Les Bleuettes en ont encore fait la démonstration, samedi au Stade olympique, dans leur victoire de 4-0 contre la Nouvelle-Zélande à la Coupe du monde U -20 : la France est un exemple à suivre en soccer féminin.

Un exemple dont le Canada devrait largement s'inspirer, estime Éric Leroy, directeur technique de la Fédération de soccer du Québec.

«Les enfants sont tous pareils, qu'ils naissent en Europe ou ici. Après, la différence, c'est comment on les éduque, c'est l'infrastructure et le niveau de compétition qu'on leur offre. On est le seul pays au monde où il n'y a pas de ligue nationale de soccer - ni masculine, ni féminine. Pourtant, ça ne prendrait pas grand-chose pour investir dans quelque chose qui permettrait à nos U -20 de progresser.»

Si Claire Lavogez a brillé dans un deuxième match d'affilée pour la France à ce Mondial, samedi, c'est parce qu'elle a profité de ce genre d'encadrement au fil des ans. L'équipe senior française occupe déjà le quatrième rang mondial en vertu de ses quatrièmes places obtenues à la Coupe du monde de 2011 et aux Jeux olympiques de 2012, mais la génération U -20 actuelle semble en voie de faire mieux encore. Celle-ci a remporté le Mondial U -17 en 2012 et l'Euro U -19 l'an dernier.

Leroy connaît très bien le contexte puisque l'équipe française U -17 a visité le Québec l'an dernier et que la Fédération française de football collabore étroitement avec la FSQ depuis six ans.

«En France, il y a sept ou huit centres nationaux, a-t-il noté lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. Les joueuses des différentes ligues féminines sont rassemblées régulièrement. Celles des équipes de France se retrouvent dès l'âge de 17 ans à Clairefontaine, avec la possibilité de débouchés en Ligue 1 professionnelle, notamment à Lyon. »

«Et à l'Olympique, on parle de vrais salaires, de sommes de 30 000 euros par mois pour les meilleures, a indiqué Leroy. On s'appuie sur les structures des clubs professionnels français [masculins], avec la même expertise et les mêmes moyens. »

«Donc, la courbe de progression des joueuses est énorme, a souligné le Belge d'origine. Et on voit ici [à Montréal] qu'il y a des joueuses de grand calibre, aussi bien au niveau physique qu'au niveau de la maîtrise technico-tactique.»

On l'a encore constaté, samedi, quand la France s'est emparée seule du premier rang dans le groupe D. Et ce, en vertu d'une fiche de 2-0 et d'une récolte de six points, trois points devant la Nouvelle-Zélande (1-1). Ce qui devrait lui ouvrir toute grande la porte des quarts de finale, à moins d'un revirement important.

Lavogez a inscrit son troisième but en deux matchs en faisant 2-0 au moyen d'un boulet à la 53e minute de jeu. Elle avait auparavant servi un ballon sur coup franc à Kadidiatou Diani, que celle-ci a pu facilement rediriger à la 22e pour inscrire le premier filet de la rencontre. Diani a par ailleurs effectué la passe décisive sur le but de Lavogez.

Clarisse Le Bihan, qui s'est amenée sur le terrain à la 64e, a mis le match hors de portée en marquant à la 80e, puis à la 82e.

Les Françaises ont dominé de bout en bout. C'est de peine et de misère que la ligne défensive néo-zélandaise a évité un plus grand désastre encore.

Le Paraguay et le Costa Rica, deux équipes en quête d'une première victoire, s'affrontaient plus tard samedi dans le deuxième match du programme double disputé au Stade olympique.

La dernière journée dans le groupe D aura lieu mercredi. La France affrontera le Paraguay à Edmonton, tandis que la Nouvelle-Zélande se mesurera au Costa Rica à Toronto. Les deux premières équipes au classement de la poule passeront en phase éliminatoire.

Le prochain programme double au Stade olympique se déroulera mardi, alors que le Canada affrontera la Corée du Nord. La formation de l'entraîneur montréalais Andrew Olivieri disputera alors son dernier match dans le groupe A et tentera d'assurer sa qualification en vue des quarts de finale.

Cette rencontre sera précédée d'un affrontement entre le Brésil et l'Allemagne, dont l'enjeu sera déterminant dans le groupe B.

Il faut mieux que la W-League

Selon Leroy, il suffirait de peu pour offrir un meilleur encadrement aux footballeuses canadiennes afin qu'elles acquièrent autant d'étoffe que les Françaises. Selon lui, la W-League, un circuit estival mis sur pied pour compléter le calendrier des joueuses qui évoluent dans la NCAA, ne suffit pas.

«La W-League, c'est un calendrier très court et le niveau est à peine plus élevé que la ligue AAA, a avancé Leroy, en parlant du circuit où évoluent les Comètes de Laval et le Dynamo de Québec. Il ne faudrait pas des millions pour créer un réseau de compétition entre le Québec et l'Ontario. Ces deux provinces regroupent 20 millions d'habitants, donc on aurait suffisamment de ressources pour avoir 10 à 15 clubs semi-professionnels féminins.»

En attendant, les entraîneurs des sélections canadiennes féminines doivent eux-mêmes assurer le développement des joueuses d'élite, au lieu de confier une partie de ces responsabilités à des clubs de haut niveau.

«Des sélections fermées, je peux comprendre que ce soit nécessaire quand on est dans une situation d'urgence, qu'on a un objectif précis et proche. Sauf qu'à un moment donné, il faudrait qu'il y ait une vraie volonté au Canada de s'offrir tout ce dont on a besoin. Ce n'est manifestement pas encore le cas aujourd'hui, et c'est regrettable», a déploré Leroy.