Manchester City, qui alterne coups d'éclat et désillusions depuis août, remonte en fanfare après avoir fait exploser (6-0) une équipe de Tottenham en chute libre, et double même United, accroché à Cardiff (2-2) dimanche lors de la 12e journée du championnat d'Angleterre.

City, huitième avant le coup d'envoi, grimpe ainsi à cette même quatrième place qui tendait les bras à son rival s'il ne s'était pas bêtement fait rejoindre par les Gallois à la 90e minute. Du coup, ManU recule à la sixième place, à un point de son rival et à trois du dauphin. Les Londoniens, qui tutoyaient Arsenal il y a deux mois et étaient encore quatrièmes fin octobre, chutent eux à la neuvième place après leur déroute.

Le duel entre les Spurs et City, deux équipes diamétralement opposées, a donc souri dès la 14e seconde à celle qui est portée à domicile par la meilleure attaque du royaume quand l'autre avait jusque-là fait le choix de miser sur sa défense pour amasser des points en déplacement.

Mais City, revanchard après la nouvelle claque reçue à Sunderland avant la trêve (1-0), a fait voler en éclat les certitudes de Villas Boas autant grâce à l'activité de son quatuor offensif qu'à l'erreur de débutant de Lloris, qui a dégagé dès la première minute un ballon sur Agüero et s'est fait sanctionner immédiatement par Navas, encore présent à la dernière seconde pour clore la marque.

Le gardien des Bleus, de retour après son traumatisme crânien début septembre, a ensuite semblé bien fébrile et Agüero l'a torturé toute l'après-midi sous les yeux de Hart, qui paie lui sur le banc ses erreurs grossières.

Désormais seul en tête du classement des buteurs après son doublé qui porte à 10 son total personnel, l'Argentin (14 buts lors de ses 11 derniers matchs) a inscrit cette saison plus de buts que toute l'équipe de Tottenham.

Dans le duel à distance que se livrent Negredo et Soldado, les deux buteurs espagnols débarqués cet été en Angleterre, le Citizen a, là encore, pris le dessus sur son compatriote en trouvant l'ouverture à la 55e après avoir provoqué d'un joli ciseau le but contre-son-camp de Sandro (34e).

En 90 minutes, Tottenham, qui n'avait plus connu semblable humiliation depuis le derby contre Chelsea en 1997 (6-1), a donc encaissé autant de buts que lors des 11 premiers matches de la saison. Alors qu'il vise une place en Ligue des champions l'an prochain, cette claque pourrait être longue à digérer.

«AVB», qui était privé d'Eriksen mais a offert en deuxième période ses premières minutes de jeu au Togolais Adebayor après plusieurs mois de conflit larvé, a peut-être déjoué en choisissant de se passer de Townsend, l'Anglais en forme, pour titulariser Lamela, encore en phase d'adaptation, et Lennon.

Il a surtout été «trahi» derrière par le catastrophique Kaboul, souvent blessé ces derniers mois. Les Spurs concèdent donc pour la première fois cette saison aussi logiquement que lourdement un deuxième revers d'affilée.

Le succès du champion 2012 n'est en revanche pas une réelle surprise. Ce qui le serait, c'est que l'équipe, déjà qualifiée pour les huitièmes de finale de C1 avant de recevoir Plzen en milieu de semaine, affiche durablement le même visage à l'extérieur.

Pour qu'il n'y ait pas de jaloux, ManU a rappelé qu'il souffrait des mêmes maux.

L'égalisation encaissée sur corner à la fin du match alors qu'une quatrième victoire d'affilée en championnat lui semblait promise, ternit en effet une discrète mais efficace série de 10 matchs d'invincibilité toutes compétitions confondues. Secoué jusqu'à fin septembre par les approximations de Moyes, le champion en titre perd aussi l'occasion de conforter un peu plus la place de son manageur, qui a mis du temps à se glisser dans le costume de remplaçant de Ferguson.

Sans Van Persie, à quelques jours d'un match décisif à Leverkusen pour la qualification en 8e de finale de C1, ses coéquipiers avaient avant cela plutôt dominé des Gallois qu'ils n'avaient plus affrontés depuis 1975 grâce au sixième but de Rooney (15), qui aurait dû être renvoyé sept minutes plus tôt après un vilain coup de pied, et au premier d'Evra, qui avait redonné l'avantage aux siens à la pause.