L'appel de l'Europe a d'abord conduit Fabrice Lassonde à Laval, en troisième division française, où, malgré une impression favorable, il n'a pas été en mesure d'obtenir un permis de travail. Comme pour bien des joueurs canadiens, la planche de salut est alors venue d'Allemagne, sous la forme d'un contrat avec le FC Ingolstadt 04, en janvier 2008.

À son arrivée, Ingolstadt évolue en troisième division, mais parvient à grimper d'un échelon dès l'année suivante. Le joueur originaire de Mont-Saint-Grégoire est, de son côté, confiné à l'équipe de réserve. Globalement, la transition Québec-Europe n'a pas été trop difficile pour celui qui est passé par le Cosmos de Granby, les Lakers du Lac Saint-Louis et l'Attak de Trois-Rivières. Même si la concurrence est rude.

«Avant de partir, on se dit que c'est loin et que c'est difficile de s'y rendre, parce qu'il n'y a pas beaucoup de Québécois en Europe. Mais une fois que tu as fait ta place, c'est à toi de faire les efforts pour rejoindre la première équipe, juge Lassonde, 25 ans, en entrevue téléphonique. Est-ce plus difficile que je ne l'aurais pensé? Non, mais tu vas toujours passer après les Allemands et les Européens pour des questions de limite d'étrangers. Je pense vraiment que les Canadiens passent après tout le monde. Tu dois toujours prouver que tu es meilleur que la personne à côté de toi. Cela fait partie du jeu.»

Après deux ans d'attente à s'entraîner avec la réserve, Lassonde est finalement promu en équipe première en 2010-2011. Des blessures inopportunes et un changement d'entraîneur font toutefois en sorte que son expérience se limitera aux entraînements et non aux matchs officiels. Même dans ce contexte, il a pu emmagasiner un maximum d'informations.

«Il y a les habitudes de travail du monde professionnel avec quasiment deux entraînements tous les jours. Tu es tout le temps sous pression, que ce soit dans les entraînements comme dans les matchs. Si tu ne produits pas bien la semaine, ce n'est pas vrai que tu vas jouer le week-end, explique-t-il. Dans la compréhension tactique du jeu, j'en ai aussi appris beaucoup là-bas avec de très bons entraîneurs qui, pour certains, sont maintenant en première division.»

L'expérience, à Ingolstadt, s'est finalement arrêtée au terme de la saison 2010-2011. Cet été-là, il s'est longtemps entraîné avec l'Impact - «On n'a pas été capables de trouver une entente» - avant de retourner effectuer quelques essais en Allemagne. Puis est venue une offre du FC Edmonton (NASL), au printemps 2012, qui a finalement sonné le glas de ses aspirations européennes.

Avec le recul, Lassonde chérit les quatre années passées de l'autre côté de l'océan Atlantique. «Évidemment, il y a des choses que j'aurais aimé accomplir, mais j'ai quand même signé un contrat en deuxième division. Cela n'avait pas été fait par beaucoup de gens à ce moment-là. Ce n'est certainement pas un échec, même si j'aurais aimé être capable de passer plus de temps en deuxième division. Malheureusement, j'ai été beaucoup blessé et cela s'est terminé plus vite que prévu.»

Depuis son bref passage par Edmonton, Lassonde a notamment pris le chemin des bancs universitaires afin d'y étudier en intervention sportive. Le soccer n'est décidément jamais loin, puisqu'il s'aligne maintenant avec le Rouge et Or. Arrière latéral avec les équipes nationales et à Edmonton, il a retrouvé une position plus proche de celle qu'il avait en Europe: en milieu de terrain. Alors qu'il s'apprête à disputer sa dernière saison universitaire, il conçoit son avenir en fonction du travail, et non du sport.