Au gré du recrutement et des changements tactiques, la saison d'Andrew Wenger a pris des allures de montagnes russes. Le premier choix du repêchage de 2012 a tout d'abord campé le rôle de remplaçant avant d'amorcer quatre matchs entre le 4 et le 25 mai. Puis, avec le retour à un 4-2-3-1, l'Américain de 22 ans a carrément disparu de la feuille de match.

Parmi le top 5 de sa cuvée, seul Casey Townsend a obtenu moins de temps de jeu que Wenger qui, en 39 matchs - dont 12 titularisations - a passé 1303 minutes sur les terrains de la MLS. Au terme de la présente saison, il devrait également avoir moins joué que lors de son année recrue. Malgré ce constat, l'Impact maintient le cap: la patience reste de mise.

«On sait qu'il a de nombreuses qualités. Il frappe du pied droit et du pied gauche et il est rapide, résume le directeur sportif, Nick De Santis. [...] Je suis sûr que s'il allait avec une équipe plus jeune et sans joueur désigné en attaque, il ferait bien. Avec du temps de jeu et de la continuité, il va s'améliorer. Le club est derrière lui.»

Wenger subit le même sort que bien des jeunes attaquants dans la MLS où la préférence va aux buteurs expérimentés ou à des joueurs désignés étrangers. Il ne peut ainsi guère rivaliser avec l'expérience de Marco Di Vaio, actuellement meilleur buteur de la MLS. «C'est sûr que cela devient difficile pour lui et même pour [Daniele] Paponi», reconnaît De Santis, tout en vantant la mentalité de Wenger.

Darren Mattocks, deuxième choix du repêchage de 2012, vit la même situation à Vancouver où il est barré par Camilo et Kenny Miller. Difficile alors pour les deux hommes de s'imposer même si, dans ce contexte, il devient nécessaire de regarder et d'apprendre. Dans cette épreuve de patience, le numéro 33 montréalais peut par exemple scruter Di Vaio, reconnu pour la qualité de ses mouvements. Cela comblerait une faiblesse...

«Je ne suis pas surpris par les problèmes de Wenger à Montréal. C'est un garçon intelligent qui va s'adapter, mais il vient d'un environnement où l'apprentissage tactique était déficient, explique J.R. Eskilson, journaliste pour TopDrawerSoccer. Il n'a jamais appris les nuances qui lui auraient permis d'amener son jeu à un autre niveau. Quand les joueurs sont plus forts et plus rapides, les meilleurs attributs de Wenger s'évaporent.»

Wenger n'y échappera pas. S'il ne s'impose pas comme attaquant dans cette ligue, la question de sa polyvalence reviendra au devant de la scène. Aujourd'hui en attaque, pourrait-il changer de position? De Santis croit toujours que ses qualités sont davantage mises en valeur devant le but adverse. «Quand on l'a vu à Duke avec Jesse [Marsch], Andrew jouait beaucoup en tant que défenseur central, mais on se répétait qu'il n'était pas un arrière.»

L'ascension de Rowe

Vingt mois plus tard, il est impossible de porter un regard éclairé sur le repêchage de 2012. Par les différences de position et de contexte, les joueurs ne partent pas sur un pied d'égalité. Luis Silva est ainsi tombé à Toronto, une équipe dysfonctionnelle, avant d'être échangé à DC United. Et c'est finalement Austin Berry, neuvième choix du Fire de Chicago, qui a obtenu le titre de recrue de l'année. Dimanche, l'Impact croisera l'un des meilleurs joueurs de 2012 en Kelyn Rowe. Désormais plus constant dans ses performances, le milieu offensif a marqué cinq buts, dont quelques bijoux, et offert sept passes décisives. «À l'époque, je pensais que Wenger était le mieux équipé pour jouer immédiatement dans la MLS, mais Rowe était globalement un meilleur joueur, juge Eskilson. Wenger était capable de prendre le match à son compte à n'importe quel moment, alors que Rowe voyait le jeu à un tout autre niveau.»