Comme attendu, le Français Franck Ribéry s'est invité dans le sprint final pour le Ballon d'Or 2013, face aux deux rivaux habituels, l'Argentin Lionel Messi, quadruple tenant du titre, et le Portugais Cristiano Ronaldo qui semble avoir pour lui le «momentum» avec une fin d'année irrésistible.

Par rapport au trio de finalistes de l'an passé, Ribéry prend la place d'Iniesta. Mais rien n'indique que «Francky» connaîtra, le 13 janvier prochain à Zürich, le même sort que l'Espagnol (3e), ni même que Ronaldo soit à nouveau voué à s'incliner devant le Roi Messi.

Car la FIFA, coorganisatrice du prix avec l'hebdomadaire France Football, est venue récemment pimenter des débats déjà serrés, en décidant d'étendre au 29 novembre un vote qui devait initialement s'arrêter le 15 novembre.

Ce délai supplémentaire pourrait bien avoir profité à Ronaldo. Car le lauréat de 2008 est celui qui finit l'année en trombe, au bon moment donc, et ses exploits individuels des dernières semaines ont peut-être marqué un peu plus les esprits.

La mémoire collective des votants a probablement enregistré notamment son fracassant triplé contre la Suède en barrage retour, qui a qualifié le Portugal au Mondial-2014 (3-2), après son but de l'aller (1-0).

Autres statistiques post-estivales qui plaident en sa faveur, ses 17 buts en 14 matches de Liga et surtout son record (série en cours) de 8 buts en phase de groupes de Ligue des champions, qu'il partage cette saison avec Zlatan Ibrahimovic, et dans l'histoire avec Ruud van Nistelrooy (saison 2004/05), Filippo Inzaghi et Hernán Crespo (saison 2002/03, tous deux).

Seule ombre au tableau: avec le Real, où l'arrivée de Gareth Bale cet été ne lui a pas le moins du monde fait de l'ombre, ses performances n'ont guère eu l'impact espéré en terme de résultats, puisque Madrid n'a gagné aucun titre en 2012-2013.

Messi en retrait

Ribéry, au contraire, a lui quasiment raflé tous les titres possibles avec le Bayern Munich: la Ligue des champions, le championnat, la Coupe d'Allemagne, et la Supercoupe d'Europe. Seule la Supercoupe d'Allemagne lui a échappé.

Les chiffres de «Kayser» Franck sont certes moins impressionnants que ceux de Ronaldo ou Messi, mais le jeu bavarois ne serait pas le même sans lui. Que ce soit sous la houlette de Jupp Heynckes ou Pep Guardiola depuis cet été, le Bayern sous influence Ribéry est devenue une machine quasi-imbattable, efficace et spectaculaire.

La plus éclatante preuve fut donnée en demi-finale de la C1 en avril dernier où le Bayern a donné une leçon de foot au Barça (4-0, 3-0), avant de remporter sa 5e coupe aux grandes oreilles contre Dortmund en finale (2-1). De quoi convaincre l'UEFA de récompenser le Français du titre de meilleur joueur européen.

Enfin, s'il n'a pas été aussi décisif que Ronaldo dans le barrage que la France a remporté (0-2, 3-0) aux dépens de l'Ukraine pour se qualifier pour le Mondial, il est parvenu à assumer son statut de leader technique des Bleus après avoir été en disgrâce consécutivement à l'épisode de la grève de Knysna au Mondial-2010.

Vient enfin Messi, quadruple tenant du titre, mais qui a vécu une année moins faste que ces deux rivaux. Pourtant, les quatre premiers mois de 2013 avaient fait de lui le favori à sa succession jusqu'au quart de finale aller de Ligue des champions contre le Paris SG (2-2), où il contracta la première de ses quatre blessures aux cuisses.

L'Argentin, champion d'Espagne et «pichichi» de la Liga avec 46 buts, a ainsi vécu un second semestre a priori trop intermittent pour espérer remporter un 5e Ballon d'Or de rang.

À tel point que si sa place de finaliste n'a rien d'imméritée, il aurait aussi pu se faire doubler par Ibrahimovic, auteur de performances et de buts d'un autre monde avec le Paris SG et la Suède. Mais Zlatan a certainement pâti de ne pas avoir pu qualifier son pays pour la Coupe du monde au Brésil, car en face il y avait... Ronaldo.