs. Ça serait difficile puisqu'en Amérique du Nord, j'ai toujours porté le maillot bleu, que ce soit dans l'A-League ou dans la MLS», ajoute celui qui se perçoit comme un guide auprès des jeunes joueurs du club.

Pour sa troisième saison avec l'Impact, le numéro 8 n'a disputé que 1802 minutes de jeu réparties en 26 rencontres. Outre un camp d'entraînement perturbé par les blessures, le milieu de terrain a été victime d'une fasciite plantaire qui a nui à son rendement en deuxième moitié de saison. Il a finalement été contraint de rater six matchs pour soigner ce mal. Il avoue que cette situation, et surtout les déboires collectifs, ne lui ont pas permis de prendre beaucoup de plaisir en 2014.

«C'est dur d'en prendre quand tu es dans une bulle de frustration. Quand tu perds, ce n'est pas facile de retourner à l'entraînement et de sourire. Tu es continuellement en train d'analyser les choses pour être certain de gagner le match suivant, précise-t-il.

«J'ai apprécié le Championnat canadien et la qualification en Ligue des champions, qui va permettre au club de revivre 2009. Mais cela a été difficile pour tout le monde même si on a mieux fini. Personnellement, ça n'a pas été une grande saison par rapport à ce à quoi j'avais habitué les gens lors des deux bonnes années précédentes.»

«Le jour de la marmotte»

Avant de montrer quelques progrès, à partir de la mi-août, l'Impact a connu deux énormes passages à vide. Pour commencer la saison, le onze montréalais a attendu son huitième match pour finalement remporter une première victoire. À l'interne - Matteo Ferrari - comme à l'externe - l'état des forces de la MLS plaçant l'Impact au dernier rang -, les doutes étaient présents depuis un certain temps.

«Oui, on a perdu deux joueurs qui étaient des personnalités, mais je suis plus convaincu qu'on avait un malaise provenant de notre fin de saison 2013, souligne Bernier. Cela n'a jamais été réglé au niveau psychologique. Ça s'est transposé en 2014 et, avec un nouvel entraîneur, la cohésion n'a pas été aussi rapide à installer que lors de l'année précédente. (...) J'ai vu assez tôt qu'on n'allait pas avoir la même saison qu'en 2013 même si je ne pensais pas que cela allait donner une telle campagne.»

L'autre grand tournant de la saison a été la défaite subie à Chivas USA, le 5 juillet (1-0). Avant d'encaisser un but dans les dernières secondes, contre un adversaire traditionnellement dysfonctionnel, l'Impact restait sur une performance encourageante à Vancouver (0-0), puis une victoire convaincante contre Houston (3-0). Ce déplacement californien a été le coup de départ de sept défaites consécutives et le pire passage de la saison pour Bernier.

«Au niveau psychologique, c'est frustrant parce que tu te dis que tu aurais dû gagner certains matchs où tu menais au score. Il y a de la malchance, mais c'est aussi frustrant parce qu'avec une victoire ou deux, on revenait au classement, qui était serré. Tu deviens aussi enragé parce que c'est le jour de la marmotte dans nos matchs.

«Dans ces moments-là, c'est le côté émotif qui ressort et les joueurs commencent à montrer du doigt certaines choses. Il y a eu trop d'analyse et, comme on dit, la suranalyse entraîne la paralysie.»