Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA, a franchi une étape en écartant mercredi la tenue du Mondial de 2022 au Qatar «en juin-juillet», une position jugée anticipée par la Fédération internationale alors qu'une consultation est en cours sur le sujet.

«Les dates de la Coupe du monde (2022, ndlr) ne seront pas juin-juillet. Franchement, je pense que ça se jouera entre le 15 novembre et le 15 janvier au plus tard», a affirmé Jérôme Valcke dans un entretien diffusé par les radios France Info et France Inter.

C'est la première fois qu'un dirigeant de la FIFA se montre aussi affirmatif, alors même que l'instance suprême a ouvert en octobre une consultation sur les dates du tournoi, dont les conclusions seront présentées en décembre 2014 au comité exécutif.

Cette annonce a été jugée prématurée par la FIFA. Sollicitée par l'AFP, la Fédération internationale a pris quelques distances avec les propos de Jérôme Valcke, soulignant que son numéro 2 avait exprimé «son point de vue» et que la date de l'épreuve «faisait toujours l'objet d'une consultation» avec «la communauté internationale du soccer» et ses «partenaires commerciaux».

Le vice-président de la FIFA, le Britannique Jim Boyce, s'est ainsi déclaré «totalement surpris» par cette annonce. «Tous les protagonistes auront des discussions et feront un rapport au comité exécutif de la FIFA».

De son côté, le Qatar s'est déjà préparé à toute éventualité. La conception de stades climatisés, dans lesquels la température serait maintenue autour de 26-28 degrés, constitua un argument technologique décisif qui permit à l'émirat du Golfe d'arracher l'organisation en décembre 2010.

Le Comité Qatar-2022 a affirmé mercredi qu'il «attendrait le résultat de la consultation» et qu'il était «prêt à accueillir la Coupe du monde» à la période choisie par la FIFA.

Tendance lourde

En attendant, Jérôme Valcke a lui avancé ses arguments. «Si vous jouez entre le 15 novembre et la fin du mois de décembre, c'est le moment où la météo est la plus favorable, où vous jouez à une température qui est équivalente à celle d'un printemps un peu chaud en Europe, à une température moyenne de 25 degrés. Donc c'est parfait pour jouer au football», a ajouté le numéro 2 de la FIFA.

Il n'a en revanche pas indiqué de quelle année il serait question (saison 2021-2022 ou 2022-2023).

La tenue du tournoi entre novembre et janvier permettrait en tout cas d'éviter un télescopage avec les JO d'hiver de 2022 et d'éviter les chaleurs accablantes en vigueur en été dans le richissime émirat pétrolier et gazier.

L'intervention de M. Valcke corrobore une tendance lourde depuis plusieurs semaines.

Dès juillet, le président de la FIFA Joseph Blatter avait affiché sa préférence pour l'hiver, brandissant la nécessité de «prendre en compte la santé des joueurs», avant de déclarer en octobre que la Coupe du monde «ne (pourrait) avoir lieu qu'en novembre-décembre, pas en janvier-février».

Plusieurs obstacles se dressent toutefois sur la route d'un mondial hivernal, au premier rang desquels figure l'opposition des fédérations des sports d'hiver, inquiètes de la concurrence qu'exercera le sport-roi sur leurs compétitions.

Il faudra aussi calmer la colère des pays battus par le Qatar lors de la désignation du pays-hôte de la Coupe du monde. L'Australie, qui comme les autres candidats, avait présenté un dossier pour une compétition estivale, a ainsi déjà fait savoir qu'elle demanderait réparation.

L'impact serait en outre très important sur le calendrier des coupes européennes organisées par l'UEFA (Ligue des champions notamment), sur les épreuves nationales et sur le soccer professionnel anglais, dont la période du Boxing Day (fin décembre) constitue la vitrine numéro 1 à l'international et notamment en Asie.

Sans compter les contrats passés avec les commanditaires et les diffuseurs, notamment américains. Fox et NBC, qui diffusent des matchs de la NFL à cette période, ne sont ainsi pas favorables à un changement de date.